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Chine : la colère contre la politique « zéro Covid » attisée par un incendie dans une ville ouïghoure

Il y a un mois, le 24 novembre dernier, un incendie à Urumqi, la capitale du Xinjiang, a fait dix morts, de quoi attiser la colère de nombre de Chinois. En effet, beaucoup dénoncent les mesures anti-Covid prises par le gouvernement, qui auraient alors ralenti les secours et la prise en charge des victimes. Suite à ce drame, s'en est suivie une vague de manifestations dans tout le pays.

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Hommage des victimes de l’incendie à Urumqi, dans le Xinjiang le 27 novembre dernier. © Stringer/Anadolu Agency via Getty Images
Qui sont les Ouïghours ?

Les Ouïghours, une ethnie musulmane sunnite, sont minoritaires en Chine mais majoritaires dans la province du Xinjiang, située au Nord-ouest du pays.

« Je suis certain que le gouvernement chinois a laissé mes proches mourir. »

Après l’incendie qui a fait de nombreuses victimes ouïghours, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes chinoises. Les manifestants estiment que la politique zéro Covid a empêché l’intervention rapide des secours. Témoignage d’un réfugié qui a perdu des proches dans l’incendie.

Abdul Hafiz Maimaiti Min, 27 ans, est dévasté. Il a perdu plusieurs membres de sa famille dans l’incendie qui a détruit un bâtiment résidentiel jeudi dernier à Ouroumtsi, une métropole de 4 millions d’habitants située dans la province ouïghoure du Xinjiang, au Nord-Ouest de la Chine. Le réfugié, qui vit depuis quatorze mois dans le canton de Zurich, est en colère contre le gouvernement chinois. Et il n’est visiblement pas le seul. Dans l’Empire du Milieu, ce sont des milliers de personnes qui descendent dans les rues pour protester contre la politique autoritaire zéro Covid, responsable du nombre élevé de victimes, selon les manifestants. Les autorités chinoises ont annoncé le décès de dix personnes. Les Ouïghours évoquent plutôt 44 victimes.

Des habitants enfermés ?

Il a appris la mort de ses proches dans l’incendie via une connaissance. Cette dernière lui a livré sa version de la tragédie. Jeudi dernier, un incendie s’est déclaré pour une raison inconnue au 15e étage de la tour haute de 21 étages. Les flammes se sont rapidement propagées aux étages supérieurs.

Les proches d’Al Abdul hafiz Maimaiti Min vivaient au 19e étage. Comme beaucoup d’autres victimes, ils n’ont pas réussi à échapper au feu. Au nom de la politique zéro Covid, les autorités chinoises auraient bloqué la ville il y a une centaine de jours avec des barrières. Des grilles auraient été installées devant l’entrée des cages d’escalier et devant les portes afin d’empêcher quiconque de quitter sa résidence. Des appels désespérés des habitants de l’immeuble retentissaient : «Ouvrez les portes, nous ne pouvons plus respirer.»

Les secours ont-ils délibérément hésité ?

Certains estiment que l’intervention des secours a été entravée par les barrières du gouvernement. « C’est un mensonge! », s’exclame Abdul Hafiz Maimaiti Min. « À quelques centaines de mètres seulement du quartier, il y a la police, les pompiers, l’armée et un hôpital. Je suis convaincu qu’ils ont délibérément retardé le sauvetage, car l’immeuble entier est exclusivement habité par des Ouïghours.»

Depuis l’extinction de l’incendie, les corps de sa tante ainsi qu’un de ses enfants ont été retrouvés dans les décombres. Les trois autres sont toujours portés disparus. Un autre fils se trouvait hors de la maison lors du feu, dans un hall où des centaines de personnes sont en quarantaine.

La réponse de l’autorité chinoise

À ce propos, la Chine a reproché ce lundi à des « forces aux motivations cachées » d’avoir établi un lien entre les restrictions sanitaires et l’incendie. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijiang, a ainsi estimé que « sur les réseaux sociaux, il y a des forces aux motivations cachées qui établissent un lien entre cet incendie et la réponse locale au Covid-19 ».

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