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“CS en route vers les JO” – À quatre mois  des Jeux Olympiques, l’athlétisme français est-il prêt ?

Deux médailles, c’est le bilan plutôt faible de l’équipe de France d’athlétisme après les championnats du monde en salle, organisés à Glasgow début mars. Les épreuves d’athlétisme des Jeux olympiques de Paris auront lieu du 1er au 11 août. A quoi peut-on s’attendre ?

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La piste d’athlétisme violette du Stade de France accueillera les épreuves d’athlétisme cet été. ©Paris 2024
La piste d’athlétisme violette du Stade de France accueillera les épreuves d’athlétisme cet été. ©Paris 2024

Glasgow, dimanche 3 mars 2024, 22 heures. L’équipe de France d’athlétisme quitte l’Emirates Arena de Glasgow la queue entre les jambes, deux médailles à son cou. Un score maigre qui lui vaut la dix-huitième place au tableau des médailles. 

Les hurdlers sauvent la mise et évitent le zéro pointé, Cyréna Samba-Mayela et Just Kwaou-Mathey, les deux spécialistes du 60 mètres haies, se parent respectivement de l’argent et du bronze.  Ces réussites s’expliquent par un changement de routine d’entraînement. Just Kwaou-Mathey, alias “JKM”, a en effet quitté le Creps de Poitiers cet automne pour rejoindre celui de Créteil. De son côté, Cyréna Samba-Mayela a choisi les Etats-Unis pour s’entraîner, un choix payant, mais qui peut démontrer l’infériorité des infrastructures françaises. 

Les résultats français sont d’autant plus douloureux lorsqu’on les compare à ceux d’autres pays européens, notamment la Belgique. Deuxièmes du tableau des médailles avec quatre titres et une médaille d’argent, nos chers voisins signent un bilan historique.

Que peut-on espérer à domicile en août prochain ? 

Si les deux médailles amassées lors de ces mondiaux peuvent paraître rassurantes, il ne faut pas se réjouir tout de suite. Just Kwaou-Mathey et Cyréna Samba-Mayela, médaillés cette fois, le seront-ils toujours aux JO ? Difficile de l’affirmer quand on sait que cinq finalistes olympiques manquaient à l’appel de la finale du 60m haies masculin de ces mondiaux. “JKM” est donc plutôt un outsider, qu’il reste bon de surveiller. Cyréna Samba-Mayela, elle, est une candidate plus crédible à une récompense olympique, en témoigne son titre mondial en 2022.

Les doutes quant au potentiel de performances françaises aux JO ne datent pas d’hier. Dès juillet 2023, à la suite des mondiaux (en extérieur cette fois), Romain Barras, directeur de la haute performance à la Fédération, s’inquiétait en déclarant : “On ne fera pas plus de 10 médailles”. Les olympiades approchent à grand pas et les estimations de médailles en athlétisme tombent parfois à cinq, voire trois.  

Parmi nos meilleures chances, le décathlonien Kevin Mayer. Cependant, le Montpelliérain n’est pas parvenu à terminer son décathlon de qualification à San Diego le 22 mars dernier. Il devra lutter contre les blessures pour espérer performer sur les Jeux Olympiques, la reine des compétitions qui lui a toujours fait défaut. Après trois participations dont un titre olympique, Renaud Lavillenie n’est pas rassasié et s’attaque à ses quatrième JO. Six mois après son opération des ischios-jambiers, le Clermontois a repris le saut à la perche et espère se qualifier pour Paris. Jimmy Gressier, récent recordman d’Europe sur 10km route (27’07) est aussi un espoir de médaille. Il vise le doublé, sur le 5000m et 10 000m.

La lumière au bout du tunnel reste l’émulation procurée par le public français à domicile. Un “supplément d’âme” selon les dires de Romain Barras, qui pourrait permettre l’exploit. L’athlétisme français se rappelle effectivement des mondiaux de 2003 organisés à Paris, où il avait remporté la troisième place au classement des nations. Huit médailles dont trois titres : le meilleur résultat de l’histoire de la sélection aux mondiaux.

Qu’a-t-il manqué à la fédération française d’athlétisme pour se préparer au mieux ?

Pourquoi ne pas prendre exemple sur la Belgique ? Alors que 24 athlètes noir-jaune-rouge étaient engagés aux mondiaux à Glasgow, seulement 13 français y prenaient part. La fédération française a pour coutume, depuis quelques années, d’envoyer seulement les “finalistes potentiels”. La Belgique, elle, préfère élargir ses horizons et offrir une opportunité à de nouveaux athlètes sur un championnat mondial. Moins d’élitisme pour plus de performance ? On notera par ailleurs l’importante différence de moyen entre les deux fédérations. La fédération belge parvient décidément à faire mieux avec moins. 

L’autre argument souvent mis en avant pour expliquer le déclin français dans le sport olympique numéro 1 est celui du “trou générationnel”. En effet, la fédération déplore l’absence de succession d’une génération dorée, désormais trentenaire, dont les têtes d’affiche sont Renaud Lavillenie, Mélina Robert-Michon ou encore Renelle Lamote. Véritable coup du sort ou manque d’investissement sur les athlètes qui feront l’avenir du sport ? 

La fédération se veut rassurante et assure capitaliser sur la jeunesse : Sasha Zoya, Jeff Erius, Erwan Konaté… Ils ne seront probablement pas encore affûtés pour une médaille olympique cette année, mais les regards se tournent vers 2028 et 2032. Il y a deux ans déjà, Romain Barras déclarait : “C’est dès aujourd’hui que nous posons les jalons de ce que nous allons récolter à Los Angeles et Brisbane.”

D’ici cet été, le rêve olympique persiste malgré tout. Les championnats d’Europe organisés à Rome du 7 au 12 juin serviront de répétition générale. On dit que l’espoir fait vivre, en espérant qu’il soit aussi porteur de médailles.

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