Interruption massive de l’aide humanitaire
La suspension quasi totale des programmes de l’USAID a provoqué une onde de choc dans le secteur humanitaire. Créée en 1961, cette agence indépendante représentait à elle seule 42 % de l’aide humanitaire mondiale, avec un budget annuel de 42,8 milliards de dollars. Cette décision a brutalement interrompu plus de 5 000 projets essentiels, notamment dans la lutte contre le VIH, les campagnes de vaccination, l’accès à l’eau potable ou encore la sécurité alimentaire. Partout dans le monde, les effets de ce gel se font déjà sentir : en Afrique du Sud, au Kenya ou encore au Soudan, pays ravagé par la guerre, de nombreuses organisations tirent la sonnette d’alarme.
Des programmes vitaux, comme l’Initiative contre le paludisme (PMI), ont été stoppés net, compromettant l’accès aux traitements pour des millions de personnes, dont environ 500 000 enfants. « C’est comme si le monde avait perdu son filet de sécurité », déplore une ancienne directrice régionale de l’agence. En République Démocratique du Congo, les effets se font aussi ressentir : suppression d’emplois, pénuries de médicaments et d’aliments, fermeture des cliniques et écoles …
Face à cette situation, des initiatives privées et des ONG ont tenté de pallier le manque d’aide. Par exemple, The Solidarity Fund a été lancé pour soutenir les anciens employés de l’USAID. Cependant, ces efforts restent insuffisants pour compenser l’ampleur des programmes interrompus.
Licenciements massifs et instabilité institutionnelle
Sur les plus de 10 000 employés de l’USAID, seuls 294 ont été maintenus en poste, les autres ayant été licenciés ou mis en congé administratif. Cette réduction drastique a provoqué des perturbations majeures dans la coordination de l’aide internationale et a suscité des critiques, y compris de la part de conservateurs, sur le démantèlement précipité de l’agence.
Des actions en justice ont été intentées contre l’administration de Donald Trump, certaines décisions judiciaires ayant temporairement bloqué des licenciements ou des réductions budgétaires.
Le chef de la diplomatie américaine a écrit sur X qu’ « en accord avec le Congrès, nous souhaitons que les 18% de programmes conservés (environ 1 000) soient désormais gérés plus efficacement par le département d’État ». Cependant cette tentative de fusionner l’USAID avec le département d’État a soulevé des questions sur la légalité de la dissolution d’une agence créée par le Congrès.
Opportunités pour les puissances concurrentes
Le retrait des États-Unis de plusieurs régions a laissé un vide que des pays comme la Chine ont rapidement tenté de combler, notamment dans les îles du Pacifique et en Afrique. Des responsables militaires américains ont exprimé leur inquiétude quant à l’augmentation de l’influence chinoise dans ces zones, soulignant l’importance stratégique de l’USAID pour la stabilité régionale .
Cependant, certains observateurs voient dans cette crise une opportunité pour les pays bénéficiaires de repenser leur dépendance à l’aide extérieure. Des voix en Afrique, par exemple, appellent à une transition vers une plus grande autosuffisance économique et sanitaire, mettant en avant le potentiel de développement local et régional.