Un rôle clé dans la médiation entre l’Ukraine, les États-Unis et la Russie
Depuis le début du conflit en 2022, Emmanuel Macron n’a cessé de se positionner comme un interlocuteur incontournable entre l’Ukraine et ses alliés occidentaux. Le 14 mars 2025, il a incité la Russie à accepter une trêve de 30 jours, une proposition élaborée en partenariat avec les États-Unis et l’Ukraine. En effet, comme l’a indiqué Donald Trump, cette trêve devrait être acceptée dans les jours ou semaines à venir : « Je pense que l’on va trouver un accord (…) je pense qu’il y aura bientôt un cessez-le-feu plein et entier ».
Dans ce contexte, le président français s’est rendu à Washington le 24 février dernier pour rencontrer Donald Trump. Son objectif : assurer l’implication continue des États-Unis dans le soutien à Kiev et éviter un désengagement qui pourrait fragiliser la résistance ukrainienne.
Mais son engagement ne s’arrête pas là. En février 2025, il a ouvertement évoqué la possibilité d’envoyer des troupes européennes en Ukraine, brisant un tabou et mettant la pression sur les alliés de l’OTAN. Une déclaration qui a provoqué des réactions contrastées : si certains pays, comme la Pologne et les États baltes, soutiennent l’idée d’un engagement plus direct, d’autres, comme l’Allemagne, restent prudents. Macron se pose ainsi en chef de file d’une Europe qui refuse de rester passive face aux ambitions expansionnistes de Moscou.
Macron, chef de file de l’autonomie stratégique européenne ?
Si l’Ukraine reste au cœur de son agenda diplomatique, Emmanuel Macron entend également renforcer la position de l’Europe sur la scène géopolitique. Dans un discours prononcé début mars, il a rappelé l’urgence pour l’Union européenne de se doter d’une véritable capacité de défense autonome. « Les décisions politiques, les équipements militaires, les budgets ne remplaceront jamais la force d’âme d’une nation », a-t-il déclaré, appelant ses homologues européens à sortir de leur dépendance vis-à-vis des États-Unis.
Dans cette optique, Macron a réuni plusieurs dirigeants européens pour harmoniser les positions sur l’Ukraine et éviter que l’Europe ne reste spectatrice des grandes décisions internationales. Son objectif : renforcer la cohésion du continent face aux défis sécuritaires et affirmer un leadership européen plus indépendant.
Le président français milite également pour une accélération des livraisons d’armes à l’Ukraine, tout en plaidant pour une industrie de défense européenne plus robuste. Son discours s’inscrit dans la continuité de sa vision d’une « Europe puissante », capable d’agir de manière souveraine sans dépendre des États-Unis.
En parallèle, il a renforcé le dialogue avec l’Allemagne sur des projets militaires communs, notamment le Système de Combat Aérien du Futur (SCAF). L’objectif est double : moderniser les capacités européennes et réduire la dépendance aux technologies américaines. Ce positionnement, bien que contesté par certains partenaires européens plus proches de Washington, confirme le rôle moteur de la France dans la construction d’une défense et d’une independance européenne.
Un pari gagnant pour la France ?
En jouant sur tous les tableaux, Emmanuel Macron parvient à renforcer le poids de la France dans les affaires internationales. Son activisme diplomatique face à la guerre en Ukraine, son rôle de médiateur entre les États-Unis et la Russie, et son plaidoyer pour une Europe plus souveraine en matière de défense lui permettent d’occuper une position stratégique.
Il s’impose ainsi comme un dirigeant européen capable d’initier un dialogue avec toutes les grandes puissances. S’il parvient à convaincre ses homologues de suivre son cap, la France et l’Europe pourraient bien asseoir un peu plus son influence sur la scène internationale. Toutefois, cette ambition se heurte encore à des obstacles majeurs : la réticence de certains États européens à prendre leurs distances avec Washington, l’opposition ferme de la Russie et les incertitudes liées à la future administration américaine.
Si son pari diplomatique réussit, il pourrait bien être l’un des artisans majeurs d’un nouvel ordre européen. En revanche, si l’Europe peine à se structurer face aux défis géopolitiques, la France risque de se retrouver isolée dans sa quête d’autonomie stratégique. Reste à voir comment évolueront les rapports de force dans les mois à venir.
