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Paul Larrouturou: « La politique n’est pas sale, la politique est noble.»

À l'occasion de la 39e édition de Foire du Livre de Brive-la-Gaillarde, qui se déroulait du Vendredi 5 au Dimanche 7 novembre 2021, nous avons eu l'opportunité de rencontrer Paul Larrouturou pour une interview dans l'ère du temps. En effet, il nous reçoit à son stand où il revient avec nous sur sa carrière de journaliste politique mais également pour nous parler de son enquête Élysée Confidentiel avec laquelle il souhaite à son lecteur la « Bienvenue dans le monde de Macron ». Il nous raconte également comment il perçoit sa première Foire du Livre de Brive en tant qu'auteur et son séjour dans la ville corrézienne. Nous vous invitons donc a découvrir un peu plus ce personnage adoré des français mais craint par les politiciens, mis également en lumière grâce à l'émission Quotidien de Yann Barthès diffusée sur TMC.

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Paul Larrouturou présente son enquête Élysée Confidentiel quo-écrite avec Eliot Blondet lors de la Foire du Livre de Brive-la-Gaillarde / Valentin Francy
Bonjour Paul, est-ce que tu pourrais te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Je m’appelle Paul Larrouturou, je suis reporter politique pour LCI tous les soirs à 20h35 dans l’émission de Ruth Elkrief qui se nomme Ruth Elkrief 2022. L’émission se nomme ainsi car il s’agit d’un jeu de mots entre 20h à 22h et 2022. Dans le cadre de cette émission, je fais une chronique qui a pour nom L’instant PoL et tous les jours, j’y présente un reportage qui a pour but de couvrir la France entière afin de suivre notre politique et raconter la présidentielle.

Pourrais-tu nous parler du métier de journaliste/reporter politique ?

C’est un privilège d’essayer de suivre nos femmes et nos hommes politiques dans toute la France, voire un peu en Europe et dans le monde parfois, de raconter qui ils sont, que parfois ils font de leur mieux, parfois il font des grosses bêtises. Ils sont au pouvoir, on fait partie du contre pouvoir et notre travail c’est d’essayer de nous demander quelles questions doivent se poser les gens qui nous écoutent, nous regardent, nous lisent pour ensuite les poser du mieux possible, en toute indépendance, sans jouer la provocation et sans non plus être dans la stérilité la plus totale.

J’ai remarqué que lors de tes interviews, tu aimais bien parfois être caustique notamment à l’époque de Quotidien et pousser les personnalités politiques dans leurs derniers retranchements. Pour toi, quelle est la frontière entre la pertinence et la provocation ?

Elle est fine, elle est étroite. Je n’ai pas toujours su la trouver. J’ai pu par le passé être parfois un petit peu « too much » mais cela fait partie de l’apprentissage. Je pense que tant que cela reste dans les bornes de la politesse élémentaire, mieux vaut être trop que pas assez. Mieux vaut poser une question un petit peu trop indélicate… encore une fois quand je dis indélicate, je ne vais jamais sur le terrain de la vie privée, cela reste politique. En ce sens, je n’ai aucun vrai regret. J’ai du faire une ou deux erreurs factuelles par le passé ce qui est un problème mais globalement j’ai la chance d’être super bien entouré par des confrères formidables qui me conseillent, m’épaulent. Donc, pour répondre à ta question, la frontière elle est dans tes tripes. Tu le sens, tu le sais quand tu dérapes, et quand tu vas trop loin, tu le sais. En général il faut partir, passer une nuit dessus et le lendemain matin tu repars avec les idées plus claires.

Grâce à ta personnalité, ton style, tu as été repéré par Yann Barthès. Est-ce que tu peux nous parler de ton expérience à Quotidien ?

J’ai travaillé quatre ans à Europe 1 que j’avais adoré. J’ai co-créé avec des amis un site politique qui s’appelait « Le lab d’Europe 1 ». Au bout de ces quatre ans, j’avais fait le tour. J’ai donc appelé de moi même Yann. Il ne m’a pas repéré, c’est moi qui l’ai contacté et il m’a reçu ! À ma très grande stupéfaction… On a bu un café et il m’a donné ma chance, ce dont je lui serais éternellement reconnaissant. Je lui dois beaucoup de choses et j’ai énormément appris à ses côtés. J’ai passé deux ans au Petit Journal puis cinq ans à Quotidien. Il a changé ma vie, j’ai adoré travailler pour lui, pour Laurent Bon ( NDLR: il est le quo-fondateur de la société Bangumi avec Yann Barthès qui produit Quotidien ), pour Théodore Bourdeau ( NDLR: il est le producteur éditorial de Quotidien ) ainsi que toute la rédaction. C’est une grande rédaction et je suis très fier d’avoir fait partie de ce collectif. Mais là, j’avais juste envie de me réinventer, de partir et de me mettre en danger. C’est ce que je fais et pour l’instant j’ai la chance que cela se passe plutôt, globalement, exceptionnellement bien.

Paul Larrouturou dans l’équipe de Yann Barthès / B

Quotidien est une émission d’info-divertissement. As-tu une anecdote marquante de terrain à nous raconter ? Quelque chose qui a pu te faire rigoler, un moment où tu as pu te sentir en danger…

Je ne peux pas trop donner de détails pour protéger ma source mais, pour répondre à ta question, le sujet qui m’a le plus marqué c’est le moment où j’ai récupéré la bande son du cours de Laurent Wauquiez à l’EM Lyon en février 2018. Encore une fois, je ne peux pas trop donner de détails pour protéger ma source mais quand je l’ai écoutée dans les toilettes d’un restaurant, ( il s’interrompt dans son récit pour marquer sa stupéfaction au moment des faits ) j’étais là, j’ai cru que c’était une blague tellement que c’était énorme et après, évidemment, j’ai vérifié. C’est mon souvenir le plus fort pour Quotidien je pense. Je n’ai pas envie de parler des fois où j’ai failli me faire frapper pour ne pas en faire des caisses là-dessus. Cela ne représente pas mes sept ans là-bas. Grâce à Quotidien, j’ai sillonné le pays et j’ai vraiment appris beaucoup de choses sur la France. C’est plus un ensemble de voyages je dirais qu’une anecdote en réalité. ( il sourit )

Pour approfondir le sujet: https://www.tf1.fr/tmc/quotidien-avec-yann-barthes/videos/info-quotidien-cours-garanti-bullshit-de-laurent-wauquiez-a-l-em-lyon.html

Pour rebondir sur ce que tu as déclaré précédemment, tu as décidé de partir de Quotidien pour rejoindre l’équipe de Ruth ElKrief sur LCI, pourquoi ?

Parce que au bout de deux ans de Petit Journal et cinq ans de Quotidien, rester sept ans dans une quotidienne, j’ai envie de dire que ça compte double. J’aime profondément cette équipe qui reste ma famille professionnelle. J’avais juste envie, besoin, de me mettre en danger, vraiment ! J’étais avec le même staff, la même équipe, j’étais au même poste, je faisais les mêmes choses et je me suis juste dit : « je ne veux pas faire la saison de trop. » Je veux me mettre en danger, je veux prendre des risques et donc faire un saut de l’ange et voir si je me rattrape. J’ai fait ce saut de l’ange et on verra bien si je me rattrape, je ne sais pas encore. Pour l’instant je suis là, je suis encore en mode saut de l’ange.

L'instant PoL. du 20 septembre Qui compose la galaxie Zemmour ? | LCI
Paul Larrouturou présente sa chronique l’Instant PoL dans l’émission de Ruth ElKrief sur LCI
Tu nous reçois aujourd’hui dans le cadre de la Foire du livre de Brive où tu y présentes ton livre intitulé « Elysée confidentiel », peux-tu nous en parler ?

« Élysée confidentiel » c’est quatorze portraits dans la bulle Macron écrit avec un jeune photographe qui s’appelle Eliot Blondet. Si tu ne le suis pas sur Instagram, abonne toi à lui. Il a 27 ans, c’est un prodige, vraiment. Pour résumer, c’est une rencontre mais aussi une frustration de ne pas arriver à raconter la complexité du bonhomme ( NDLR: il fait référence à Emmanuel Macron ) , moi dans mes petits sujets téloche et lui avec ses photos. On a donc rencontré des gens qui le connaissent très bien, des gens qui l’adorent comme des gens qui le détestent, d’autres pour qui c’est un petit peu plus compliqué. Notre but est de raconter de l’intérieur, l’Élysée, l’homme Macron, le quinquennat Macron et la politique en France aujourd’hui.

Il est vrai qu’Emmanuel Macron était un ovni dans la présidentielle de 2017, il intriguait comme il déroutait les français. Est-ce que tu penses que ton enquête est un moyen pour toi de combler ces interrogations ? Comment en es-tu arrivé à vouloir la rédiger ?

Il est vrai qu’Emmanuel Macron était un ovni dans la présidentielle de 2017. Pour ma part, je le suis vraiment depuis longtemps. Je l’ai vu arriver Secrétaire Général de l’Élysée en 2012, puis ministre, puis j’ai couvert l’intégralité de sa campagne depuis le premier jour. Donc je le connais vraiment bien par mon travail et par le fait de le suivre. Je pense que j’avais vraiment envie de rentrer dans la complexité et de raconter « notre » Macron. Parce que, sans vouloir être méchant, il y a des gens qui ne le connaissent pas et qui en parlent à longueur de temps. Nous sommes juste deux petits reporters donc c’est un livre de reporter.

Que penses-tu de la Foire du livre de Brive et de la ville de Brive ? Comment vis-tu cet événement ?

Je connais bien la Foire du livre de Brive car j’ai plusieurs fois couvert François Hollande qui venait ici. Il était encore en face de moi il y a un quart d’heure. ( il sourit ) Je connais donc bien cette foire, je l’adore. C’est la première fois que je suis là en tant qu’auteur. Je n’imaginais pas la fête que c’était… Le train du cholestérol, le Cardinal, la Truffe Noire ( il nomme des institutions brivistes en lien avec la gastronomie et la fête ) ! C’est un plaisir énorme parce qu’ avec la Covid, c’était horrible. J’ai fini le bouquin sous Covid et je n’en pouvais plus de ne pas pouvoir rencontrer les gens. C’est donc une énorme fête et une rencontre géante.

Tu es relativement jeune, est-ce que tu penses que c’est l’un de tes principaux atouts pour réussir ?

Le problème avec les jeunes c’est que tu n’es bientôt plus jeune, dans le sens où tu vieillis. Je n’ai que 35 ans, pour les quinquagénaires qui couvrent l’Élysée je suis un enfant, de mon côté je me considère encore comme jeune et pour toi je suis un vieux donc finalement, cela s’équilibre.

Quel message aurais-tu envie de délivrer à la jeunesse ?

Oh la vache… Toi jeunesse de France qui m’écoute… ( il imite André Malraux lors de son discours d’hommage à Jean Moulin ) Je peux dire des banalités que je pense sincèrement. Je vais parler de choses que je connais un tout petit peu, c’est à dire la politique. La politique n’est pas sale, la politique est noble. Oui, il y a des politiques qui font des bêtises, oui il faut en parler et je fais partie de ces gens qui seront toujours là pour embêter les politiques qui font des bêtises. Mais, à la base, je crois vraiment que la politique est noble et que notre devoir en tant que journaliste politique, c’est de raconter à quel point c’est compliqué, complexe. Donc j’ai juste envie de leur dire lisez-moi s’il vous plaît, ce bouquin et ceux des autres. Allez plus loin que les snaps, les instas, les tweets faciles, les hashtag… Prenez vraiment le temps de vous documenter. Je crois qu’on peut faire confiance en l’intelligence des jeunes. J’en vois énormément et ils ne sont vraiment pas bêtes. Je ne suis pas sûr que les jeunes soient les plus réceptifs aux fake-news.

Pour clore cette interview, pourrais-tu nous parler de tes projets, de tes rêves à l’avenir ?

Mon rêve, je le vis en étant là avec toi, c’est un bonheur et d’ailleurs merci d’être là ! Là, il y avait 80 livres et il en reste 15, donc cela fait 65 livres vendus en 24 heures. C’est dingue pour moi. Donc ce rêve, je le vis. Le fait que ce livre soit lu est un privilège pour moi. J’ai également la chance d’être tous les soirs à l’antenne avec Ruth El Krief et nous avons de très gros projets web ainsi que sur TF1 pour les présidentielles. La seule chose que tu puisses me souhaiter c’est d’être résilient, de partir dans un marathon, de boire du café et de tenir au moins jusqu’au 10 et 24 avril 2022.

Merci à toi Paul de nous avoir accordé cette interview et je te souhaite pleins de bonnes choses pour la suite au nom du journal.

Merci à toi Valentin ! On se reverra. J’avais un journal qui s’appelait le Mocassin au Lycée René Cassin de Bayonne donc je suis passé par-là. C’était trop cool donc profitez !

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