Banksy, star du street art, mystérieux et impressionnant, est le roi de la provoc’. Cet artiste urbain utilise des pochoirs pour peindre sur les murs de Londres, ses œuvres engagées mêlant souvent poésie, humour et politique.
Banksy, pseudonyme d’une identité toujours secrète, est apparemment originaire du Royaume-Uni. Il est le sujet de nombreuses théories plus extravagantes les unes que les autres et attise encore aujourd’hui la curiosité du public. Il a passé sa vie à échapper aux médias et à conserver sa discrétion, c’est ce mode de fonctionnement que l’artiste affectionne tout particulièrement. Le mystère autour de son identité est tel que beaucoup se sont déjà demandé si derrière ce pseudonyme “Banksy” ne se cachait qu’un seul homme, ou plusieurs… Chacune de ses créations ont pour but d’interpeller les citoyens sur des sujets profonds tels que la condition humaine, le capitalisme effréné, la société de consommation, les revers du monde de l’art, le tout avec une bonne dose d’humour et de second degré. Banksy donne un coup de pied dans la fourmilière artistique contemporaine, assurant à ses pairs qu’il ne sert à rien de trop se prendre au sérieux…Il envoie ses messages de solidarité et d’espoir sous différentes formes : pochoirs, peintures, sculptures, détournements d’objets urbains ou d’œuvres classiques, installations, etc.
Ce défenseur de la liberté veut ébranler, choquer, et provoquer réflexions et émotions dans tous les esprits qui rencontrent son art. Il produit et exprime à travers ses créations ce qu’énormément de personnes pensent tout bas, il est un messager qui manie son street art de façon libre et unique.
BANKSY, ENTRE SCANDALE ET COUP DE GÉNIE
Il y a fort à parier que cette image ne soit pas complètement étrangère au grand public. En effet, “Girl with Balloon” (ou La petite fille au ballon) est sans aucun doute l’œuvre la plus connue de l’artiste.
Réalisée au pochoir en 2002, elle se trouve originellement sur un mur du pont de Waterloo, dans le quartier de South Bank, à Londres. Juste à côté, on peut lire un message : “There is always hope” (Il y a toujours de l’espoir”). Maintenant, faisons un bond dans le temps. Nous sommes en 2018 et une reproduction sur toile de ce pochoir vient d’être mise aux enchères et vendue pour la modique somme de 1,75 million de $. Seulement, quelques secondes après le coup de marteau qui scelle l’achat de l’heureux propriétaire, un bruit de moteur résonne dans la salle et tous les regards se tournent vers la petite fille. Impuissants, les spectateurs ébahis assistent en direct à l’autodestruction du dessin, glissant de son cadre en fines lamelles. Fort heureusement, l’œuvre ne s’est que partiellement détruite. Ce geste significatif vient de Banksy lui-même, et par lequel il dénonce les excès d’argent dans le monde de l’art. C’est lui qui lui donne son nouveau nom : “Love is in the Bin”. Ironiquement, ce coup de génie a donné une plus grande valeur à l’œuvre. Elle sera revendue une seconde fois tel quel en 2021 pour…31,3 millions de $.
En 2015, Banksy ouvre les portes de son propre parc d’attractions temporaire, Dismaland, à proximité de la station balnéaire de Weston-super-Mare, sur le site d’une ancienne zone de loisirs. Sombre parodie de Disneyland, il s’agit là d’une exposition gigantesque qui réunit des œuvres de l’artiste avec la collaboration d’une cinquantaine d’autres.
Le site est décrit par Banksy comme “un parc à thème familial inadapté aux enfants”. En plus d’être composé de plusieurs attractions typiques des parcs à thèmes et tout à fait banales comme la pêche aux canards, le carrousel ou encore les personnages du monde de Disney, on y retrouve aussi, entre quelques manèges, des traces de sang, des serials killers ou encore des scènes de morts. Le cynisme et les critiques sont partout dans cette œuvre participative, pointant par la même occasion notre société de consommation.
« La nouvelle attraction britannique la plus décevante » (le slogan du parc) fermera cinq semaines après son ouverture. Plus de 150.000 personnes auraient visité le parc avant que les derniers morceaux de construction du bois de celui-ci ne soient envoyés à Calais pour être réutilisés dans la construction d’abris pour les réfugiés, une dernière volonté de Banksy.
En 2004 a eu lieu l’annuel carnaval de Notting Hill, et tout se serait déroulé comme d’habitude si Banksy n’avait pas décidé de venir y ajouter son petit grain de sel. Et celui-ci frappe fort, en effet, il aura préalablement imprimé de faux billets de 10 livres en remplaçant le visage de la défunte Reine Elisabeth II par celui de Lady D et en y ajoutant la mention : “Banksy of England” au lieu de “Bank of England” qu’il dispersera pendant le carnaval.
Certains de ces billets sont aujourd’hui considérés comme des œuvres d’art à part entière.
Avec ce geste symbolique, l’artiste voulait en réalité montrer l’absurdité du marché de l’art. Il dira d’ailleurs lui-même dans une de ses rares interviews accordées au journal Village Voice : “(…) le succès commercial est tout simplement un signe d’échec pour un artiste de graffiti. Nous ne sommes pas censés être acceptés en ce sens. Quand on voit la façon dont la société récompense beaucoup de gens qui ne le méritent pas, il est difficile de ne pas voir la récompense financière comme un signe d’une certaine médiocrité et égoïsme”.
Tout se déroule à New York en 2013. Dans le cadre de sa nouvelle exposition “Better out than in” (ou Mieux vaut dehors que dedans), Banksy installe incognito un stand éphémère sur le trottoir de Central Park pour y vendre certaines de ses tirages à 60 $ pièce. Mais les passants ne semblent pas être vraiment friands de ces toiles ou même d’en saisir la portée, si bien que la somme totale récoltée à la fin de la journée n’est que de 420 $ pour 7 œuvres vendues, alors qu’elles sont estimées à…160.000 $ l’unité.
BANKSY, EN EXPOSITION PROCHAINEMENT !
Banksy est aujourd’hui l’un des plus grands artistes du mouvement street art contemporain du XXIᵉ siècle, mais aussi l’un de ses plus grands mystères. Il n’est ni fondateur ni précurseur du mouvement, mais ses véritables coups de maître et sa discrétion légendaire l’ont rendu célèbre… malgré lui. Agitant les curiosités depuis les années 1990 avec des œuvres résolument provocatrices, le roi de la provoc’ souhaite leur donner le reflet d’un profond engagement sociétal et politique. Ses œuvres rayonnent partout et on se les arrache !
Vous pourrez retrouver “La Banksy Modeste Collection” du 20 avril au 5 mai à Toulouse, puis du 11 au 26 mai à Noisy-le-Sec. Plus de 200 œuvres, objets, installations à découvrir sur l’artiste ! L’occasion d’en apprendre davantage sur cet avant-gardiste qui inspira le monde entier, une exposition exceptionnelle et gratuite à ne pas manquer !