Élections en Allemagne : Un séisme politique  

Ce 23 février 2025 se sont tenues les élections législatives allemandes, marquant un tournant historique dans le paysage politique du pays.

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Friedrich Merz, chef de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et principal candidat de son parti au poste de chancelier ©AFP - MICHAEL KAPPELER - Getty Images
Friedrich Merz, chef de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et principal candidat de son parti au poste de chancelier ©AFP - MICHAEL KAPPELER - Getty Images

Une participation record

Avec une participation record de 82,5 %, les électeurs ont exprimé un profond désir de changement, bouleversant l’équilibre traditionnel des forces en présence. Si l’Union chrétienne-démocrate (CDU/CSU), dirigée par Friedrich Merz, est arrivée en tête avec 28,5 % des voix, il s’agit néanmoins de l’un de ses pires scores historiques, illustrant la défiance croissante envers les partis traditionnellement au pouvoir.  

Le Parti social-démocrate (SPD) du chancelier sortant Olaf Scholz a quant à lui essuyé une défaite cinglante, atteignant seulement 16,4 % des suffrages, soit son plus bas niveau depuis 1887. L’usure du pouvoir, conjuguée à une gestion controversée de l’économie et des tensions autour des politiques migratoires, a grandement contribué à cet effondrement.

Cette débâcle complique considérablement les perspectives d’une nouvelle coalition entre le SPD et ses alliés des Verts (qui n’ont obtenu que 12,3 % des voix) et du parti libéral FDP (5,6 %), rendant une reconduction du gouvernement sortant quasi impossible.  

Une percée historique pour l’extrême droite

L’Alternative pour l’Allemagne (AfD), en revanche, confirme son ascension fulgurante. Le parti d’extrême droite, a été l’un des grands gagnants du scrutin. En doublant sa représentation parlementaire et en s’imposant comme la première force politique dans les Länder de l’Est, elle confirme son enracinement dans les territoires les plus marqués par la désindustrialisation et la précarité. L’AfD avec Alice Weidel comme tête d’affiche a également réalisé des percées significatives dans certaines régions de l’Ouest, séduisant un électorat principalement préoccupé par l’immigration et le pouvoir d’achat. 

Dans un tout autre registre, Die Linke, le parti de la gauche radicale, a connu un regain de popularité avec 8,8 % des voix, porté notamment par les jeunes électeurs (18-24 ans), soucieux des questions sociales et climatiques. La polarisation croissante du débat politique allemand, où les partis centristes peinent à maintenir leur emprise face aux forces populistes et radicales explique en grande partie cette reprise de vitesse pour le parti Die Linke.

Quel avenir politique pour l’Allemagne ? 

L’enjeu des prochains jours sera donc la formation d’une coalition viable pour gouverner le pays. Friedrich Merz, en dépit de la victoire relative de la CDU/CSU, devra jongler entre différentes options, notamment une alliance avec le SPD, voire une ouverture vers les libéraux du FDP. Malgré toutes ces schéma de collaboration parlementaire, une chose est d’ores et déjà sur, aucun gouvernement avec l’AfD ne vera le jour. C’est ce qu’a de nouveau indiqué le chef de l’union chrétienne-démocrate (CDU) dès l’annonce des résultats ce dimanche.

Dans l’ensemble, ces résultats marquent un virage à droite de la politique allemande, mais dans un contexte d’extrême volatilité. La montée de l’AfD inquiète, mais elle ne garantit pas un basculement définitif. Le vote protestataire traduit avant tout une lassitude face aux partis traditionnels, et rien n’indique que ce nouveau paysage politique soit stable. L’Allemagne entre dans une période d’incertitude, dont l’issue façonnera non seulement son avenir, mais aussi celui de l’Europe.

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