Le football Belge n’y avait pas assez goûté. La mutation de la Ligue des Champions vers un modèle ouvert à de nombreux clubs, et la libéralisation du football via l’arrêt Bosman en 1995 ont fait mal à la Belgique. Avec pourtant 12 finales européennes dans son histoire, le plat pays n’a pas à rougir devant bon nombre de nations. Mais depuis la fin des années 90, seule La Gantoise n’a su rallier les huitièmes de finale de la compétition, lors de l’édition 2015/2016. Voilà qui est désormais fait pour le Club Bruges, qui n’en est pas à son coup d’essai dans la compétition.
Effectif remodelé, onze régulier
Sortant de trois saisons à l’issue desquelles le Club a fini relégué en Europa Ligue, les brugeois n’attiraient pas de grandes attentes. Les ventes de l’espoir Belge De Ketelaere à Milan et celles d’Nsoki ou Openda à Hoffenheim et Lens impliquaient un remodelage du collectif. C’est sous la houlette de Carl Hoefkens, en poste depuis juillet mais dans le staff belge depuis 2019, que s’est opérée la transformation. Les rangs brugeois sont garnis par de nombreuses arrivées, comme Roman Yaremchuk, l’avant-centre espagnol Ferran Jutgla, ou Raphael Onyedika, milieu défensif nigérian. Parmi recrues et retours de prêts, six joueurs intègrent le onze régulièrement.
En Ligue des Champions, l’entraîneur Belge met en place un 4-3-3, qu’il ne fait que peu tourner. Le milieu à trois est la pierre angulaire du jeu de Bruges. Onyedika, Casper Nielsen et le leader technique Hans Vanaken impriment une forte intensité au milieu de terrain. En attaque, le jeune Ferran Jutgla confirme son statut d’espoir en devenir, et relègue sur le banc la venue majeure du mercato, Yaremchuk. Sur les ailes, Sowah, Skov Olsen et Buchanan font presque oublier Noa Lang, blessé en début de saison et pas utilisé avant le match retour contre Porto.
Confiance et réussite maximale
La 1ere journée victorieuse face au Bayer Leverkusen est obtenue dans la douleur. Les brugeois concèdent 14 tirs et un poteau, mais gardent leur avantage toute la seconde période. Les larges scores infligés à Porto (0-4) et à domicile contre l’Atlético (2-0) confirment la tendance. Les brugeois obtiennent peu d’occasions, mais les transforment avec une terrible efficacité. Dans la démonstration à l’Estadio do Dragao, les Belges concèdent plus de tirs que Porto. Ils finissent le match avec 2.30 expected goals pour 4 buts, face à 1.30 pour les Portugais.
En plus de l’efficacité de l’attaque, c’est en défense que s’illustre le Club Bruges. L’ex gardien de Liverpool Simon Mignolet semble intouchable, et multiplie les exploits et il ne s’y trompe pas. À l’issue du nul obtenu à Madrid (0-0), Bruges et qualifié dès la fin de la quatrième journée, « C’est incroyable. Je ne réalise toujours pas. Un grand moment pour le club de Bruges ».
Gueule de bois face à Porto
L’utilisation fréquente des mêmes joueurs par Carl Hoefkens et l’enchaînement de matchs clés pour le Club Bruges se sont fait ressentir. En championnat, les Blauw en Zwart comptent déjà 8 longueurs de retard sur le Racing Genk. En se présentant à domicile contre Porto, un point suffisait pour obtenir une première place historique en phase de poule, s’assurant un adversaire plus abordable en huitièmes et un « match de repos » pour la dernière journée. Mais la réussite en Ligue des Champions semble s’être envolée pour ce match, qui a tourné à la démonstration.
Les quatre cleen sheets de Simon Mignolet sur les premières journées ont caché le grand nombre d’occasions concédées par Bruges. Sur les 30 premières minutes, les dragons obtiennent de nombreuses opportunités. Le milieu, force habituelle du Club est complètement dépassé, et la défense en grande difficulté. Mené à la mi-temps, Bruges perd totalement son efficacité à la 50e minute. Un penalty est tiré deux fois, par Vanaken puis Lang, et repoussé deux fois par Diogo Costa. Le Club s’effondre alors, et encaisse trois buts en un quart d’heure.
Ce coup d’arrêt à domicile (0-4) expose certaines difficultés de Bruges, en défense notamment. Les belges devront encore batailler pour obtenir une première place, mais peuvent déjà se satisfaire d’une qualification inattendue. Un grand pas pour le club belge, qui éprouvait des difficultés sur les années précédentes. Une occasion de grandir, et de vouloir maintenir son rang, d’après le coach : « Aujourd’hui, le Club ne se considère plus comme une équipe qui n’est pas à sa place ici ».