Olivier Faure or not Olivier Faure, telle est la question. Le moment de vérité approche pour l’actuel premier secrétaire du Parti socialiste. Il met sa place en jeu lors de ce Congrès et celle-ci est loin d’être assurée. Pour ce qui est du calendrier, les militants du parti à la rose devront voter sur les différents textes d’orientation en cours le 27 mai et désigneront leur Premier secrétaire, le 5 juin.
Les résultats seront définitifs après le week-end des 13, 14 et 15 juin, dates du Congrès national à Nancy. Les enjeux sont importants puisque le ou la vainqueur.e sera au premier plan lors de la présidentielle de 2027. Si Olivier Faure est bien sûr candidat à sa propre réélection, les adversaires sont nombreux pour le député de la onzième circonscription de Seine-et-Marne.
Un réelle concurrence
Pour essayer de lui succéder, il y aura bien sûr celui qui n’était pas loin de l’emporter lors du dernier Congrès du PS, Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen. Même s’il semble être son principal rival, d’autres noms sont aussi dans cette bataille. Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale, Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin et vice-présidente de la métropole de Lyon ou encore Philippe Brun, député dans la 4e circonscription de l’Eure.
De nombreux socialistes demandent un changement de ligne et cela pourrait coûter la place d’Olivier Faure. L’ancien président de la République, François Hollande demande depuis plusieurs mois avec insistance ce Congrès pour que les choses bougent au PS. Mais l’actuel secrétaire du parti à la rose n’est pas au bout de ses surprises. Un événement inattendu va le mettre encore un peu plus en difficulté.
Surprise !
Les voix s’unissent contre Olivier Faure puisque Nicolas Mayer-Rossignol (notamment soutenu par la présidente de la région Occitanie Carole Delga et la maire de Paris Anne Hidalgo), Hélène Geoffroy (proche de François Hollande) et même Philippe Brun ont fait le choix de fusionner leurs contributions pour déposer un texte commun pour avoir plus de chance de sortir victorieux de cette élection interne. Les trois figures politiques de gauche se rassemblent notamment sur un point : le refus de la collaboration avec La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Une décision choc à deux mois du scrutin qui pourrait bien tout changer.
« Je n’ai pas été vraiment surpris, puisque c’est un petit peu dans la ligne de ce qui s’est passé au congrès précédent à Marseille, avec peut-être l’exception de Philippe Brun. Mais les deux autres sont des opposants d’assez longue date. Notamment, Mayer-Rossignol qui avait raté l’élection au poste de Premier secrétaire de très très peu», explique Philippe Marlière, professeur de sciences politiques à University College London et spécialiste de la gauche.
La pression
Tous les yeux sont maintenant rivés sur Boris Vallaud. Ce dernier ne fait pas partie de l’alliance alors que celle-ci lui a proposé de l’intégrer. La question qui se pose est : va-t-il passer le pas? Pour le moment, sa position est claire, c’est un non catégorique. Assez étonnant pour celui qui avait clamé cela sur Sud Radio, « Je lance les rendez-vous de l’unité». Reste à savoir si le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale va changer d’avis. Si cela advient, Olivier Faure se retrouverait seul contre tous et verrait sa place de premier secrétaire du parti socialiste vaciller.
« Tout est possible avec Boris Vallaud. Il peut rester troisième homme, rejoindre Faure ou accepter cette nouvelle alliance. Cela dépendra des circonstances, des aléas, du rapport de force, de ce que Vallaud, selon lui, peut espérer retirer. Intrinsèquement, il est proche de Faure. Donc en termes de stratégie, il a toujours été pour l’union des gauches, replacé le PS à gauche, social-démocratie gauche. Je pense qu’il a davantage compris que Faure le besoin de distinguer de La France Insoumise mais la différence reste moindre», assure Philippe Marlière.
Un coup dur pour Faure
Cela met donc en grande difficulté Olivier Faure, qui se retrouve un peu isolé au sein du PS. Seul contre tous, l’actuel Premier secrétaire n’a quasiment aucune chance de s’en sortir. Néanmoins, quelques ténors de la gauche le soutiennent. On peut notamment citer Stéphane Troussel, président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Martine Aubry, ancienne maire de Lille ou encore Jean-Marc Ayrault, ancien Premier ministre sous François Hollande. Malgré cela, si la coalition reste unie, le patron du parti à la rose pourrait bien perdre son poste.
Objectif 2027
La question qui se posera après le résultat de ces élections internes est la suivante : le nouveau Premier Secrétaire national du PS sera-t-il le candidat naturel pour les présidentielles de 2027 ? Une interrogation qui n’est pas si évidente que cela. La dernière fois que les Socialistes ont fait le choix d’y aller sans faire de primaire, cela a été un échec total avec la candidature d’Anne Hidalgo en 2022 avec le triste score de 1,7% des suffrages exprimés. Et cela pourrait se répéter.
« S’ils y vont seuls, c’est-à-dire sans primaire, comme en 2022, cela va être une catastrophe. Je ne vois aucune personnalité dans le Parti socialiste qui a le profil, la carrure, la popularité au sein de l’électorat de gauche en général pour mener une campagne qui ait du succès, qui soit remarquable suffisamment pour qu’il y ait un entraînement populaire. Cela est assuré», constate le professeur de sciences politiques à University College London.
Une primaire alors ?
L’autre possibilité logique semble être une primaire mais encore une fois, cela n’est pas gage de réussite. Benoît Hamon en est l’exemple parfait avec seulement 6,36% des suffrages exprimés lors du premier tour de la présidentielle 2017. En plus de cela, d’autres questions se posent. Une primaire seulement avec les membres du PS ? Avec les autres partis de gauche sans La France Insoumise ? Avec toute la gauche ? Bref, la solution parfaite va être difficile à trouver. Avec une gauche encore assez faible qui peine à dépasser les 30% dans sa globalité, la mission ne s’annonce pas simple. Ce Congrès du parti à la rose rouge pourra nous donner un petit indice sur la voie qu’emprunteront les Socialistes en 2027 mais c’est bien tout.
Rendez-vous le 5 juin pour savoir si l’actuel Premier secrétaire va réussir à sauver son trône. Il va avoir Faure à faire…