Le monde évolue, et avec lui, le football. La technologie prend de plus en plus de place et les instances réfléchissent en parallèle à de nouvelles règles pour modifier le jeu. Ces changements soulèvent des interrogations et divisent les différents acteurs. Faut-il tout contrôler au risque de ne plus laisser le droit à l’erreur ? Faut-il absolument modifier les règles actuelles ? Ne risque-t-on pas simplement de déplacer les problèmes en introduisant de nouvelles mesures ? Tant de questions auxquelles il est difficile de répondre avec certitude.
« Réduire les comportements inappropriés » avec le carton bleu
Et si, comme au rugby, l’exclusion temporaire devenait possible ? C’est en tout cas l’idée qui se cache derrière le carton bleu. L’International football association board (IFAB), instance chargée de faire évoluer les règles du jeu du football, aimerait tester ce nouveau carton lors de compétitions officielles dès la saison prochaine. Concrètement, cela signifie que des joueurs pourront être exclus pendant dix minutes, lors d’un match, en cas de problèmes de comportement ou de fautes d’antijeu. « C’est assez intéressant. En termes de pénalité, mettre un joueur dehors pendant 10 minutes, c’est très impactant. En plus, ça arrive toujours à des moments tendus dans le match, quand les équipes ont besoin d’être à onze [joueurs]. C’est une vraie sanction qui pourrait aider à réduire certains comportements inappropriés », explique Thibault Grimard, un arbitre amateur dont le nom a été modifié pour préserver son anonymat.
Le carton bleu a déjà fait ses preuves sous sa forme blanche depuis plusieurs années dans la moitié des ligues de football française au niveau amateur. Chez les professionnels, l’arrivée de la couleur bleue dans la poche des arbitres pourrait être ralentie par la FIFA. Son président, Gianni Infantino, s’est formellement opposé à l’idée le 2 mars dernier : « Il n’y aura pas de carton bleu au niveau de l’élite du football. C’est un sujet qui n’existe pas pour nous. Si vous voulez un titre, c’est « le carton rouge au carton bleu ». »
La sonorisation pour faciliter la compréhension de l’arbitrage
Si la démocratisation du carton bleu n’est pas au goût de la FIFA, il en est moins pour la sonorisation des arbitres. L’instance dirigeante, qui avait émis plusieurs refus auparavant, a finalement autorisé le football français, et d’autres pays, à expérimenter la sonorisation partielle des arbitres. « Notre objectif est de pouvoir tester ce dispositif de sonorisation partielle dès la fin de cette saison. On aimerait qu’il soit mis en place pour la finale de la coupe de France féminine, les play-offs de la D1 Arkéma et la finale de la coupe de France masculine, si les conditions technologiques sont réunies », avait détaillé en février Antony Gautier, le patron des arbitres en France.
La sonorisation sera utilisée, dans un premier temps, uniquement pour expliquer les décisions liées à une intervention de la VAR. Une bonne chose selon Thibault Grimard : « Une grande majorité des suiveurs de foot sont perdus avec l’arbitrage, il faut donc faire un pas pour montrer comment fonctionne l’arbitrage. »
« C’est une forme de transparence aussi que l’on doit aux fans, au public, aux diffuseurs aussi », a estimé de son côté Eric Borghini, Président de la Commission Fédérale de l’Arbitrage. Cette saison, la Ligue a déjà équipé des arbitres lors de certains matchs avant de diffuser les images et les échanges sur les réseaux sociaux. Un dispositif qui a rencontré un franc succès auprès des fans.
Un contrôle technologique qui pose des problèmes
Avec l’arrivée de la sonorisation et la présence de la VAR depuis 2018, les arbitres professionnels de Ligue 1 sont constamment contrôlés par la technologie, mais aussi par les autres acteurs du football. Cette nouvelle manière de fonctionner amène le public à exiger de l’arbitrage un niveau de perfection très élevé. « La technologie permet de réduire les erreurs. Mais la conséquence est l’augmentation de l’exigence du public. La question devient : à quoi sert la VAR ? A ce que les arbitres soient parfaits ou à corriger seulement les grosses erreurs ? L’assistance vidéo permet de corriger des erreurs donc les gens s’attendent à ce qu’il y en ait encore moins pour viser la perfection », explique Thibault Grimard.
Par effet boule de neige, ce phénomène se développe également en amateur alors que dans ces divisions, les arbitres ne bénéficient d’aucune assistance technologique. « Les niveaux d’exigence montent en professionnel et cela a des conséquences sur ce qu’il se passe en amateur. Depuis que la VAR est utilisée, les gens sont beaucoup plus exigeants en District et en Ligue. Les coachs attendent des arbitres qu’ils soient parfaits », déplore l’arbitre amateur. Si la technologie se montre efficace en Ligue 1, elle ne facilite pas le travail des arbitres dans les niveaux inférieurs. Un effet à double tranchant qui pose toujours problème.
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