Le 8 mars dernier a encore été un symbole retentissant de la lutte féministe. La Journée internationale des droits de la femme a de nouveau rassemblé des milliers de personnes cette année. Elle se place sous le signe de dénonciation des violences, des inégalités salariales, des féminicides et la montée des discours masculinistes. Les manifestations se sont organisées dans toute la France et ont rassemblé environ 250 000 personnes d’après le collectif organisateur Grève Féministe.
Depuis quand le 8 mars est-il le symbole de La Défense des droits de la femme ?
En 1977, l’Organisation des Nations Unies rend la journée internationale des droits de la femme du 8 mars officielle. Elle est apparue à la suite de mouvements sociaux survenus au XX° siècle en Amérique du Nord et en Europe. Cette journée marque la volonté de coordonner les efforts pour obtenir l’égalité femme-homme. Elle exige également la parité dans les milieux politiques et économiques. La Charte des Nations Unies de 1945, qui affirme le principe d’égalité entre femmes et hommes, la rend d’autant plus légitime. Chaque année, l’ONU définit un thème pour cette journée afin d’axer les débats et les actions. Le thème retenu pour 2025 est « Pour toutes les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation ».
La Journée internationale des droits de la femme a des racines plus anciennes. C’est Clara Zetkin, une journaliste et militante allemande, qui est à l’initiative de ce projet. A la conférence internationale des femmes socialistes de Copenhague de 1910, elle créa la première journée internationale de la femme. Celle-ci se célèbre le 19 mars dans divers pays d’Europe.
Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations Unies, a par ailleurs pris la parole en ce 8 mars pour valoriser ces droits. « De recul en recul, les droits humains des femmes sont attaqués. Au lieu de généraliser l’égalité des droits, nous assistons à la généralisation de la misogynie. Ensemble, restons fermes pour faire des droits, de l’égalité et de l’autonomisation une réalité pour toutes les femmes et les filles, pour tout le monde, partout. » A-t-il déclaré sur Instagram sous une vidéo qui retranscrit son discours.
A Angers, la lutte se renforce pour faire face aux discriminations.
A Angers, CSactu a suivi le cortège de 800 personnes dans les rues du centre-ville, contre 500 l’an dernier. Les Angevins ont défilé samedi après-midi dans une atmosphère de solidarité, de sororité et unité. De multiples messages engagés pouvaient être lus sur les pancartes des manifestants. On retrouve des phrases mêlant humour et dénonciations comme « Même mon chien comprend quand on lui dit non » ou bien « Les misos, c’est pour la soupe ». Elles traduisent la volonté des manifestants d’ancrer un message fort dans les esprits. Des chansons et slogans à l’image de la lutte pour l’égalité ont également été repris durant la marche.

Au cours de cet événement, la lutte contre le racisme, les discriminations contre la communauté LGBTQIA+ et autres formes de discrimination se retrouvent mêlées. Les multiples déclarations autour du féminisme intersectionnel permettent d’inclure l’ensemble des femmes du monde dans ce mouvement, parfois considéré comme dominé par une vision centrée sur les femmes occidentales, laissant place à des formes de discriminations. Cela a révélé l’importance de l’intersectionnalité de la cause féministe, de plus en plus mise en avant dans cette lutte. La mobilisation a d’autant plus été importante dans un contexte où le climat politique incertain menace les droits des femmes durement acquis. Entre ces pancartes, ces chants, ces sourires et cet espoir indiscutable se cache la crainte de voir ses droits reculer dans les prochaines années.
Le féminisme fait encore face à de nombreux défis malgré les avancées
Aujourd’hui, même après des décennies, la cause féministe défendue chaque 8 mars fait encore face à des défis majeurs. On constate notamment une décrédibilisation de la lutte ces dernières années en France. Le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes le démontre clairement. Dans son rapport de 2024, il constate que le sexisme progresse en France. Entre autres facteurs, il met en cause les discours masculinistes qui assignent un rôle domestique et maternel à la femme.

Cela s’associe au fait que les hommes perçoivent beaucoup moins le traitement inégal des femmes. En effet, 88% des femmes considèrent anormal le fait d’embaucher un homme plutôt qu’une femme à compétences égales, contre seulement 64% des hommes. De plus, 78% des femmes considèrent les commentaires sur des tenues vestimentaires problématiques, contre 60% des hommes.
Beaucoup perçoivent encore cette journée comme une célébration de la femme, durant laquelle elle doit être « mise à l’honneur ». Dans cette interprétation, le véritable message de la journée du 8 mars est effacé. Elle dissimule totalement le but principal de la commémoration des femmes travailleuses. L’appel à davantage d’actions concrètes pour éliminer la discrimination de genre est aussi négligé. Le travail d’information et de sensibilisation est encore nécessaire pour pouvoir faire entendre le sens réel de cette journée et mener une action collective efficace.
Les différentes visions de la cause accentuent le clivage politique
Le féminisme est une cause souvent reprise, avec des biais politiques qui divisent et fracturent parfois le mouvement. C’est particulièrement le cas du groupe féministe de droite Némésis. En effet, ce collectif, qui justifie souvent l’insécurité des femmes par l’immigration, ne défend pas d’autres aspects fondamentaux du féminisme comme le droit à l’avortement ou l’égalité salariale. Ce silence peut s’expliquer par des différences d’opinion au sein du groupe.
La présence de ce groupe à la manifestation de Paris a d’ailleurs généré des tensions. En effet, le reste de la manifestation s’est opposé à leur participation. Les participants du cortège principal ont dénoncé des idées homophobes, racistes, et une stigmatisation des migrants. Les 50 femmes du groupe, protégées par les policiers, ont défilé derrière le cortège principal. Elles n’ont pas échappé aux huées et aux messages d’opposition à leur vision de la cause. Si l’ensemble des manifestations se sont déroulées dans le calme, la venue des membres de Némésis a été le principal facteur de tension de cette journée à Paris.