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Les enjeux liés à la protection du Hérisson d’Europe

Le saviez-vous ? Au même titre que les abeilles, le hérisson est très important pour l'équilibre de la biodiversité. En cette période de sortie d'hibernation les rendant particulièrement vulnérables, CS Actu s'intéresse à sa protection avec Cécile Marchand de l’association SOS Hérissons 49.

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Les bébés et nourrissons représentent jusqu'à 70% des prises en charge de l'association. Crédit : Compte Instagram de l'association SOS Hérissons 49.
Les bébés et nourrissons représentent jusqu'à 70% des prises en charge de l'association. Crédit : Compte Instagram de l'association SOS Hérissons 49.

En ce retour des beaux jours, la remontée des températures peut vous amener à tomber nez à nez avec un petit animal potentiellement en danger : le hérisson. La sortie d’hibernation et l’utilisation des outils de jardin, entre autres, représentent une menace importante pour ces derniers. Cette espèce a été classée en octobre dernier comme « quasi menacée » lors de la COP16 de Cali sur la biodiversité. Si à présent elle était classée comme « préoccupation mineure » par l’Union Internationale pour la Protection de la Nature, cette évolution est une véritable alerte quant à sa vulnérabilité et sa préservation. Nous aborderons la question des causes de la disparition progressive des hérissons et les moyens de les protéger avec Cécile Marchand, vice-présidente de l’association SOS Hérissons 49 basée à Angers dans le Maine-et-Loire.

Affiche de sensibilisation à la protection du hérisson à la fin de l’hiver, période de sortie d’hibernation. Crédit : Compte Instagram de l’association SOS Hérissons 49.

Une espèce sentinelle et parapluie

Le hérisson, bien que moins populaire que les abeilles, a également un rôle très important dans la protection de l’équilibre de la nature. Cet animal piquant au museau d’ourson est une espèce dite sentinelle : Le déclin de sa santé et de son bien-être est le reflet de la dégradation de tout l’écosystème. Les dangers majeurs pour le hérisson sont l’agriculture intensive, l’arrachage des haies ou les pesticides. 

Le hérisson garantit également la préservation des jardins. Etant en haut de la chaîne alimentaire, il mange les parasites et insectes qui touchent les plantations. L’utilisation des pesticides n’est donc pas nécessaire en préservant l’espèce, puisqu’il se charge de nettoyer vos jardins tout en s’alimentant correctement. Les hérissons ne se nourrissent effectivement pas que de limaces et de vers de terre. Cela ne représente qu’une infime partie de leur assiette, et en manger une trop grande quantité peut devenir mortel. Ils leur transmettent des vers pulmonaires et intestinaux. De même, chargés de sable ou gravillons, ils usent précocement les dents du hérisson, qui déjà très jeune ne peut plus s’alimenter.

La méconnaissance de l’importance de cette espèce entraîne de lourdes conséquences. La mauvaise santé du hérisson révèle en réalité le déclin de l’Homme également. Sa protection permet de préserver de nombreux autres animaux. La protection du cadre de vie des chauves-souris, des crapauds, des martinets, des hirondelles ou encore des grenouilles dépend énormément de celle du hérisson, qui est qualifié d’espèce parapluie.

Cécile Marchand insiste sur le fait que « les sauver, c’est nous sauver ».

L’activité humaine, le plus grand fléau pour le hérisson

Cette espèce est protégée depuis 1981, lorsqu’elle a été officiellement classée comme telle en France. Ce fut le premier seuil préoccupant quant à l’évolution de l’espèce dans notre monde de plus en plus industrialisé. En réalité, le hérisson est une espèce qui existe depuis l’époque des mammouths, ayant su s’adapter à l’évolution de la nature au fil des âges. C’est depuis sa rencontre avec l’Homme moderne que l’espèce a commencé à décliner. 

En effet, notre rythme de vie impacte le hérisson plus ou moins directement. L’utilisation de pesticides tuent sa principale source de nourriture, et les routes coupent son territoire. Avec l’étalement urbain et l’artificialisation des sols, nous sommes de plus en plus amenés à squatter son jardin. Il n’a plus d’autres choix que de partager son territoire avec nous. Les dangers sont d’autant plus importants pour lui, avec les outils de jardinage de plus en plus performants. Les robots tondeuses, les taille-bordures, les débroussailleuses, les raticides et anti-limaces, les piscines, les jardins trop tondus, ou même certains chiens constituent la principale cause de décès du hérisson. 

Le réchauffement climatique aggrave la situation, et perturbe leur environnement habituel. Les températures de plus en plus chaudes l’hiver, par exemple, les empêchent d’hiberner et ils se retrouvent en danger majeur en raison du manque de nourriture et du froid. L’été, les dangers ne sont pas moindres. Le manque d’eau les incite à sortir le jour, et bien que bons nageurs, ils tombent fréquemment dans les piscines, dans lesquelles ils s’épuisent avant de se noyer. 

L’urgence de la situation en quelques chiffres

Les hérissons disparaîtraient de manière inquiétante en milieu rural. Désormais, leur survie se jouera majoritairement dans nos jardins, villes et villages. Ce sont des faits confirmés par la chercheuse de l’université d’Oxford Sophie Lund Rasmussen. Entre 2002 et 2022, en Grande-Bretagne, la population des hérissons aurait diminué de 30 à 75% selon Britain’s Hedgehogs.

Les recensements nationaux en Europe sont également révélateurs de cette crise. La population de hérisson aurait chuté dans plus de la moitié des pays réalisant ce comptage. C’est le cas au Royaume-Uni, en Norvège, au Danemark, en Suède, en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Autriche.

En moyenne, 7 à 8 hérissons sur 10 survivaient à leur prise en charge. Malheureusement, les nouvelles pathologies et les blessures de plus en plus graves font baisser ce chiffre depuis peu. L’association SOS Hérissons 49 accueille environ 30% d’adultes et de jeunes, et 70% de bébés ou nourrissons (les choupissons).

Comment les sauver ?

De nombreuses actions sont réalisables et peuvent impacter positivement la pérennité du hérisson. Créer un trou de la taille de 14 centimètres de diamètre dans les grillages leur laisse la possibilité de passer dans les autres jardins sans danger. Construire des abris avec de l’eau et de la nourriture est également d’une grande aide. Cela passe aussi par sécuriser les piscines, et utiliser les robots tondeuses de jour et sous surveillance. Enfin, laisser des espaces sauvages est idéal pour leur épanouissement et leur survie. 

Conseils à appliquer lorsqu’un hérisson est trouvé. Crédit : Compte Instagram de l’association SOS Hérissons 49.

Il est possible, notamment en cette période de sortie d’hibernation, de tomber sur un hérisson dans votre jardin. Animal nocturne, le hérisson, vu de jour, est systématiquement en danger. Il est essentiel de le récupérer et de le confier au centre de soins le plus proche. L’association SOS Hérissons 49 diffuse régulièrement des instructions pour un sauvetage réussi. 

L’association est de plus en plus sollicitée

L’association SOS Hérissons 49, ouverte il y a 10 ans, lutte contre la disparition du Hérisson d’Europe. Elle soigne les hérissons blessés ou malades dans ses deux centres de soins, dont les responsables ont un certificat de capacité essentiel à la possibilité de prendre en charge un animal en détresse de manière légale. Puis, elle les relâche dans des espaces favorables après une rééducation à la vie sauvage. Cette réinsertion permet la pérennité de l’espèce dans des espaces encore épargnés par les dangers. 

Avec la multiplication des risques pour l’espèce, les centres de soins peinent à tenir la cadence. Ils reçoivent de plus en plus de hérissons, avec de nombreuses pathologies et cas particuliers (déshydratation, blessures, chocs, hypothermie, orphelins, maladies…). Aujourd’hui, on parle d’une « médecine de guerre », tellement les blessures par les outils de jardinage de plus en plus performants sont graves et invalidantes. Elles contribuent largement à la disparition de l’espèce. Si auparavant il y avait une « trêve hivernale » durant l’hibernation, elle n’existe plus aujourd’hui. Le rythme effréné est constant. 

L’association reçoit chaque année de plus en plus de hérissons aux multiples pathologies et cas particuliers. Ici, un hérisson albinos. Crédit : Compte Instagram de l’association SOS Hérissons 49.

Une action collective est essentielle

Cette situation est due à la reconnaissance tardive de l’ampleur du danger pour l’animal. Le nouveau statut adopté à la COP16 de Cali n’est en réalité que la reconnaissance de 10 à 15 ans d’alerte des associations sur la dégradation de la situation. Si la possibilité de vivre en harmonie avec ces animaux est encore envisageable, elle est urgente et nécessite une prise de conscience collective et rapide.

Pour ce faire, l’association mène de nombreuses actions de sensibilisation. Elle multiplie les interventions dans les écoles, les organisations de stands ou les interviews dans les médias. La communication sur les réseaux sociaux est de plus en plus développée pour donner accès à l’information via tous les canaux possibles. 

L’association vit grâce à une équipe de bénévoles investis dans la sensibilisation, la communication et la recherche de partenariats. Des vétérinaires partenaires prennent également en charge les soins lourds qui dépassent les compétences des capacitaires. 

Les particuliers ont également un rôle fondamental dans la protection du hérisson. Les dons matériels et financiers garantissent le bon fonctionnement de l’association, et la prise en charge des frais vétérinaires de plus en plus onéreux pour les plus blessés. Une alternative au don est l’utilisation du moteur de recherche Lilo. Il transforme les recherches internet en gouttes, puis les reverse en fonds à l’association SOS Hérissons 49.

Pour aller plus loin dans l’analyse de l’évolution de la biodiversité avec le réchauffement climatique, voici un article sur le phénomène de remontée d’une baudroie abyssale à Tenerife : https://www.csactu.fr/une-baudroie-abyssale-apercue-a-tenerife-un-phenomene-rare-et-inquietant/

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