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Deux expositions singulières à ne pas rater à la MEP

La MEP héberge jusqu’au 21 août 2022, deux expositions singulières à ne pas rater sur le thème de l’amour (avec un grand A).

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"The Ballad of Sexual Dependency" - Nan Golding
"The Ballad of Sexual Dependency" - Nan Golding

La tromperie sous le prisme de Karla Hiraldo Voleau

Le premier étage de l’établissement, baptisé le « studio », expose le travail de la photographe franco-dominicaine Karla Hiraldo Voleau, intitulé « Another love story ».

Il s’agit de la première exposition solo de l’artiste en France, qui retrace les derniers mois de sa propre relation amoureuse avec son ancien petit ami, avant qu’elle ne découvre la double vie de ce dernier.

Pour ce faire, elle a embauché un modèle présentant une ressemblance troublante avec son ex-compagnon, et reproduit à l’identique les clichés réalisés dans le cadre intime de leur couple.

Chaque photo est répartie dans un plus grand cadre, un pour chaque mois de la relation. À côté de chaque cadre : une série de messages échangés entre la photographe et « l’autre femme », illustrant le moment où les deux se sont rendu compte de l’ampleur du mensonge dans lequel elles vivaient. 

Love Songs : l’amour sous toutes les coutures

Deuxième proposition de la Maison, bien plus dense : l’exposition collective « Love Songs » qui regroupe pas moins de 14 séries de clichés, divisée en deux parties distinctes.

La première « Face A » présente des œuvres datant des années 1950 et allant jusqu’aux années 2000.

Les photographies d’Alix Cléo Roubaud, de Larry Clark, de Nan Golding se succèdent dans un agréable enchevêtrement pour laisser place aux clichés de René Groebli avec « The eye of love » et Emmet Gowin avec « Edith », qui mettent tous les deux à l’honneur leur bien-aimée à travers différents portraits intimes.

Mention spéciale au travail émouvant de Nobuyoshi Araki qui présente non pas une mais deux séries de photos. La première « Sentimental Journey » revient sur son mariage et sa nuit de noce avec sa femme Aoki Yōko qu’il épouse en 1971. Ces clichés feront d’ailleurs par la suite l’objet de différentes mesures de police entre 1988 et 1993, le Japon accusant la représentation des organes génitaux et des poils pubiens d’obscènes. Pourtant, ces œuvres controversées ont contribué à faire évoluer la loi du pays vers une tolérance plus grande des autorités vis-à-vis des productions artistiques. La seconde, « Winter Journey » relate la mort de Yōko en 1990, qui succombe d’un cancer de l’utérus. Ce drame personnel confère à son travail une certaine noirceur.

“Winter Journey” – Nobuyoshi Araki : photographie de Yōko dans son cercueil

Autre réalisation marquante : celle de Nan Golding dans « The Ballad of Sexual Dependency ». Documentant sa jeunesse et celle de son entourage, marquée par la fête, la drogue, ou encore le sexe, l’artiste va même jusqu’à inverser les rôles en posant face à l’objectif. Sans censure, sans tabou, elle se photographie après avoir été battue par son petit ami de l’époque, Brian, échappant de peu à la perte de son œil. Elle met ainsi une image sur l’amour toxique, que sa relation de 23 ans avec Brian illustre brillamment : entre amour fou, violence et dépendance affective.

“The Ballad of Sexual Dependency” – Nan Golding : portrait de Nan Golding après avoir été battue par Brian
“The Ballad of Sexual Dependency” – Nan Golding : cliché de deux de ses amis en train de s’embrasser

Dernière série de la Face A : l’« Amour tabou », par Hervé Guibert. Il immortalise en 1982 Thierry Jouno, l’un de ses premiers amants rencontrés à l’aube de sa vingtaine, et avec qui il partage son quotidien depuis déjà huit ans. Sur cette série d’images baptisées Le fiancé, Hervé Guibert renverse la tradition hétérosexuelle et religieuse du voile blanc en mettant en scène un désir encore tabou : celui d’un homme pour un autre homme.  

“Le fiancé” – Hervé Guibert : Thierry Jouno posant pour son compagnon, recouvert d’un voile blanc

La Face B, elle, se concentre sur une période allant des années 2000 à aujourd’hui. Nous avons le droit à des photos laissant apparaître des couples amoureux, notamment dans « Foreign Affair » présentée par Margot Wallard et son conjoint JH Engstrom, ou encore avec « Personnal letters » que l’on doit à la photographe japonaise Inri et son compagnon chinois Rong Rong.

Puis prennent place les ensembles de Sally Man « Proud Flesh » et de Collier Schorr « Angel Z » qui photographient toutes les deux les corps de leur partenaire, tandis que Lin Zhipeng immortalise la sexualité de la jeunesse dans la Chine d’aujourd’hui.

Leigh Ledare se démarque avec son projet des plus singuliers qu’il présente sous le nom de « Double Bind ». Il s’isole plusieurs semaines dans un bungalow avec son ex-femme afin de mettre des images sur leur relation désormais platonique. Puis quelques mois plus tard, il demande à cette dernière de revenir au même endroit avec son nouveau mari, qui la photographie à des spots identiques. À chaque cliché du photographe s’oppose celui du nouvel amant de son ex-femme : l’amour passé se confronte mélancoliquement à la romance présente.

“Double Bind” – Leigh Ledare

Finalement, l’exposition se clôture sur la série « Mama Love » réalisée par Hideka Tonomura. Et s’il est fréquent pour un photographe d’immortaliser son compagnon, il est beaucoup moins d’immortaliser sa mère, d’autant plus quand il s’agit d’une liaison extra-conjugale.

Oui, vous avez bien lu : l’artiste s’est immiscée dans la relation de sa mère avec son amant. Pour cette dernière, l’infidélité fut sa seule porte de sortie d’une relation toxique avec un mari violent. En retrouvant l’amour, elle a retrouvé sa liberté de femme. À la limite du dérangeant, ces clichés osés retranscrivent les émotions de sa mère : puissante, pleine d’amour, et furieusement elle-même. Pour se concentrer sur l’expression de cette période inédite et salvatrice dans sa vie de femme, Hideka Tonomura décide d’obscurcir le corps de son amant à la chambre noire pour n’en faire plus qu’une ombre menaçante. Inidentifiable, la silhouette devient alors celle de l’être ténébreux qui plongea sa mère dans le péché autant qu’il lui permit de retrouver sa vie de femme.

“Mama Love” – Hideka Tonomura

Pour couronner le tout, la team MEP a concocté pour l’occasion une playlist de « love songs » à écouter tout en parcourant l’exposition, pour être transporté !

« Another love story » et « Love songs » sont deux expositions comme vous n’en avez jamais vu ! Et, vu la diversité des clichés présentés, elles s’adressent à un public très large. Alors, on se rue au musée avant le 21 août pour ne pas rater cet évènement incontournable !  

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