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Aliments contaminés : le dessous des rappels de produits

En France, les rappels de produits alimentaires sont courants. Bactéries, corps étrangers, nombreux sont les aliments contaminés lors de leur conception par les géants de l’industrie agroalimentaire. Mais comment ce problème peut-il survenir ? Et surtout comment fonctionnent les campagnes de rappel ?

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Rayon d'un supermarché.
Rayon d'un supermarché à Bellerive-sur-Allier (03) le 5 décembre 2024. © Pierrick Mouëza

Chaque semaine des produits alimentaires font l’objet de rappels. Récemment, des compotes de la marque Carrefour ont été rappelées car elles contenaient des morceaux de plastique « plus ou moins perceptibles » à l’œil nu, relève le quotidien Sud Ouest.

Les défaillances de l’agroalimentaire

Aliments répandus sur le sol, vers dans la farine, huile moteur qui coule sur les lignes de production, employés qui ne se lavent pas les mains… On se souvient des images du scandale Buitoni en mars 2022. Certaines pizzas de la marque étaient contaminées par la bactérie Escherichia coli provoquant de graves intoxications chez certaines personnes et la mort de deux enfants. Finalement, Nestlé avait fermé les « deux lignes de production » de son usine Buitoni située à Caudry (59), rappelle Le Monde.

La cause de tous ces événements ? Les réglementations sanitaires ne sont pas respectées au sein de l’usine. Les aliments sont donc exposés à des risques de contamination. Selon une enquête de l’association de consommateurs Consommation Logement Cadre de vie (CLCV), les dangers biologiques constituaient 58 % des cas de rappels en 2016. À l’intérieur de cette catégorie se trouvent des contaminants très courants : la listeria, Escherichia coli ou encore les salmonelles. Toujours selon CLCV, en 2016, 40 % des avis de rappels concernaient « des produits carnés ou à base de viande ».

Parmi les autres causes de rappel, figure le danger physique. « Il s’agit de morceaux de verre ou de métal », détaille ce même rapport de CLCV. On se rappelle par exemple de la chaîne Lidl qui avait rappelé des baguettes pouvant contenir du métal.

Les campagnes de rappel sont aussi utilisées dans d’autres cas, détaille le rapport de CLCV. Il y a par exemple les erreurs d’étiquetage. En 2016, les cas les plus courants concernaient « l’absence d’étiquetage des allergènes lait, soja, sulfites, amandes… » ou encore des erreurs portant sur la « date limite de consommation », ajoute le rapport.

Les campagnes de rappel

Une campagne de rappel est lancée quand un produit est jugé défaillant ou problématique pour la santé. Celle-ci peut par exemple cibler un lot défectueux. Le fabricant est tenu de signaler tout problème concernant ses produits. Ainsi, dès qu’il constate un défaut, l’industriel « engage les actions nécessaires pour prévenir les risques pour les consommateurs et en informe immédiatement les autorités administratives compétentes », détaille l’article L.423-3 du code de la consommation.

Les distributeurs ont aussi des obligations au même titre que les fabricants. Ainsi, « la décision de rappel est prise par le responsable de la mise sur le marché du produit. C’est une obligation pour le fabricant et le distributeur », détaille un article du Figaro. Autre obligation évidente, les distributeurs doivent retirer tous les produits concernés des rayons. Les autorités peuvent aussi procéder à des contrôles et des rappels.

Du côté des consommateurs, l’information est capitale. Depuis 2021, le site Rappel Conso permet de recenser les rappels d’aliments et d’autres types de produits, « destinés aux consommateurs », peut-on lire sur le site. Toujours dans cette optique d’informer le public, les distributeurs doivent afficher les rappels en magasin, par exemple dans les rayons des produits concernés.

Romain Roussel, directeur de cabinet à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), expliquait à l’UFC Que Choisir que si les entreprises ne signalent pas leurs produits après avoir constaté un défaut, elles risquent une « contravention de 5e classe, avec une amende de 1500 € par produit (3000 € en cas de récidive) ».

Une fois les produits retirés de la vente, les industriels décident ensuite de leur fin de vie. Certains produits finissent directement à l’incinérateur. D’autres peuvent être conservés en tant que preuves, le temps que l’industriel s’arrange au niveau des assurances, explique Le Figaro.

La France, championne des rappels ?

Face au grand nombre de rappels, la question du contrôle des aliments se pose. « Le budget de l’inspection sanitaire s’élève à 335 millions d’euros [chaque année] », selon France Bleu. En plus des contrôles effectués par les industriels, « 4000 inspecteurs réalisent plus de 60 000 contrôles dans les établissements et plus de 30 000 dans les élevages chaque année », ajoute France Bleu. La France ne semble donc pas manquer de moyens pour s’assurer de la sécurité des aliments.

Mais tous ces moyens sont-ils efficaces ? Selon Karine Jacquemart, directrice générale de Foodwatch interrogée au micro de RMC en 2022, la faute vient peut-être des contrôles. « D’un côté, les entreprises ont l’obligation de faire des autocontrôles pour s’assurer qu’elles ne commercialisent que des produits non dangereux pour la santé, mais il y a un manque de contrôle de ces autocontrôles », déplore-t-elle.

En 2022, l’ONG Foodwatch alertait d’ailleurs sur « le manque de moyens des autorités de contrôle » et demandait aux entreprises de l’alimentaire de « rendre des comptes » selon un article du quotidien Sud Ouest. Cela faisait suite aux rappels des chocolats Kinder (Ferrero), des pizzas Buitoni (Nestlé) et des fromages Graindorge (Lactalis).

Les récents rappels de produits ont été très médiatisés mais difficile de dire si les défauts ont réellement augmenté. Cependant, l’industrie sait qu’elle doit se conformer aux règles ainsi qu’aux attentes des consommateurs qui demandent une meilleure transparence du secteur sur ces questions.

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