« BookTok » ? C’est quoi ?
Principalement diffusées sur TikTok et Instagram, ces courtes séquences ciblent les jeunes, qui s’identifient aux recommandations des booktokeurs de leur génération. Certains ouvrages, portés par cette communauté, sont devenus de véritables phénomènes de librairie : It Ends with Us de Colleen Hoover (4 millions d’exemplaires vendus) ou Les sept maris d’Evelyn Hugo de Taylor Jenkins Reid (2 millions d’exemplaires). Face à cette tendance, éditeurs et libraires ont flairé l’opportunité en mettant en avant des étiquettes comme “vu sur TikTok” et en consacrant des espaces dédiés dans les rayons.
Un renouveau de la littérature
BookTok ne se limite pas à booster les ventes. Cette tendance redéfinit les codes de la littérature et de la critique littéraire. La diversité y occupe une place centrale, avec une mise en lumière accrue d’auteurs et de personnages LGBTQ+ ou issus de minorités. Les thématiques abordées touchent souvent à des problématiques sociétales, telles que le racisme ou le sexisme. Contrairement aux critiques professionnels, les booktokeurs privilégient une approche émotionnelle : ils parlent de leur ressentis face à un livre, quand les experts littéraires adoptent une analyse plus distanciée. Cette différence s’explique également par l’écart générationnel entre les deux publics : BookTok attire des lecteurs plus jeunes, tandis que les magazines littéraires s’adressent généralement à un public plus âgé.
Juste une tendance ?
Les recommandations sur BookTok mêlent nouveautés et classiques intemporels. On y trouve des romans « young adult », souvent romantiques ou fantastiques, mais aussi des œuvres de Jane Austen ou The Secret History de Donna Tartt. Ces vidéos contribuent à raviver l’intérêt pour des ouvrages parfois oubliés, tout en rendant la lecture accessible à des personnes peu enclines à ouvrir un livre. En somme, BookTok fonctionne comme un immense club de lecture mondial, où des internautes partagent des coups de cœur de tous genres et époques.
Une communauté qui ne fait pas l’unanimité
Cependant, cette communauté n’échappe pas aux critiques. Certains dénoncent la qualité inégale des œuvres mises en avant, privilégiant parfois des intrigues captivantes au détriment du style littéraire. Le genre de la “dark romance” est particulièrement pointé du doigt pour sa tendance à romantiser des relations toxiques. Par exemple, Captive de Sarah Rivens, où l’héroïne développe des sentiments pour son ravisseur malgré sa violence, suscite des inquiétudes, notamment chez les jeunes lecteurs.
En conclusion
Bien que ces critiques soient fondées pour certains cas, elles ne devraient pas occulter les bienfaits de BookTok. Ce mouvement encourage la lecture et promeut une plus grande diversité littéraire. Au lieu de se focaliser sur ses défauts, mieux vaut apprécier son rôle dans la démocratisation de la lecture et sa capacité à rassembler des passionnés autour d’histoires variées.