Les déserts médicaux concernent une commune sur trois
Longtemps minimisés par les gouvernements successifs, les déserts médicaux sont une réalité qui s’impose à chacun.e d’entre nous. D’année en année, un nombre croissant de médecins partent à la retraite, sans être remplacé.es dans de nombreuses parties du territoire français.
Selon ce rapport sénatorial, environ 6 à 8 millions de français.es vivent dans un désert médical. L’écart de densité entre départements est également conséquent : de 1 à 3 pour les médecins généralistes, il peut aller jusqu’à 1 à 8 pour les médecins spécialistes. Cette répartition inefficiente des soins sur l’ensemble du pays entraîne un surcoût annuel de 1 à 5 milliards d’euros.
Les communes rurales ne sont par ailleurs pas les seules concernées par les lacunes dans l’offre de soins. En effet, la Seine Saint-Denis est, depuis plusieurs années, le premier désert médical de France ; 92,8% du département est considéré comme un désert médical avancé. Il y a 49,8 généralistes pour 100.000 habitants dans ce département, contre 83,5 au niveau national. De plus, un quart des Séquano-Dionysiens est sans médecin traitant. L’offre de soins psychiatriques et aux personnes en situation de handicap est en outre jugée très critique, tout comme le taux de places en EHPAD, qui est le plus faible de la région parisienne.
Quelles solutions pour pallier l’absence de l’offre de soins ?
Pour augmenter le nombre de médecins sur l’ensemble du territoire français, une mesure a été adoptée en 2020 : la suppression du numerus clausus. Mis en place en 1971, il était conçu pour limiter le nombre de places disponibles en deuxième année d’études médicales. L’un des objectifs était de réduire les dépenses de santé en limitant le nombre de médecins.
Les incitations financières ont, elles aussi, été essayées pour certains départements dans lesquels les médecins ne sont que très rarement remplacés. Afin de résoudre cette équation entre médecins qui partent à la retraite et non-remplacements, les gouvernements successifs ont pour la plupart privilégié l’incitation financière. Ce dispositif confère des aides à l’installation pour pousser les médecins exerçant en libéral à aller dans les endroits qui en ont le plus besoin.
Ce dispositif n’a toutefois pas été efficace malgré un large coût, selon ce rapport de la Cour des comptes ; en 2015, 87 millions d’euros ont été attribués aux professionnels de santé libéraux par l’assurance maladie et l’État (en plus des aides ponctuelles délivrées par des collectivités en recherche de médecins). La Cour des comptes, dans ce même rapport, a livré la conclusion suivante : le dispositif d’incitation financière est coûteux et inefficace.
Une autre solution, moins populaire certes, serait le conventionnement sélectif, autrement dit, une alternative à la liberté d’installation. Cette mesure est imposée aux infirmières et infirmiers libéraux depuis 2009, ce qui permet aux personnes malades, ou aux personnes âgées venant de petites communes d’avoir du personnel médical qui continue de leur rendre visite. Le principe est le suivant : pour pouvoir exercer leur profession, et être remboursé par la sécurité sociale, les médecins doivent s’installer dans des zones où ils ne sont pas déjà trop nombreux.
Le député socialiste Guillaume Garrot a déposé en 2023 un amendement sur le conventionnement sélectif, conçu par un groupe de députés transpartisan. Soutenu par plusieurs groupes, dont l’intégralité de la gauche et certains de droite, cet amendement avait dans la foulée été rejeté avec les voix de l’ex-majorité présidentielle et du Rassemblement National.