Après s’être relancée et rassurée face à une équipe namibienne complètement dépassée par la vitesse d’exécution de son adversaire, la Nouvelle-Zélande a continué sa montée en puissance contre la Squadra Azzurra. Elle s’est imposée sur le score fleuve de 96 à 17 en dominant dans tous les secteurs de jeu le collectif Italien, vendredi 29 septembre au Stadium de Toulouse. Cette rencontre a également sonné le retour sur le terrain de Jordie Barrett, touché à un genou en match de préparation contre l’Afrique du Sud. Plutôt discret, il a pu retrouver le plaisir d’évoluer aux côtés de ses deux frères, Beauden et Scott. De quoi continuer à écrire les lignes d’une saga familiale hors-norme.
Le sport dans les gènes
C’est au sein de la ferme laitière familiale, dans la province de Taranaki sur l’île Nord de la Nouvelle-Zélande, que cette folle épopée a commencé. Celle de Beauden, Scott et Jordie, trois frères unis par l’amour du rugby. Aux côtés de leurs trois sœurs et deux autres frères, ils font leurs premières armes. L’arrière-cours de la maison devient alors le théâtre de matchs impromptus, durant lesquels les trois frères perfectionnent leurs techniques. Tout est alors prétexte à la compétition et tourne autour du ballon ovale. Une véritable passion familiale, celle d’un pays tout entier vibrant au rythme des exploits All Blacks. « Nous avions une pelouse éclairée. Nous étions toujours là-bas en train de donner un coup de pied », s’est remémoré Beauden Barrett, pour l’Agence France-Presse.
Au-delà, d’avoir grandi dans le pays de l’ovalie, cette enfance placée sous le signe du rugby et du dépassement de soi, peut s’expliquer par un environnement familial propice à la pratique sportive. En effet, leur mère Robyn est une ancienne joueuse de Basket-ball et Netball, discipline très pratiquée par les nations du Commonwealth, tandis que leur père a fait carrière dans le monde du ballon ovale. Joueur professionnel, le troisième ligne a joué la Air New Zealand Cup avec le club de Taranaki avant de disputer la première édition du Super Rugby, sous les couleurs des Hurricanes de Wellington. Dans sa lignée, Kane, l’aîné de ses enfants, réalise une carrière de premier plan en évoluant pour la formation des Blues d’Auckland. Toutefois, le rêve s’écroule lorsqu’en 2014, il doit mettre un terme à sa carrière à la suite d’une grave commotion cérébrale.
Une vie en Blacks
Cela a ensuite été au tour de Beauden Barrett de reprendre le flambeau. En juin 2012, il réalise le rêve d’une vie en prenant sa première cape sous le mythique maillot à la fougère argentée. Il devient alors le premier des siens à réaliser cet exploit. D’abord utilisé comme doublure de Dan Carter, il marque les esprits en inscrivant un essai en finale de la Coupe du monde 2015, après être entré au cours de la partie. Puis, c’est en juin 2016, à l’occasion d’une tournée au Pays de Galles que le jeune prodige devient un titulaire indiscutable au sein du collectif néo-zélandais. Durant celle-ci, il brille par sa technique au pied et balle en main, ainsi que par sa vision hors-norme du jeu. Tout simplement impressionnant. La même année, sûrement la plus belle de sa carrière, il remporte le premier titre de l’histoire des Hurricanes et est sacré meilleur joueur du monde. Une véritable consécration qu’il conserve l’année suivante.
De son côté, Jordie Barrett découvre l’équipe nationale en novembre 2016 sous le statut « d’apprenti ». Il est le second joueur à recevoir cet honneur après Ardie Savea, en 2013. Il lui faudra ensuite attendre le 16 juin 2017, pour connaître sa première cape sous les couleurs des All Blacks. Sur le banc, il est entré à la 62ème minute et a participé à la victoire des siens face aux Samoa. Quant au cadet de la famille, Scott Barrett, il connait sa première titularisation internationale le 5 novembre 2016, contre l’Irlande. Un an plus tard, il conquiert son premier Super Rugby avec les Crusaders, aux côtés de son capitaine en équipe nationale, Sam Whitelock.
Écrire l’histoire au collectif
Mais l’histoire ne s’arrête pas là pour cette fratrie au formidable destin. En effet, le 8 juillet 2017 est une date qui restera à jamais gravée dans la mémoire de Beauden, Jordie et Scott. Celle, où pour la première fois de leurs immenses carrières, ils ont évolué, en même temps sur le terrain, sous le maillot néo-zélandais. « Je n’aurais jamais cru qu’on serait tous là », admettait Scott à World Rugby. Avant de poursuivre : « Quand on jouait en étant enfants, on faisait des scénarios du genre « il a le titre de champion du monde au bout du pied ». On s’inventait des histoires comme ça. On en riait, mais maintenant, on en serait plutôt à se pincer pour croire que tout cela est bien vrai ».
Et le rêve n’est pas près de prendre fin. Effectivement, ils sont encore un peu plus entrés dans la légende du sport néo-zélandais lors de leur match de préparation à la Coupe du monde 2023, face à l’Afrique du Sud. Avec cette rencontre, ils sont ainsi devenus les trois premiers frères de l’histoire à atteindre les 50 sélections chacun, sous le maillot All Blacks. Une véritable prouesse et une belle histoire comme seul le rugby est capable de nous offrir. En France, ils espèrent écrire une nouvelle page de leur histoire en remportant le titre suprême et en inscrivant leur nom sur le toit du monde. Ensemble.