Le samedi 2 et dimanche 3 novembre se tenaient au Colysée de Chalon-sur-Saône les championnats de France seniors 1ère division. L’occasion pour les meilleurs judokas du pays de tenter de décrocher le titre tant convoité. Plus de 500 combattants et combattantes se sont affrontés dans les différentes catégories de poids. Si dans la plupart des catégories les favoris ont répondu présent, la jeune génération n’a pas manqué de se faire remarquer en s’invitant sur de nombreux podiums. Chez les +100 kg, c’est le Martiniquais Angel Gustan qui rafle le titre en déjouant les pronostics. En effet, beaucoup auraient misé sur le champion de France 2023 : Tieman Diaby ou bien Amadou Meité qui était déjà quadruple médaillé des championnats. Certains auraient également pu placer leurs espoirs en la jeune génération, à l’image de Matheo Akiana Mongo ou dans le puissant Khamzat Saparbaev. Cependant, c’est bien le licencié du Montpellier judo olympic, qui a su imposer son judo pour parvenir à décrocher le titre
Hors normes
Malgré ce nouveau statut, l’ex-sociétaire du Pôle Espoir Caraïbes reste très humble et fier de ses origines martiniquaises. Angel Gustan a un profil atypique pour un champion de France. Il raconte :
« j’ai commencé le judo en Martinique à l’âge de sept ans et j’ai arrêté en classe de première pour me concentrer sur les études. Et avec le COVID, je n’ai pas repris, car c’était compliqué en Martinique. Après, j’ai fait une classe préparatoire et c’est une fois arrivé en école d’ingénieur que j’ai repris le judo en novembre dernier. » Son cas est unique : un an après avoir repris le judo, il arrive à s’imposer. À noter qu’il n’est dans aucune structure fédérale et qu’il ne s’entraîne que 2 à 3 fois par semaine en raison d’études d’ingénieur très prenantes. Néanmoins, lorsque l’on évoque l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance), il confie : « J’ai l’INSEP dans un coin de ma tête pour aller chercher plus de résultats. »
Une journée sans accros
En revenant sur sa folle journée, il explique : « J’ai abordé la compétition sereinement, car j’avais fait quelques compétitions au niveau national et je n’avais perdu qu’un seul combat. J’étais donc bien classé dans la ranking list, j’avais comme objectif de repartir de ces championnats de France avec au moins une septième voire une cinquième place. » Lors du tirage au sort chargé de répartir les combattants dans le tableau, Angel est tête de série numéro 4 en raison notamment de ces deux victoires en label Excellence à Tergnier et Noisy-le-Grand. Il confie avoir lui-même été surpris de sa performance. « Je ne pensais pas que j’allais gagner, c’est une fois en demi-finale que je me suis dit que c’était possible, et en finale, j’ai tout donné et ça a payé. » Treize secondes, c’est le temps qu’il lui a fallu en finale pour venir à bout d’Amadou Meité qui devra se contenter de la médaille d’argent pour sa cinquième médaille en championnat de France. Expéditif sur ses quatre combats, il a su montrer que la détermination est un élément clé de la réussite.
Celui que l’on n’attendait pas sur la plus haute marche du podium explique qu’il tire sa force et sa motivation des critiques qui ont pu lui être faites : « Les critiques m’ont beaucoup aidé, elles m’ont donné de la force. Comme personne ne me connaît, très peu avaient confiance en moi, et au final, j’ai montré que j’avais fait du judo dans ma vie, et que même si j’ai arrêté pendant un moment, j’ai repris et je suis allé m’imposer dans ma catégorie. » Cette mentalité dont Angel a fait preuve témoigne d’une maturité propre aux champions, là où beaucoup auraient vu les critiques comme un frein à leurs performances, le Martiniquais a réussi à les transformer en force.
“C’est une famille, on avance vraiment bien“
C’est non sans fierté que le judoka parle du Montpellier judo olympic, un club dans lequel il effectue seulement sa deuxième saison : « J’ai rejoint ce club en novembre de l’année dernière, c’est un très bon club. Quand on me demande ce que je pense du club et je ne suis pas le seul à le dire, ce qui revient, c’est la bonne ambiance. On arrive à s’amuser, mais quand il faut se mettre au travail, tout le monde est sérieux. C’est une famille, on avance vraiment bien.» C’est donc dans ce club qu’Angel Gustan a trouvé son équilibre entre la sueur, les rires, la discipline et le travail.
Le géant de près de deux mètres n’a pas de rituel particulier avant ses compétitions : « Je n’ai pas de rituels particuliers, en revanche, je suis un peu stressé la veille et le jour de la compétition, mais une fois que j’ai fait mon premier combat et que j’ai tenu le kimono, je n’ai plus de stress. » Pas plus qu’il n’a de modèles dans le judo : « Je n’ai pas forcément d’athlètes qui m’inspirent, mais ça serait plus des judokas légers. »
Un avenir radieux ?
Après avoir fait forte impression, Angel Gustan ne compte pas s’arrêter là. Il compte un calendrier déjà chargé pour la saison 2024-2025 : « J’ai différents championnats avec mon club, comme la judo Pro League qui commence le 21 décembre, ça va être un premier objectif. En individuel, mon titre de champion de France me permet de participer au Grand Slam de Paris avec l’équipe de France. Ça sera mon premier grand tournoi international et je vais essayer de faire quelque chose. Je verrai la suite plus tard en fonction de mes résultats. » Le Grand Slam de Paris, qui se tiendra les 1er et 2 février 2025, est l’un des plus gros tournois sur le circuit international. L’occasion pour Angel de montrer ce qu’il vaut à l’international après une médaille d’argent lors de sa première sortie internationale à la Coupe d’Europe de Malaga en octobre dernier. Ce qui est sûr, c’est qu’un podium au Grand Slam de Paris le ferait passer dans une autre dimension.