Une nouveauté déjà expérimentée
L’intronisation de la Video Assistance Referee (VAR) il y a quelques années aurait dû, selon les défenseurs, l’aider dans sa tâche et tendre vers plus de justice. Il s’agit pour l’instant d’un échec, mais c’est aujourd’hui d’un micro dont l’arbitre pourrait être équipé. Puisque l’idée de rendre publics les propos de l’homme en noir fait son chemin. Cette fois, il s’agit non pas de l’aider dans sa prise de décision, mais de la rendre plus compréhensible et transparente pour le téléspectateur. La rencontre de Ligue 1 entre Saint-Étienne et l’AS Monaco (1-4) a été l’occasion pour Amazon Prime, principal diffuseur du championnat, d’équiper de micros l’arbitre de la rencontre Bastien Dechepy.
Et si ces polémiques étaient davantage le résultat d’incompréhension entre les arbitres et le spectateur que d’une erreur manifeste de l’homme en noir ? Cet outil, déjà utilisé au rugby avec le succès qu’on lui connaît, permet donc aux téléspectateurs de comprendre les interprétations de l’arbitre qui le mènent à prendre ses décisions.
Lors du match entre l’ASSE et l’ASM, l’arbitre de 37 ans explique sa décision de ne pas siffler une main dans la surface de réparation à Denis Bouanga : « Il y a main, je suis d’accord avec vous, par contre le bras il est comme ça (montre la position du bras, NDLR) et c’est complètement accidentel, il n’y a pas le geste. Le bras, il est vraiment collé au corps, c’est naturel ». Ainsi, l’argumentation qui nourrit son jugement et qu’il fournit aux joueurs est alors accessible et compréhensible par le public. Le téléspectateur a besoin d’explication émanant de l’arbitre, il est très difficile pour le public de lui faire aveuglément confiance.
Le football évolue
De la même manière que l’être humain réagit avec plus de mesure et moins de véhémence au retard de son train après avoir obtenu des explications. L’argumentation de l’arbitre permet au téléspectateur d’accepter plus facilement sa décision. La sonorisation des arbitres fait aussi ressortir leur humanité. Jusqu’alors étouffé par l’aspect « robotisé » de l’arbitrage dû à la non-communication et la distance entretenue par le corps arbitral avec les médias et le public.
Enfin, la présence de micros sur l’arbitre pousserait les joueurs et les arbitres à dialoguer de manière respectueuse. Alors qu’on sait que les noms d’oiseaux prennent souvent trop de place dans ces échanges.
La frileuse Direction Technique de l’arbitrage (DTN) présidée par Pascal Garibian ne partage cet avis qu’à moitié puisque ce dernier déclare que « les arbitres n’ont pas besoin de micros aujourd’hui pour se faire respecter ». Mais fais un pas vers « l’utilisation du micro pour plus de pédagogie, plus de transparence, pour que le gens comprennent mieux certaines décisions ». Malgré la réticence initiale de la DTN, la sonorisation des arbitres semble être la prochaine étape pour créer autour de l’arbitrage une atmosphère juste, bienveillante et reconnaissante du travail des arbitres. Avant peut-être l’ouverture des conférences de presse d’après-match au corps arbitral.