Avant le premier point du match, on savait tous que l’affiche proposait pour la finale de l’édition 2012 de l’Open d’Australie faisait saliver. Pour la 100ème finale masculine du tournoi, la Rod Laver Arena ne pouvait pas rêver mieux.
5h53 d’histoire
La finale de rêve entre le numéro 1 et numéro 2 mondial est devenue la finale la plus longue de l’histoire en Grand Chelem. Un bras de fer de 5h53, d’une intensité jamais vue. Où Novak Djokovic est venu soulever son 3ème Open d’Australie et son 5ème Grand Chelem. Après un match finit à plus de 1h37 du matin, Novak est venu célébrer sa victoire d’une façon délirante : en déchirant son t-shirt et criant dans tous les sens. Juste lunaire.
Les deux joueurs, KO technique après ce match, étaient sur les rotules pour la cérémonie. Ils ont même demandé deux chaises pour pouvoir s’asseoir… à bout de force ! Cette finale, arbitrée par le Français Pascal Maria, avait tout pour devenir légendaire. C’est la première fois de l’ère Open que deux mêmes joueurs s’affrontent en finale de trois Grand Chelem consécutifs. En 2011, le Serbe avait confirmé sa domination sur l’Espagnol en remportant leurs six combats, dont la finale à Wimbledon et l’US Open.
Djokovic a eu le dernier mot
Après avoir perdu le premier set 7-5, le numéro 1 mondial était mort de faim sur le court. Il comptait même y laisser sa peau. En revenant à l’intérieur du terrain et en ne subissant moins les lourdes frappes de Rafa, il le fait courir aux 4 coins du court. Le Serbe remporte aisément les 2 sets suivants 6-4, 6-2 jusqu’à avoir 3 balles de break dans le quatrième set (4-3, 40-0). Mais c’est sans compter sur la combativité de Nadal qu’il ne va pas céder et réaliser un comeback inimaginable.
Après être revenu à 4-4, la pluie vient interrompre quelques minutes le match. Ce qui va sûrement faire du bien à l’Espagnol pour se remettre à l’endroit et égaliser à deux manches partout. Quelques minutes plus tard et un tie-break irrespirable, Nadal met les genoux à terre comme s’il avait gagné le match. L’ambiance est folle, les spectateurs sont en furie, Djokovic ne réalise et l’adrénaline que Rafa transmet est dingue.
C’est au tour de Nadal d’avoir les devants dans la manche ultime, où il se retrouve avec un break d’avance. On pense alors savoir la finalité du match. Mais le suspense reste à son maximum. Djokovic recolle, trouve les capacités physiques et mentales pour répondre à Nadal. A 5-5, il réussit le break fatal qui va mettre à terre l’Espagnol, puis un dernier coup droit gagnant pour décrocher la couronne australienne.
Un combat physique hors du commun
Au cours des quinze dernières années, Nadal et Djokovic se sont livrés des combats inoubliables. Certains resteront dans les mémoires, d’autres moins, ceux qui ont fait le bonheur de l’un comme le malheur de l’autre, car à chaque fin de match il y a un gagnant et un perdant…
Pas un point ne pouvait départager l’un de l’autre lors de ce match. C’est la régularité dans les moments importants qui aura fait basculer ce match en faveur du Djoker.
Mais ce qui interroge le plus, c’est comment les deux joueurs ont pu résister à tant de pression mentale, psychologiques et physiques pendant près de 6h ? Comment leur corps a-t-il pu tenir ? Les joueurs sont préparés à cela, à en découdre sur chaque point et encore plus entre le maître de l’ocre et de l’indoor qui sont sûrement les deux sportifs les plus combatifs de l’histoire du sport. Deux joueurs qui sont capables de repousser leurs propres limites sur chaque match, chaque minute, chaque point et y laisser sa vie sur le terrain.
Les hommes se sont rendus coup pour coup. Ils ont fait vaciller la Rod Laver Arena. Mais ce n’était pas le premier et dernier affrontement qu’ils ont fait profiter à leurs fans. Le duel Nadal-Djokovic a dépassé les limites de tennis, du sport et du temps. Par leurs 59 affrontements, le Serbe mène avec une victoire de plus que l’Espagnol (30 victoires à 29). Leur dernier match remonte au quart de finale remporté par Nadal à Roland-Garros en 4 sets, l’année dernière.
Reverra-t-on un duel dantesque entre les deux hommes alors qu’ils se rapprochent mois après mois de la retraite ? Nadal est de plus en plus perturbé par les blessures. Mais ne compte plus ses innombrables comebacks, pendant que Djokovic domine le circuit lors de grands rendez-vous et ne laisse que des miettes à la Next Gen.
La fin d’une ère est proche pour les deux joueurs les plus impressionnants physiquement, mentalement, tennistiquement de l’ère Open. Sans oublier Roger Federer (retraité depuis 2022) et Andy Murray.
