Auditionné par une commission d’enquête de l’Assemblée nationale en charge d’identifier les défaillances de fonctionnement au sein des fédérations sportives françaises, Didier Deschamps, sélectionneur de l’Équipe de France de Football, est revenu, jeudi 2 novembre, sur plusieurs faits marquant, ayant durement impactés le football français, ces derniers mois…
Deschamps et le monde politique : une composition jamais vue auparavant
Comme à son habitude lors des conférences de presse, Didier Deschamps, accompagné de son directeur de la communication, Raphaël Raymond, a tenu des propos réfléchis et structurés tout au long de son audition. Dès le début de l’audition, le sélectionneur des Bleus a tenu à rappeler son rôle à Clairefontaine et au sein de la Fédération Française de Football (FFF) :
“Je suis amené à être fréquemment à Clairefontaine, dans un lieu bien particulier, le château, qui est complètement isolé des bâtiments administratifs. Entre les périodes de stage, mon activité de sélectionneur est essentiellement centralisée sur le suivi de mes joueurs à travers leurs matchs en club […] Je suis salarié de la FFF mais je ne suis ni quotidiennement, ni régulièrement au siège de la FFF. Je n’y viens que ponctuellement, lorsque j’ai des listes de joueurs à communiquer ou lorsque je suis sollicité par mon président.”
Le natif de Bayonne ne s’est pas exprimé sur les polémiques autour de la gestion de la fédération par Noël le Graët et Florence Hardouin, dans un environnement différent du sien, dans lequel il a, à plusieurs reprises, indiqué qu’il n’avait pas les compétences pour répondre aux questions des députés.
Deschamps et les incidents du match OM-OL :
Didier Deschamps a également été interrogé sur les récents incidents qui se sont déroulés en amont du match opposant l’Olympique de Marseille et l’Olympique Lyonnais, qui aurait dû être joué le 29 octobre dernier. Le sélectionneur des Bleus depuis 2012 a alors pointé du doigt la nécessité d’imposer des sanctions “plus lourdes” contre les auteurs de violences et de propos à caractère raciste. Au cours de l’audition, le champion du monde 1998 a déclaré : “Dans toute ma carrière, j’ai été dans de nombreux vestiaires, mais je n’ai pas été confronté dans mon activité sportive à ces comportements-là. Mais je ne vais pas vous dire qu’il n’y a pas de racisme dans le football. » Avant de poursuivre : “Je pense qu’il faut en passer par là, mais à tous les niveaux il y a des gens responsables qui doivent prendre ce type de décisions. C’est leur responsabilité”.
Deschamps et la polémique du brassard arc-en-ciel au Qatar :
Pour rappel, la FIFA avait souhaité imposer le port du brassard arc-en-ciel à l’ensemble des capitaines des sélections participant à la Coupe du Monde 2022 au Qatar, en soutien à la cause LGBTQ+ et aux droits humains. Mais le Qatar s’est montré réticent à l’idée de voir les plus grandes stars du football mondial arborer un symbole contraire à leurs “principes”. Dans un communiqué, Gianni Infantino, président de la FIFA, indiquait l’abandon du port du brassard arc-en-ciel, tout en précisant que les sélections, qui seraient amenées à arborer ce brassard sur le terrain, feraient l’objet de sanctions. Cette décision a alors provoqué de vives critiques dans le monde du football et au-delà, seules trois sélections ont ainsi porté le brassard arc-en-ciel sur les pelouses qataries : l’Allemagne, le Danemark et l’Angleterre. Pour éviter toute sanction, les Bleus s’étaient refusés à porter le brassard multicolore.
Devant les députés, Deschamps a estimé que les sélections participantes ont été “abandonnées” en déclarant : “Nous avons été abandonnés avant cette Coupe du monde parce que la responsabilité appartient aux instances, et donc c’était la libre décision des uns et des autres.”Il a également justifié le choix de l’équipe de France en assurant suivre à la lettre les consignes de la FIFA : “On est sur les décisions de la FIFA, il y a un cahier des charges, vous devez suivre les recommandations de la FIFA.”
Une audition nécessaire ?
L’audition de Didier Deschamps menée ce jeudi 2 novembre, dans les couloirs du Palais Bourbon, n’est que la continuité d’une série d’auditions de figures du monde sportif tricolore sur les incidents pouvant intervenir dans toutes les disciplines. Le même jour, Florian Grill, président de la Fédération française de rugby (FFR) était lui aussi l’invité des députés. Noël Le Graët, ancien président de la FFF, sera à son tour entendu le 7 novembre prochain.
Mais l’audition du sélectionneur français a essuyé de nombreuses critiques. Notamment sur les différents sujets abordés, dont l’affaire Benzema jugée comme “dénué de sens” par de nombreux fans de football sur les réseaux sociaux. Mais ce sont les déclarations de Mme Béatrice Bellamy, députée Horizons et présidente de la commission d’enquête, qui ont retenu l’attention : “J’espère que vous garderez un bon souvenir de cette commission d’enquête. Si c’est le cas, n’hésitez pas à inviter toutes les personnes présentes au prochain match de l’équipe de France. On se fera un plaisir de venir vous rejoindre, et ce sera un grand plaisir de vous accompagner sur un prochain match”.
Si cette demande peut prêter à sourire, elle n’a pas été du goût des médias, se moquant ouvertement et accusant la député “de ne pas manquer de toupet” en voulant “gratter” des places en vue du match France-Gibraltar, qui se déroulera au Stade de France, le 18 novembre prochain. Face à cette demande inattendue, Didier Deschamps s’est targué d’un humoristique “Ah ça, il faut voir avec mon président”.