Les destinations touristiques d’Angleterre ne comprennent que rarement de longues plages sur lesquelles se prélasser au soleil. Située au sud du pays, en bordure de la Manche, Brighton fait figure d’exception. À une heure de Londres, la ville côtière attire chaque année plus de 8 millions de touristes. La Brighton Pier (jetée célèbre) ou le Royal Pavilion y sont les lieux les plus prisés. Mais en ce début d’année 2023, la plus grande attraction de la ville se trouve en banlieue. Le Falmer Stadium, stade où évolue Brighton & Hove Albion FC, est le théâtre de l’un des plus beaux jeux de Premier League.
Renouvellement compliqué…
En réalité, les fans Anglais n’ont pas eu à attendre la récente victoire de Brighton sur Liverpool (3-0) pour faire la découverte du club du Sussex. Avec Graham Potter sur le banc depuis mai 2019, Brighton marque les esprits depuis deux saisons en Premier League. Le jeu de possession prôné par le tacticien Anglais se démarque des équipes stéréotypées concourant pour le maintien, souvent peu inspirées balle au pied. En 2021/2022, le club s’offre une 9e place, le meilleur classement de son histoire en PL. Encore sur de bonnes bases en début de saison, le coach doit cependant faire ses valises pour le grand bain, en remplaçant Thomas Tuchel à Chelsea.
Fort de ses expériences réussies à Sassuolo puis au Shakhtar Donetsk, Roberto De Zerbi est vite désigné comme successeur. Avec lui, exit la défense à 3 de Potter, et retour à un 4-2-3-1, qui compte encore plus sur la possession. L’Italien cherche absolument à ressortir le ballon au sol, quitte à prendre beaucoup de risques. En statistiques, Brighton réalise 130 passes de plus par match que sous Potter, et culmine à la 3e place de PL en possession de ballon. Les débuts sont pourtant difficiles. Deux nuls et trois défaites sur les cinq premiers matchs, et une chute au classement. Pourtant, la remontée que sont en train d’effectuer les hommes de De Zerbi ne doit rien au hasard.
… mais payant
Si les cinq premières rencontres ne se soldent par aucune victoire, elles sont déjà un premier échantillon du jeu de De Zerbi. Les Seagulls font un match nul 3-3 à Anfield, et vont même remporter la bataille de la possession chez le City de Pep Guardiola (malgré la défaite 3-1). Problème : l’efficacité. Après le nul à Liverpool, Brighton frappe 62 fois en 4 matchs, pour un seul but. La situation se débloque fin novembre, face à Chelsea (4-1), puis à Wolverhampton (2-3). La défaite à domicile contre Aston Villa freine un élan coupé dans tous les cas par la Coupe du Monde au Qatar.
Depuis la victoire argentine au Mondial, Brighton semble désormais irrésistible. Le jeu au sol semble toujours plus rodé, et l’enthousiasme des joueurs est palpable. Les hommes de De Zerbi plantent 17 buts en 5 matchs, Brighton devient la 4e attaque du championnat et prend la 7e place. Le rôle du technicien Italien est omniprésent. Mais l’effectif sur lequel il s’appuie semble être rentré dans une autre dimension depuis janvier.
Le retour fracassant des internationaux
Fin décembre, de nombreux joueurs clés étaient attendus pour leur retour du Mondial : les équatoriens Pervis Estupiniàn et Moisés Caicedo, l’ailier japonais Kaoru Mitoma et le champion du monde Alexis Mac Allister. Tous ont semblé être sur orbite dès la reprise des matchs en club. Sur le couloir gauche, Estupiniàn appuie offensivement Mitoma, insaisissable dans les dribbles et les appels en profondeur. Dans le 4-2-3-1 de De Zerbi, le double pivot Caicedo – Mac Allister fait des grandes différences au milieu de terrain. Forts dans l’intensité et à la récupération, ils sont capables de se projeter pour porter le danger plus haut. Tous courtisés par différentes écuries du championnat, il est difficile d’affirmer leur présence au Falmer Stadium l’année prochaine. Mais pour le moment, ces titulaires devraient tous passer la fin de la saison au bord de la Manche.
Épaulés par des habitués du championnat Anglais, comme Adam Lallana ou Danny Welbeck, des jeunes ont aussi pu exploser depuis septembre. Prêté par Chelsea, le défenseur central Levi Colwill, 19 ans, s’affirme déjà comme un défenseur dominant en Premier League. Doté d’une bonne lecture du jeu, il est surtout performant à la relance. Durant cette phase, il est le premier attaquant de De Zerbi : relances courtes, montées balle au pied ou longues passes qui cassent les lignes, Colwill est très complet. En attaque, le jeune Irlandais Evan Ferguson (18 ans) semble déjà avoir sécurisé sa place en pointe. Depuis sa première titularisation en PL le 26 décembre, il a inscrit 3 buts et délivré 2 passes en 4 matchs. L’absence du meilleur buteur du club, Leandro Trossard (en froid avec le coach), n’impacte pas la dynamique de l’équipe.
Une deuxième partie de saison excitante
Samedi dernier, contre Liverpool, les onze titulaires alignés par Roberto De Zerbi avaient coûté pour un total d’environ 37 millions aux dirigeants du club. Une misère, pour les gros du championnat. Guidé tour à tour par deux coachs aux grandes ambitions tactiques et au management intelligent, Brighton & Hove Albion ne fait plus figure de petit poucet dans le haut de tableau. Le jeu spectaculaire prôné par tout le club rend les matchs attractifs, et donne de l’espoir aux supporters. À la mi-saison, Brighton est à 3 points des premières places européennes.
Car bien qu’en janvier, nous venons tout juste d’atteindre la 18e journée de championnat. Dans la course effrénée à l’Europe, Liverpool et Chelsea semblent déjà loin, et devront cravacher pour refaire leur retard. Cette première partie de tableau, équilibrée, pourrait arranger Brighton. Mais les joueurs devront tenir le rythme, avec un banc moins profond que la plupart de ses concurrents.
Derrière la bataille pour le titre, l’équipe à suivre dans cette deuxième partie de saison est incontestablement Brighton. Avec deux matchs abordables dans les prochaines semaines (Leicester et Bournemouth), les Seagulls doivent enchaîner. Avant d’affronter les prétendants à l’Europe, et de rêver d’une première qualification pour l’histoire du club.