Allier formation d’ingénieures pour les femmes illettrées et transition énergétique dans les zones rurales, c’est la mission de l’ONG indienne Barefoot College International (BCI).
Le but de cette organisation créée en 1972, est de trouver des solutions aux problèmes fondamentaux de la qualité de la vie en milieu rural. Entre eau propre, énergie renouvelable, services d’éducation et soins de santé, l’ONG agit depuis plus de 50 ans pour autonomiser les communautés rurales. Fondée par le formateur indien, disciple d’un ami de Gandhi, Bunker Roy, l’organisation trouve son siège à Tilonia dans l’état du Rajasthan, en Inde. Barefoot College International remplis 14 Objectifs de développement durable des Nations Unies sur les 17 énoncés.
L’année 2024 s’est concentrée sur son programme solaire, qui a déjà bénéficié à plus de 2,5 millions de personnes, qui ont désormais accès à la lumière.
Le programme solaire : donner du pouvoir aux femmes rurales
« Barefoot College International fonctionne avec les communautés, à travers les communautés et pour les communautés que nous soutenons ». L’ONG mise sur les femmes en brisant les barrières entre les sexes et en leur donnant l’éducation et les opportunités qu’elles méritent. Vivant dans des villages isolés, elles ne reçoivent pas d’enseignement leur permettant de s’élever dans la société.
En participant au programme solaire, ces femmes deviennent des « Solar mamas ».
Chacune est formée en tant qu’ingénieure solaire pour construire, installer et entretenir des systèmes d’éclairage solaire domestique. Cela apporte de l’énergie propre et renouvelable aux communautés rurales. Une « Solar mama » contribue à électrifier une moyenne de 50 maisons dans sa communauté.
Le modèle s’exporte à travers le Monde. En mars 2024, 10 femmes issues de l’État du Somaliland, dans la Corne de l’Afrique, ont été sélectionnées pour participer à 3 mois de formation du Barefoot College International à Zanzibar. En 2022, 19 « Solar mamas » sénégalaises sont sorties « diplômées » de la formation et œuvrent dans leur communauté pour électrifier les maisons, dont 952 en ont déjà bénéficié. En Inde, en septembre 2024, 30 femmes de l’État indien de Manipur ont débuté une formation de 3 mois au campus de Tilonia, dans l’état du Rajasthan.
Au-delà de l’apport énergétique domestique, la lumière permet aux écoles de fonctionner lorsque le soleil est couché. Ayant constaté une faible fréquentation scolaire dû au travail domestique, des écoles de nuit ont donc été créés en Inde, grâce à l’électricité produite sur place. Il existe aujourd’hui 250 écoles dispersées dans 10 états indiens. Cela a permis à 100 000 enfants non scolarisés de combler le fossé entre leur âge et leur niveau d’apprentissage sans les éloigner de leur travail agricole. Cette bonne initiative n’a cependant pas relevé le problème du travail des jeunes enfants… mais les communautés ont un fonctionnement qui leur est propre.
Ainsi, grâce à l’énergie solaire, les villages tendent à l’autosuffisance. Dans un pays qui étouffe, particulièrement dans la capitale, New Delhi, qui reste la ville la plus polluée au monde, c’est une avancée.
2024 : une année de récompenses pour le BCI
Le Barefoot College International reçoit de multiples distinctions et se fait connaître à travers le monde.
En 2023, un documentaire intitulé « La Lumière des Femmes », a été réalisé par Arte. Il présente l’histoire des Solar Mamas au Sénégal. Des difficultés à quitter pour quelques semaines leur village natal et leur famille jusqu’à l’impact de leur formation auprès de leur communauté, le rôle du Barefoot College International est dépeint avec force. En 2024, ce documentaire a été récompensé à l’échelle internationale. Il a remporté entre autres, le prix du meilleur documentaire du Cinequest Film festival en Californie et le grand prix aux Deauville Green Awards.
L’année 2024 marque aussi une distinction pour BIC dans le monde de l’énergie. Lors du 26e congrès de l’énergie qui s’est déroulé en avril 2024 aux Pays-Bas, l’ONG a reçu le « prix de l’énergie humanisante » (Humanizing Energy Award). Le congrès centré sur la « refonte de l’énergie pour les gens et la planète », reconnaît donc l’impact mondial du Barefoot College international. Le prix récompense l’organisation pour avoir réalisé « des millions de petites étapes dans la réalisation de transitions énergétiques plus rapides, plus équitables et plus importantes ».
Ce congrès est éminemment politique, en vue du prix Global Energy Transition Impact Award décerné au Sultan Ahmed Al-Jaber, président de la COP28, pour la réalisation d’un accord historique de la COP28, le consensus des Émirats arabes unis. Malgré cela, le CBI en tire une grande visibilité, qui permettra au plus grand nombre de femmes dans le monde, de devenir actrices de la transformation énergétique.