L’attentat envenime les relations
Ces tensions se sont intensifiées depuis le ralliement officiel de la France à la position marocaine sur le Sahara occidental en juillet 2024. La crise diplomatique a pris une toute autre ampleur le 22 février 2025 à Mulhouse, lorsqu’un attentat au couteau a été perpétré par un Algérien sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français, tandis que l’Algérie refusait de reprendre l’individu au sein de leur territoire. « Ce qui est attendu, c’est que quand on prononce des OQTF, on puisse enfin parvenir à les appliquer » s’exclamait Patrick Mignola, ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement. Selon le ministre de l’intérieur, l’Algérie avait refusé à six reprises l’assaillant ayant commis l’acte terroriste.
Vers un durcissement des accords migratoires de 1968 ?
Le gouvernement dispose de plusieurs options pour faire pression sur l’Algérie. L’une d’elles consisterait à revenir sur les accords de 1968, qui régissent l’encadrement migratoire des Algériens en France. L’extrême droite qualifie ces accords d’« obsolètes » et souhaite leur révision. Par exemple, Xavier Bertrand avait proposé sur le plateau de TF1 de réfléchir à limiter les vols reliant Paris à Alger. François Bayrou envisage quant à lui de restreindre l’octroi de visas aux ressortissants algériens afin de contraindre le gouvernement algérien à accepter le retour des Algériens sous OQTF.
« La diplomatie, c’est toute une palette d’outils », Jean-Noël Barrot, Ministre des Affaires Etrangères
La voie par laquelle le gouvernement souhaite recourir est celle de la diplomatie, cependant afin de protéger les intérêts des français du mieux possible, le ministre des Affaires étrangères n’hésitera pas également à prendre des mesures plus coercitives. Tandis que Bruno Retailleau explique qu’il faut que « les pouvoirs publics algériens comprennent quelle est la détermination de la France. ». On observe alors un contraste entre les différents ministres qui composent ce gouvernement, marqués par leurs prises de position toutes plus éloignées les unes des autres.
Suite et réactions à venir
Alors que le Premier ministre tente de faire pression, Emmanuel Macron, quant à lui, privilégie la négociation de ces accords plutôt que leur simple dénonciation et appelle à l’apaisement. Dans le même temps, François Bayrou a accordé 4 à 6 semaines à l’Algérie pour améliorer les laissez-passer consulaires, faute de quoi les accords de 1968 seront revus et renégociés. Les prochaines semaines seront décisives, tant pour l’évolution des relations bilatérales que pour les mesures concrètes qui seront mises en place afin de répondre aux préoccupations politiques et sécuritaires soulevées par cet événement.
L’Algérie n’a pas respecté le droit international et ne peut pas offenser la France impunément. Un certain nombre de mesures, telles que les visas, les visas diplomatiques ou encore l’accord de 1968, doivent être envisagées. Je pense que la France doit choisir des moyens… pic.twitter.com/3LwHpbCKrF
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) January 19, 2025