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Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

Arabie Saoudite : une révolution culturelle en marche

Pour Jack Lang, président de l’Institut du Monde Arabe (IMA) à Paris depuis 2013 : “L'Arabie saoudite est devenue un acteur incontournable de la scène culturelle internationale, marquant une révolution culturelle impressionnante et dynamique.” En effet, un vent nouveau semble souffler sur ce riche pays du Golfe depuis quelques années maintenant, celui d’un projet pour l’avenir : Vision 2030.

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Vision 2030

De son nom complet : “Saudi Vision 2030”, ce projet vise en réalité à faire sortir le pays de sa rente pétrolière historique (les nombreux spécialistes climatiques mondiaux ayant tiré la sonnette d’alarme sur la surconsommation et l’amenuisement, à terme, des sols en ressources fossiles, donc non renouvelables). L’Arabie Saoudite cherche désormais à diversifier son économie par différents moyens, dont, évidemment, le monde culturel. Ce projet est porté sans surprise par le prince actuel et Premier Ministre : Mohammed Ben Salmane dit MBS

Dans le cadre de ce vaste et conséquent projet, le pays à décidé de célébrer le 87ème anniversaire de la création de celui-ci par de multiples concerts et spectacles grandioses. Pour la première fois, les femmes furent autorisées à pénétrer dans l’enceinte du stade international du Roi-Fahd à Riyad, où se déroulaient les festivités. Cela est indéniablement signe d’une volonté d’évolution des mentalités et coutumes saoudiennes. 

Toujours dans le secteur du divertissement, en décembre 2019, le festival de musique MDL Beast s’est tenu à Riyad. Il a attiré près de 200.000 visiteurs sur trois jours et a accueilli des grands noms de la musique tels que David Guetta, Afrojack, J. Balvin, R3hab ou encore le groupe de K-pop Monsta X. 

L’Arabie saoudite et le monde du cinéma 

La création du Festival international du film de la mer Rouge (ou Red Sea International Film Festival) témoigne lui-aussi d’une volonté de modernité, d’attraction et d’exemplarité. Ce festival permet avant-tout au Royaume de renforcer ces liens avec le reste du monde. En effet, grâce à la quantité d’argent investis et, là encore, de la volonté de dévoiler un nouveau visage de l’Arabie Saoudite, celui-ci a pu s’adapter au fil des éditions à l’ère du numérique et aux nouvelles plateformes hyper-connectées. Pour autant, le pays n’oublie pas la culture arabo-musulmane qui est sienne et met surtout des têtes d’affiches de films produits par des réalisateurs du Levant et du Maghreb. De plus, le festival met de plus en plus en vedette la contribution des femmes dans le monde cinématographique, qu’elles soient réalisatrices ou actrices.

Jack Lang, alors présent lors de la 3ème édition du Festival à Djeddah (qui s’est déroulé du 30 au 9 décembre 2023), avait salué la qualité de l’éventail cinématographique riche et varié ainsi que le florilège de stars internationales également présentes comme Johnny Depp, Sharon Stone, Will Smith ou encore Catherine Deneuve. Il avait également souligné qu’en 2018, le pays ne comptait aucune salle de cinéma, alors qu’aujourd’hui il en compte près de 518, répartis à travers tout le pays, après un moratoire qui aura duré près de 35 ans. 

L’Arabie saoudite et le monde de l’art contemporain

Le “soft power” que tente de bâtir l’Arabie saoudite n’est pas à prendre à la légère, en voici la preuve : 15 milliards de dollars représentent les financements accordés à la seule région d’Al-Ula, au nord-ouest du pays. Riche culturellement et archéologiquement, il s’agit là du spot parfait pour les plus belles et impressionnantes expositions artistiques. Au centre, on y trouve un bâtiment pas comme les autres: le Maraya (miroir en arabe). Conçu en 2019 par les studios italiens Già Forma et Black Engineering, il est entièrement habillé de miroirs. Maraya a accueilli de nombreux artistes de renommée mondiale tels que Alicia Keys ou encore Andrea Bocelli. 

De plus, deux grandes Biennales ont été mises en place depuis 2022 et 2023: la Biennale d’art contemporain de Diriyah et la Biennale des arts islamiques de Djeddah. Une nouvelle fois, les femmes sont à l’honneur, puisqu’une succession d’entre elles auront été directrice artistique des différentes éditions, avec comme dernière en date l’Allemande Ute Meta Bauer pour la Biennale d’art contemporain de janvier 2024 à Ryad. Elle explique :

L’Arabie saoudite est sur la voie d’une transformation sociale et culturelle importante. Je considère qu’il s’agit d’une occasion unique de capturer ce moment spécial par le biais de l’art. Alors que ce pays se trouve au seuil d’un changement sans précédent, l’art et la culture sont des langages capables d’exprimer les nuances et les dynamiques en mouvement.

Ute Meta Bauer, directrice artistique de la 2ème édition de la Biennale d’art contemporain de Diriyah.

L’Arabie saoudite et le monde du jeu vidéo

Plaque tournante du jeu vidéo et de l’e-sport ? C’est le rêve (pas si fou) de l’Arabie saoudite. En effet, depuis la création de Savvy Games Group dès 2017, le nouveau géant saoudien du secteur, le Moyen-Orient se retrouve pour la première fois sur un marché majoritairement dominé jusque-là par l’Europe, les USA, le Japon ou encore la Chine et la Corée du Sud. Une nouvelle fois, il s’agit d’un bon exemple de la recherche aux nouvelles opportunités économiques saoudiennes afin de s’offrir d’autres perspectives et ainsi d’améliorer son image à l’international. Le prince héritier avait lui-même déclaré à l’agence de presse nationale SPA en 2022 :

Savvy Games Group constitue l’un des pans de notre ambitieuse stratégie visant à faire de l’Arabie saoudite l’ultime passerelle mondiale dans le secteur des jeux vidéo et de l’e-sport d’ici à 2030.”

Mohammed Ben Salmane.

Cette stratégie d’investissement englobe en réalité près de 38 milliards de dollars (octroyés par le fonds souverain national) et prévoit la création de 40.000 emplois et 250 entreprises locales dans ce domaine. Le pays espère que ce secteur pourrait représenter 1% du PIB national d’ici 2030.

Autre levier économique: l’achat de quantité de parts dans les studios internationaux les plus côtés. Ce fut le cas par exemple du studio Activision Blizzard, développeur du jeu mondialement connu Call of Duty (dont MBS se revendique fan) pour la modique somme de 3,3 milliards de dollars, ou encore du studio japonais Nintendo, dont le pays possède aujourd’hui près de 8% du capital, devenant par la même occasion son principal investisseur extérieur. 

Enfin, le Royaume organise cet été 2024 sa première Coupe du monde internationale d’e-sport (ou Esports World Cup) à Riyad, du 4 juillet au 24 août, où les vainqueurs se partageront une dotation faramineuse de plus de 60 millions de dollars, la plus grosse jamais faite à ce jour. Le prince héritier se félicite lui-même :

La Coupe du monde d’e-sport est la prochaine étape naturelle du voyage de l’Arabie saoudite pour devenir le premier centre mondial de jeu et d’esport, offrant une expérience d’esport inégalée qui repousse les limites de l’industrie”.

Mohammed Ben Salmane.

Une nouvelle fois, pour Riyad, c’est surtout une question d’image. Ici, la popularité grandissante de l’e-sport et du jeu vidéo en général chez les plus jeunes se trouve être un parfait moyen de se donner une nouvelle aura politique. Cependant, les réelles avancées du pays en matière d’ouverture et d’évolution des mentalités ne permettent pas de balayer d’un revers de main les nombreuses discriminations encore existantes envers les femmes et la liberté d’expression. Malgré que la vision réformatrice du pays a permis l’émergence d’une scène culturelle prometteuse, propulsant l’Arabie saoudite sur la scène mondiale de la culture, le prince héritier Mohammed Ben Salmane reste, par exemple, le principal suspect concernant l’affaire de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018, ce que beaucoup de fan d’e-sport et d’ONG internationales n’ont pas manqué de rappeler à cette occasion, appellant ainsi au boycott. 

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