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COP28 : un accord inédit mais lacunaire

Après de nombreuses discussions, le 13 décembre à Dubaï, les pays du monde entier participants à la COP28 ont approuvé un texte appelant à abandonner progressivement les énergies fossiles.

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Le 13 décembre à Dubaï, les 194 pays présents à la COP28 ont validé un texte les engageant à « une sortie progressive des énergies fossiles » d’ici 2050.
Le 13 décembre à Dubaï, les 194 pays présents à la COP28 ont validé un texte les engageant à « une sortie progressive des énergies fossiles » d’ici 2050.

Après deux semaines de négociations et deux nuits blanches, le coup de marteau du président émirati Sultan Al Jaber marque mercredi 13 décembre à Dubaï la fin de la COP28. A son issue, les énergies fossiles, à savoir le charbon, le pétrole et le gaz, sont pour la première fois pointées du doigt. Le texte validé par les 194 pays présents les engage vers « une sortie progressive des énergies fossiles » d’ici 2050. 

Accord historique ou arrangement insatisfaisant ? 

Mettre d’accord tous les Etats n’est pas un jeu d’enfant. Le texte laisse donc assez d’ambiguïtés dans les formulations pour que chacun y trouve son compte. Pour sortir des énergies fossiles et atteindre la neutralité carbone préconisée par les scientifiques depuis des années, le texte appelle notamment à tripler la production des énergies renouvelables d’ici 2030. 

Il suggère également d’accélérer les technologies « zéro et bas carbone » dont le nucléaire, l’hydrogène bas carbone ou encore le captage et le stockage du carbone. Ces solutions proposées sont loin de faire l’unanimité. Le réseau Action Climat France juge « inquiétantes » les mentions à « des technologies non-matures, coûteuses et potentiellement dangereuses à long-terme. »

Effectivement, les technologies de captage et stockage du carbone constituent souvent la ligne de défense des pays producteurs de pétrole pour continuer de pomper des hydrocarbures. « En résumé, si les énergies fossiles sont mentionnées dans cette décision, elles sont aussi dispensées de tout objectif daté, précis et contraignant d’arrêt de leur consommation et de leur production, grâce à un vocabulaire qui n’oblige aucun Etat à rien », commente sur X Arnaud Gossement, avocat en droit de l’environnement.

Des réactions ambivalentes

Ainsi, si certains tentent de se réjouir de cet accord envoyant un message au monde entier, d’autres soulignent l’absence d’un vocabulaire réellement contraignant. 

François Gemenne, politologue et membre du GIEC interrogé par plusieurs médias, explique : « C’est toute la difficulté de la coopération internationale. Il faut mettre d’accord 194 pays qui partent de lignes de départ complètement différentes, qui ont des points de vue opposés, qui n’ont pas les mêmes niveaux de développement économique ou les mêmes régimes politiques. »

De nombreux représentants et ONG jugent donc que ce texte reste un compromis imparfait. La nécessité de renoncer aux énergies fossiles n’est pas stipulée explicitement. « En utilisant le terme « transition away », traduisible par « transition hors des énergies fossiles », le Bilan mondial ne propose qu’un changement progressif et non une transformation. Le signal est là mais il est encore faible », estime le réseau Action Climat France. De nombreux Etats insulaires affectés par la montée des eaux ont aussi communiqué leur déception et restent inquiets quant à leur avenir. 

Un fonds positif mais encore trop maigre

Autre sujet important de cette COP : le fonds « pertes et dommages ». Destiné à soutenir les Nations les plus vulnérables, notamment du Sud, dans la réparation des dommages liés au changement climatique, il a été abordé dès le début de la conférence. La mise en place de ce fonds concrétise le principal résultat de la COP27 en Egypte, où son principe avait été validé sans être vraiment bien défini. 

C’est un pas positif pour apaiser les tensions financières entre les pays du Nord et du Sud. Cette victoire pour les pays les moins avancés reste tout de même en demi-teinte. Les besoins estimés s’expriment en milliards de dollars mais ce fonds ne sera doté que de 800 millions de dollars environ. « On ne sera pas tranquilles tant que ce fonds ne sera pas financé convenablement et qu’il ne commencera pas à alléger le fardeau des communautés vulnérables », réagit l’Alliance des petits Etats insulaires (AOSIS). 

Cette COP28 propose des avancées prometteuses mais il reste à savoir si elles seront suffisantes face à l’urgence des problématiques environnementales actuelles.

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