« Les gens sont vraiment entrés dans ce système. Ils ont du mal à jeter », explique Michel Bages, trésorier de la Recyclerie Madeline. Pourquoi jeter lorsqu’on peut donner ? Pour lui c’est évident, le modèle de la recyclerie fonctionne plutôt bien à Riom.
Tellement bien que l’association a dû se déplacer au 66bis Boulevard Étienne Clémentel pour viser plus grand. « Avant on avait 33 mètres carrés, maintenant on en a 250. Et même 250 ça ne suffit pas, il en faudrait deux fois plus », lance le bénévole en souriant.
Une recyclerie bien remplie
Ces 250 mètres carrés sont effectivement bien remplis. À l’entrée de la boutique, des vases et d’autres objets de décoration intérieure accueillent les clients. Malgré la quantité d’objets apportés, se retrouver est plutôt aisé. « On a de tout donc il faut qu’on soit un peu ordonné », résume Michel Bages.
Après les décorations, place à la culture avec des meubles remplis de films, de séries et de disques. Les dictionnaires et livres de cuisine occupent quelques étagères en bois.
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Pour se divertir, les enfants et les adolescents peuvent compter sur un rayon jeux plutôt conséquent. À neuf heures, une femme recherche justement de quoi occuper ses enfants et regarde les peluches et jeux de société sur les étagères.
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Quelques étagères plus loin, changement de décor. Des outils de jardinage et de travaux sont suspendus : tuyaux, pots de fleur, casque de chantier. Nombreux sont les articles d’extérieur collectés par l’association au fil des années.
Côté décoration, la recyclerie propose d’innombrables objets de différentes tailles et usages. Toiles, lampes, horloges, bateaux en bois, Tour Eiffel en métal… « Moi j’ai toujours été pour les vieux objets », explique un habitué de la recyclerie en souriant. Il tient dans la main une poule en opaline. La partie inférieure de l’objet est manquante mais cela lui importe peu. « Le tout c’est d’accumuler les petits trucs et un jour on trouve le reste », lance-t-il d’un air convaincu.
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Il consulte les nombreux autres objets présents sur l’étagère à la recherche d’un éventuel coup de cœur. Selon lui, certains objets bas de gamme n’ont pas leur place ici. « Les gens vont acheter des objets chinois. Je suis stupéfait de voir que les gens payent pour ces choses », regrette-t-il. Difficile d’affirmer avec certitude le nombre d’objets produits en Chine. À l’inverse, d’autres affichent fièrement leurs lieux de production : Italie, France…
Un modèle qui séduit
Pauline est une adepte de ce mode de consommation. « J’ai l’habitude d’aller aux Mains Ouvertes à Gerzat (63) », explique la jeune femme en référence à cette autre association qui allie don et vente d’objets. « Aujourd’hui, je découvre la Recyclerie Madeline », ajoute-t-elle.
« Ma fille va avoir un bébé donc je vais voir si je trouve quelque chose », explique Lydia, une autre cliente. Pour elle, la recyclerie « évite le gâchis. Ça évite qu’on jette ».
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« J’aime le concept parce que c’est des objets de seconde main », dit Pauline en souriant. Le principe de la recyclerie lui plaît car il a peu d’impact sur l’environnement. « J’ai eu une prise de conscience un peu tardive de l’urgence pour l’environnement », avoue-t-elle. Elle s’est interrogée sur sa propre consommation et essaye désormais de « boycotter les achats et la production ».
Ce modèle de commerce est aussi bénéfique au niveau du porte-monnaie. « Les gens vont avoir de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. Or, ici tout est à petit prix », conclut Pauline.
Vers 10 heures, les clients sont plus nombreux. Ils s’arrêtent devant les rayons, cherchant la bonne affaire. Au rayon cuisine, une dame compare longuement des poêles avant de repartir. Un autre client passe de rayons en rayons et s’arrête devant certains articles.
Quatre fois par an, la recyclerie organise des braderies. « On fait tout à moitié prix », raconte Michel Bages. Les prix sont alors plus bas qu’il ne le sont déjà, ce qui intéresse des clients. La boutique se fait aussi connaître lors de certains événements. « L’année dernière on a fait le marché solidaire à Riom. Ça avait bien marché, c’était très sympa », ajoute-t-il.
Les visages derrière la recyclerie
Sept ans après sa création, qui se trouve derrière cette florissante recyclerie ? Un groupe de bénévoles ravis de pouvoir revaloriser des objets bien souvent jetés.
Christine, bénévole depuis six mois, est convaincue par ce modèle. « Je venais régulièrement en tant que cliente. Il y avait une affiche expliquant qu’ils recherchaient des bénévoles et je me suis inscrite », dit-elle en souriant.
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Des bénévoles comme elle, il y en a une trentaine « qui tournent sur six matinées », raconte Michel Bages avant de saluer un client entrant dans la recyclerie. L’un des objectifs de l’association était de créer de véritables postes. « On a créé deux emplois, l’un à l’administratif et l’autre à l’atelier », explique le trésorier.
Dans la boutique, quelques bénévoles s’affairent : réorganisation des rayons, ajout de nouveaux objets. Dans l’atelier situé à l’arrière, les réparations de vélos et autres objets s’enchaînent. « On les nettoie et on les répare si besoin puis on les revend », explique le trésorier.
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La recyclerie fait aussi des partenariats. « On va chercher tout ce qui peut être réparé, tout ce qui marche bien mais que les gens ont jeté », explique Michel Bages. La recyclerie s’ouvre par exemple aux livres : « on vient d’avoir un partenariat avec Éco-livres ». Cela explique la quantité d’ouvrages sur les étagères. « On essaye de travailler un peu avec tout le monde », résume-t-il.
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Midi, déjà l’heure de repartir. Les clients continuent d’entrer et sortir, signe d’un modèle qui a de beaux jours devant lui. « Les recycleries c’est l’avenir », lance Pauline dans un sourire.