Un contexte d’urgence climatique sans précédent
Les récents rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ont peint un tableau alarmant. En effet, la planète pourrait atteindre, ou dépasser, les +2,4 °C d’ici 2100 si les émissions de gaz à effet de serre continuent à croître. L’année 2023 a enregistré des niveaux record d’émissions mondiales, reflétant l’échec collectif des politiques climatiques actuelles. Les catastrophes climatiques, comme les inondations dévastatrices au Pakistan et les incendies géants en Californie, aggravent les inégalités mondiales et fragilisent la coopération internationale.
Cette COP s’est tenue dans un climat de tensions géopolitiques croissantes. Les pays en développement, majoritairement situés dans le Sud global, subissent de plein fouet les impacts du changement climatique alors qu’ils n’en sont que très peu responsables. Ils réclament justice climatique et davantage de financements. En parallèle, les grandes puissances comme les États-Unis, la Chine et l’Union européenne, peinent à concilier leurs responsabilités historiques avec leurs intérêts économiques actuels.
Actualisation des contributions déterminées au niveau national : un test politique majeur
Un des enjeux centraux de la COP29 concerne l’actualisation des Contributions déterminées au niveau national (CDN), prévue pour 2025. Ces plans climat définissent les engagements de chaque pays pour réduire leurs émissions et atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Actuellement, les CDN placent la planète sur une trajectoire de réchauffement de +2,4 °C, bien au-delà de la limite de +1,5 °C.
Les discussions ont révélé de profondes divergences entre pays développés et émergents. Les nations du Sud, comme l’Inde et le Brésil, demandent que les nouvelles CDN respectent le principe de responsabilités communes mais différenciées. Elles insistent pour que les grandes puissances historiques assument une part plus importante des efforts climatiques, en raison de leurs émissions cumulées et de leurs capacités financières. De leur côté, les pays industrialisés prônent des engagements universels plus contraignants et une surveillance accrue.
Un consensus s’est toutefois dégagé autour de la nécessité d’inclure des objectifs intermédiaires précis dans les CDN. Ces objectifs visent à accélérer la réduction de l’utilisation du charbon, à tripler les capacités mondiales en énergies renouvelables d’ici 2030, et à aligner les actions court terme sur les objectifs long terme.
Le financement climatique : une source de tensions persistantes
Le financement climatique a, une fois encore, été au cœur des débats. Depuis 2009, les pays développés avaient promis de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour aider les pays les plus vulnérables à s’adapter aux impacts climatiques et financer leur transition énergétique. Or, cet objectif n’a jamais été pleinement atteint, minant la confiance des pays en développement envers les promesses internationales.
Pour répondre à cet échec, la COP29 a introduit un nouvel objectif de financement climatique pour l’après-2025, visant à mobiliser des sommes bien plus importantes, à hauteur de plusieurs milliers de milliards de dollars par an d’ici 2030. Parallèlement, le fonds pour pertes et dommages, instauré à la COP28, a été renforcé. Ce mécanisme a pour but de dédommager les pays touchés par des catastrophes climatiques irréversibles. Cependant, son financement reste un défi majeur, les pays donateurs hésitent à s’engager sur des montants précis.
Marchés du carbone et transition énergétique : entre solutions et controverses
Les marchés carbone, présentés comme des leviers pour réduire les émissions via des mécanismes de compensation, ont suscité des débats intenses. Les pays en développement ont dénoncé les abus de ces mécanismes, utilisés par certains gouvernements et entreprises pour éviter de réduire leurs émissions domestiques. Pour y remédier, la COP29 a adopté de nouvelles normes internationales visant à garantir l’intégrité des crédits carbone et à limiter les pratiques de greenwashing.
La transition énergétique a également occupé une place centrale dans les discussions. Les énergies renouvelables, comme l’éolien et le solaire, sont désormais compétitives, mais leur adoption reste entravée par des obstacles économiques et politiques. Certains pays, notamment en Asie, redoutent que des restrictions trop strictes sur les combustibles fossiles aggravent leurs difficultés économiques. Par ailleurs, des désaccords persistent sur le rôle du nucléaire : solution incontournable pour certains, notamment la France, mais jugée risquée et coûteuse par d’autres, comme l’Allemagne.
Des tensions géopolitiques, mais des signaux d’espoir
Les négociations ont été marquées par des tensions entre les grandes puissances, notamment les États-Unis et la Chine, dont les relations tendues ont compliqué les discussions sur des initiatives conjointes. En revanche, des alliances stratégiques, comme le G77+Chine, ont renforcé la voix des pays du Sud global.
Malgré ces tensions, la société civile a joué un rôle croissant lors de la COP29. Des milliers de militants, de scientifiques et d’acteurs non étatiques ont fait entendre leurs voix, exigeant des actions concrètes et immédiates. Des entreprises et des collectivités locales ont également pris des engagements pour réduire leurs émissions et investir dans des solutions durables, montrant que le changement peut venir d’ailleurs que des gouvernements.
Un cap fixé vers la COP30
Alors que la COP29 s’achève, tous les regards se tournent vers la COP30, prévue au Brésil en 2025. Cette conférence sera cruciale pour évaluer les nouveaux engagements et mettre en œuvre les mécanismes adoptés à Bakou. Les défis sont immenses, et le temps presse pour traduire les promesses en actions concrètes.
La COP29 a donc marqué une étape importante dans la lutte contre le changement climatique, posant les bases d’une coopération internationale accrue et intégrant des solutions concrètes aux défis environnementaux, économiques et sociaux. Cependant, les engagements pris restent insuffisants pour maintenir le réchauffement en dessous de +1,5 °C. Seules des actions immédiates, ambitieuses et coordonnées permettront de répondre à l’urgence climatique mondiale.