Un manga pensé par un humain mais dessiné par une IA
Situé dans un monde futuriste, Cyberpunk: Peach John raconte l’histoire d’un jeune orphelin, inconscient, recueilli par les dirigeants d’un strip-club de Neo Okayama ; alors qu’il souffre d’amnésie, des données secrètes lui sont confiées.
Publié aux éditions Shinchosha, il se différencie en tout point des mangas classiques. Outre ses illustrations en couleur qui, dans la tradition sont en noir et blanc, ont été réalisées par le programme Midjourney permettant de générer des images d’IA avec de simples mots clés et des descriptions textuelles. Pour son personnage principal, le créateur recherchait un « garçon asiatique » aux « cheveux roses » et portant un « blouson ». Avec ces trois éléments descriptifs et en quelques minutes, cette intelligence artificielle a proposé un panel d’illustrations suivant des styles différents et dont les visages se différenciaient les uns des autres. Le créateur n’a eu qu’à sélectionner les images les plus représentatives de son héros et de l’univers, avant de les agencer sur des planches. Son créateur, connu sous le pseudonyme de Rootport, est conscient de l’aspect novateur que son œuvre constitue et justifie son choix par son absence de talent en dessin. En seulement six semaines, ce manga d’une centaine de pages a pu être créé ; contre près d’un an pour un mangaka confirmé. Pour lui, cette réalisation « était un cheminement amusant, un peu comme jouer au loto ».
Une IA au service de la création artistique ?
Entre fascination et inquiétude, ce projet remet en question l’avenir du manga traditionnel et divise parmi les professionnels. Monsieur Satoshi Kurihara, professeur à l’université Keio à Tokyo se dit inquiet quant à l’avenir des mangakas qui pourraient voir leur assistant remplacé par une IA. En effet, il n’est pas incertain que l’assistant d’un mangaka soit un jour remplacé. De plus en plus de dessinateurs se servent de cet outil pour trouver de l’inspiration, se laisser guider par des recommandations textuelles et graphiques ou encore de visualiser concrètement la mise en forme de leur manga. C’est ce qu’affirme la mangaka Madoka Kobayashi puisque l’IA lui permet de mieux visualiser ses idées et qu’elle la considère comme un « excellent compagnon ». Quant à Rootport, il estime tout de même que l’intelligence artificielle est un appui pour l’artiste qui demeure maître de sa propre histoire.
L’usage de l’IA dans ce domaine signera-t-il la fin du travail des mangakas ? Pouvons-nous espérer une IA au service de ce métier offrant de nouvelles perspectives d’imagination et de réalisations ?