Le 24 mars, lors des sommets du G7, de l’OTAN et de l’Union Européenne, les dirigeants participants ont fait état de la menace d’une crise alimentaire majeure. La terrible crise alimentaire qui se dessine pourrait menacer une cinquantaine de pays. L’Afrique du Nord, l’Asie mais aussi le Proche-Orient sont particulièrement menacés au vu de leur forte dépendance vis à vis de l’Ukraine et la Russie. L’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a exprimé ses « vives inquiétudes » quant aux conséquences de la guerre en Ukraine.
Les céréales : un nouvel enjeu de la guerre en Ukraine
Les céréales constituent les aliments de base pour beaucoup de populations comme c’est le cas en Afrique ou en Asie, deux continents très dépendants de la Russie et de l’Ukraine pour leur approvisionnement. Et pour cause, la Russie est le premier exportateur de blé au monde et l’Ukraine est le cinquième. Ces deux pays que l’on surnomme les « greniers de céréales » pèsent conjointement 30% des exportations de blé au monde.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, le cours du blé a connu une flambée. La hausse du prix de cette céréale a atteint un niveau historique juste après l’invasion du pays. En comparaison, il a deux ans la tonne de blé était à 120 euros, au 9 mars 2022 le cours atteignait 403,5 euros. Cette hausse intervient dans un contexte de fragilisations des échanges liées à la crise sanitaire. Le marché est, en effet, tendu en raison de navires bloqués en mer Noire mais également a cause de certains pays qui s’empressent de faire des stocks.
Si l’approvisionnement en blé est source d’inquiétude, les importations des autres céréales suscitent aussi des craintes. L’Ukraine est un pays qui exporte également du maïs, de l’orge et de l’huile de tournesol. La France est dépendante en partie de cette terre fertile tout comme l’Europe qui importe 45% de sa consommation de maïs d’Ukraine.
L’ONU accuse la Russie d’avoir provoqué une crise mondiale alimentaire mondiale
Le 29 mars 2022 devant le Conseil de sécurité de l’ONU, la Russie a été accusée d’avoir provoqué une « crise alimentaire mondiale ». Selon les Nations Unies, elle pourrait même être à l’origine d’une famine. Wendy Sherman, diplomate américaine, a affirmé que seul Vladimir Poutine « peut l’arrêter ».
Vassily Nebenzia, le représentant de la Fédération de Russie aux Nations Unies, a pour sa part affirmé que les véritables raisons de la crise alimentaire qui se profile résident dans « l’hystérie incontrôlée des sanctions lancées par l’Occident contre Moscou ».
Face à cette crise à l’échelle européenne, la Commission européenne a pris le mercredi 23 mars des mesures d’urgences. Parmi celle-ci, la commission permet, notamment, la culture des jachères déclarées en surfaces d’intérêts écologique. La FNSEA, syndicat agricole, a salué la rapidité avec laquelle la Commission a agi pour permettre de limiter l’impact de la crise sur les agriculteurs français.
Quels risques pour la France ?
Si pour l’instant, les Français sentent le poids de la guerre lors du passage à la pompe à essence, Julien Denormandie a rappelé « que l’invasion de l’Ukraine par la Russie aura, a des impacts importants sur l’agriculture et les filières agroalimentaires françaises ». Le ministre a toutefois précisé qu’ « il n’y a pas de risque de pénurie en France” car ” notre agriculture et nos filières agroalimentaires sont fortes et souveraines ».
Le ministre affirme, en outre, que « la crise a des impacts immédiats et importants sur les filières agricoles françaises à l’amont comme à l’aval ». Ce qui pose réellement un problème aux agriculteurs est l’augmentation du coût de l’alimentation animale. Le plan de résilience économique et sociale présenté par Jean Castex dispose d’un volet agricole qui vise à « sécuriser nos producteurs, nos transformateurs ainsi que notre production agricole et alimentaire dès 2022 ».