« C’est peut-être plus un adieu qu’un retour ». En larmes, Juan Martín del Potro a annoncé lors d’une conférence de presse qu’il pourrait mettre un terme à sa carrière à Buenos Aires. La « tour de Tandil », c’est son surnom, était absente des courts de tennis depuis 2019. Entre coups d’éclats et blessures à répétition, retour sur le parcours de ce joueur si particulier.
Un palmarès honorable
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la carrière de Del Potro force le respect. En 17 ans de carrière professionnelle, l’Argentin a remporté 22 titres en simple. Son coup d’éclat le plus célèbre est sa victoire à l’US Open en 2009. À seulement 20 ans, il avait terrassé Rafael Nadal en demi-finales puis Roger Federer en finale pour s’adjuger le tournoi américain. Un exploit d’autant plut remarquable qu’il a été pendant 9 ans le seul joueur à avoir remporté un tournoi du Grand Chelem en dehors du Big Four (Nadal, Federer, Djokovic, Murray).
Il a également contribué à la victoire de l’équipe d’Argentine lors de la Coupe Davis de 2016. En finale, il a renversé le favori Marin Cilic en 5 sets. Il a ainsi ouvert la voie à la victoire de son pays dans cette compétition qui a aujourd’hui disparu. Autre fait marquant : sa médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Rio. Déjà médaillé de bronze à Londres en 2012, le joueur argentin a réalisé un parcours inattendu. Au 1er tour il avait éliminé Novak Djokovic, alors numéro 1 mondial, puis avait battu Rafael Nadal en demi-finales, avant de s’incliner en finale contre Andy Murray.
Si la carrière de Del Potro est honorable, c’est également parce qu’elle s’inscrit à une époque où le tennis a été (et est toujours) dominé par 4 joueurs : Nadal, Federer, Djokovic et Murray. Du haut de ses 1m98, le géant argentin avait un jeu spécifique qui posait problème à chacun de ses adversaires. Ses lourdes frappes en coup droit, qu’il assénait tel des coups de massue, lui permettaient de faire céder les joueurs les plus coriaces. En témoignent par exemple ses 7 victoires contre Roger Federer.
Mais une carrière brisée par les blessures
Ce qui fait la (triste) célébrité de Del Potro, ce sont aussi ses nombreuses blessures. Dès 2010, à peine quelques mois après son triomphe à l’US Open, il doit quitter les terrains de tennis à cause d’une blessure au poignet droit. Si son opération est une réussite, l’Argentin peine à retrouver son niveau de 2009. En 2014, il doit de nouveau mettre sa carrière entre parenthèses à cause de ses douleurs au poignet. Après une nouvelle opération, il revient à la compétition en 2016 et retrouve le chemin du succès.
Mais Del Potro est ensuite tombé de Charybde en Scylla. Après le poignet, c’est le genou qui l’a empêché de jouer. Blessé à la rotule droite lors du tournoi de Shanghai en 2018, il a dû arrêter de nouveau la compétition. Ces dernières années, le colosse argentin a alors alterné entre opérations du genou et promesses de retour. Il est notamment pris en charge par le docteur Roland Biedert, qui avait soigné les genoux de Roger Federer et de Stanislas Wawrinka.
L’histoire de « Delpo » est semblable à une tragédie : vu comme l’homme qui pouvait mettre fin à la domination du Big Four, son corps l’a souvent trahi et empêché de donner le meilleur de lui-même. Ses nombreux « come-backs » et sa persévérance ont été salués pendant 12 ans par l’ensemble du monde sportif. Cependant, à 33 ans et retombé au 757ème rang mondial, la tour de Tandil semble vouloir mettre fin à cet éternel recommencement.
Dernier round à Buenos Aires ?
« La première fois l’Histoire se répète comme tragédie, la seconde fois comme farce » écrivait Karl Marx. Del Potro, lui, a vraisemblablement décidé de mettre fin à la « farce ». De retour à la compétition, une énième fois, l’Argentin a sous-entendu que cela serait probablement son dernier baroud d’honneur. Dans une conférence de presse, il a déclaré que son genou lui faisait toujours « vivre un cauchemar ». Il est alors probable qu’il prenne sa retraite à l’issue du tournoi de Buenos Aires.
Pour ce qui pourrait être son dernier match de tennis officiel, Del Potro affrontera son compatriote Federico Delbonis (41ème). Ironie du sort ou beauté de l’histoire ? C’est ensemble que les deux joueurs avaient remporté la Coupe Davis en 2016. Delbonis avait apporté le 3ème point à l’Argentine lors du match décisif. Terminer dans la capitale argentine, devant son public, face à son ami, cela serait une belle manière de faire ses adieux. À moins que Del Potro ne trouve de nouvelles ressources pour surmonter la douleur et poursuivre encore un peu l’aventure…