La jeunesse d’Alain Krivine et ses débuts dans le militantisme politique
Alain Krivine est né le 10 juillet 1941 à Paris. Il est issu d’une famille juive d’Ukraine qui a émigrée en France à la fin des pogroms antisémites du XIXème siècle. Alors qu’il est étudiant en lettres, il rejoint l’organisation des Jeunes communistes affiliée au Parti Communiste Français ( PCF ) . Rapidement, il commence à exprimer des divergences sur la question du rapport Krouchtchev de 1956. Ce rapport remet en cause Staline, dictateur de l’Union soviétique et son influence suite à sa mort en 1953. De plus, il vise à lancer un processus de déstalinisation de celle-ci voulu par Nikita Krouchtchev qui souhaite rompre avec la lignée politique de son prédécesseur.
En 1958, Alain Krivine devient membre du mouvement Jeune Résistance qui soutien le Front de libération nationale ( FLN ) pendant la guerre d’Algérie. Ce soutient clandestin au mouvement trotskiste et à sa Quatrième Internationale lui vaut une exclusion du PCF en 1966 et marque sa rupture avec le stalinisme.
Alain Krivine fonde alors la Jeunesse communiste révolutionnaire ( JCR ) qui se mobilise contre la guerre au Vietnam. L’organisation s’illustre également pour sa participation au plus important des mouvements sociaux du XXème siècle: Mai 68.
La JRC disparaît en juin 1968 sur décret du gouvernement pour son implication dans les troubles ayant ébranlés la présidence de Charles de Gaulle. Alain Krivine effectue un court séjour en prison pour « maintien et reconstitution de ligue dissoute. »
En avril 1969, il s’associe à Daniel Bensaïd, Henri Weber et Charles Michaloux pour créer la Ligue Communiste. Ils ont pour ambition de « faire entendre la voix révolutionnaire de mai-juin 68 à la télévision » en présentant un candidat lors de l’élection présidentielle de 1969.
Le « président » Krivine:
Grâce aux soutiens de nombreuses personnalités tel que Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre ou encore Marguerite Duras ( pour ne citer qu’eux ), la ligue obtient les parrainages nécessaires pour son candidat. C’est ainsi qu’Alain Krivine est lancé dans la course à la présidentielle et obtient un peu plus de 1 % des voix. Après cet échec, il devient journaliste pour le journal Rouge en 1970.
La Ligue communiste devient le Front communiste révolutionnaire ( FCR ) et Alain Krivine se représente en 1974 après le décès de Georges Pompidou. Il ne recueille alors que 0,4 % des voix.
Le FCR se transforme en Ligue communiste révolutionnaire ( LCR ) la même année et son chef de file hérite du surnom de « président Krivine » en souvenir de ces élections.
Alain Krivine et la Ligue communiste révolutionnaire: du rôle de contestataire a celui de député
Malgré les échecs, Alain Krivine reste toute sa vie un révolutionnaire. Via la LCR, il est de tous les terrains de lutte avec pour idée de « faire bouger les choses. » Il est également toujours prêt à être au premier rang et à aider les camarades comme le décrivent des propos rapportés par le Monde.
Cette flamme qui l’anime l’amène à tenter un nouveau challenge: les élections européennes de 1999. Lutte Ouvrière ( LO ) et la LCR proposent une liste commune avec Arlette Laguiller ( porte parole de LO ) et Alain Krivine qui obtient plus de 5% des suffrages et cinq élus. Il devient alors député européen de 1999 à 2004. Cette nouvelle fonction lui ouvre les portes du Parlement européen et lui donne la possibilité de voir le fonctionnement d’une institution politique. C’est d’ailleurs durant ce mandat qu’il rencontre Olivier Besancenot, syndicaliste au sein de La Poste et militant LCR, qui est son assistant parlementaire pendant 1 an.
La retraite politique, les débuts d’Olivier Besancenot et la naissance du NPA
Lors de l’élection présidentielle de 2002, Alain Krivine décide de laisser sa place. Le jeune postier porte donc la liste LCR et obtient un score de 4,25 % lors du premier tour. Fort de celui-ci, Olivier Besancenot réitère l’expérience en 2007 et il cumule 4 % des voix grâce a un emballement sans précédent autour de sa candidature.
Alain Krivine prend sa retraite politique en 2004. La LCR est dissoute en 2009 pour donner naissance au Nouveau Parti Anticapitaliste ( NPA ) afin d’agrandir son audience et de laisser la place à une nouvelle génération. Alain Krivine continue de rester un fervent militant au sein du NPA malgré les distances prises avec la politique.
Une pluie d’hommages
Ce samedi, une pluie d’hommage a eu lieu suite à son décès. “Alain Krivine, mon camarade et ami, tu nous as quitté”, a écrit sur Twitter ce samedi Olivier Besancenot. “Je t’entends encore dire que la plus belle manière de célébrer la mémoire des disparus est de perpétuer leur combat”, se remémore l’ancien leader du Nouveau parti anticapitaliste. Clémentine Autin, députée LFI a souligné le fait qu’il lui « avait donné envie de faire de la politique pour changer le monde. » Le NPA a pour sa part déclaré dans un communiqué “Salut, vieux, et merci pour tout. On continue le combat !”
Pour mieux comprendre la figure d’Alain Krivine: https://www.youtube.com/watch?v=nEvtGPqsjTQ&t=110s