Depuis près d’un mois, 300 bateaux de pêche sont bloqués au port, pour protéger les mammifères marins du Golfe de Gascogne. Une réglementation sévère pour aller vers une pêche plus respectueuse.
La solution a-t-elle été trouvée ? Depuis le 22 janvier, et jusqu’au 20 février prochain, plus de 300 navires de pêche français et étrangers sont forcés de rester à quai. La raison, une décision du conseil d’Etat prise en 2023. Trois associations avaient convoqué la plus haute juridiction administrative française. Elles avaient pour but de trouver une solution pour protéger les mammifères marins du Golfe de Gascogne. Mis en place une première fois début 2024, l’arrêté a été reconduit en cette année 2025. Les navires de plus de 8 mètres de long ne peuvent donc plus se rendre en mer pour pêcher pendant un mois.
Cette mesure s’inscrit dans un questionnement plus large du système de pêche français. Basé sur un modèle productiviste, les considérations pour la biodiversité marine y sont assez faibles. À l’appui, un rapport étayé de l’association Bloom publié en janvier 2024. Ce dernier dresse un état des lieux complet de cette industrie. Il propose également des solutions pour en améliorer l’impact socio-écologique.
Des bateaux plus petits
Pour entamer une transition vers une pêche plus respectueuse, Bloom encourage l’adoption d’un nouveau mode de pêche. Fini les gros bateaux polluants, et leurs techniques de pêche destructrices. Pour permettre au secteur d’allier économie et écologie, un retour vers des embarcations plus petites est plébiscité.
Le souci, c’est que ces flottilles ont un gros défaut. Elles représentent près de 60% des captures accidentelles. Ces bateaux utilisent ce qu’on appelle les arts dormants. Ces techniques de pêche sont basées sur les lignes, les casiers ou les petits filets. De nombreux mammifères marins, ou oiseaux se retrouvent pris accidentellement par les pêcheurs.
Une régulation qui va dans le bon sens
C’est ici que l’intervention des pouvoirs publics se fait. Si les interdictions de pêche dans le Golfe de Gascogne sont une première en France, leur efficacité devrait inspirer d’autres territoires. À la suite de la période d’interdiction de 2024, la mortalité des petits cétacés, dont les dauphins, a drastiquement baissé. Selon l’observatoire des mammifères et oiseaux marins du CNRS Pelagis, les chiffres auraient diminué de 76%.
Un chiffre encourageant qui est également dû à une seconde mesure prise pour protéger les cétacés. Le Conseil d’État a déposé un autre arrêté obligeant une centaine de navires, des fileyeurs et chalutiers, de s’équiper en caméras embarquées. Le texte leur donne jusqu’au 30 octobre 2025 pour les installer, sous peine d’amendes. Pour éviter les pêches accidentelles, certains pêcheurs s’équipent même de radars et de signaux répulsifs à dauphins.
Les arts dormants, espèce en voie de disparition
Si cette obligation de rester au port venait à se répéter, cela pourrait également conduire certains pêcheurs vers des embarcations plus petites. Les bateaux de moins de 8 mètres sont autorisés à pêcher. Cette potentielle responsabilisation des professionnels de la pêche, irait dans le sens des recommandations de Bloom. Alliée aux interdictions provisoires, l’émergence de flottilles créerait un cercle vertueux en réduisant le principal inconvénient de ces dernières.
Malgré tout, cette hypothèse est à nuancer, car loin d’être envisageable sur un court terme. La petite pêche côtière, soit plus de 70% des navires, est sur le déclin. Il est aujourd’hui tel qu’on peut parler d’une menace de disparition. Dans le même temps, beaucoup de pêcheurs ont du mal à comprendre ce genre de restriction, qu’ils jugent injustes. Pour espérer redynamiser cette branche, les pouvoirs publics ne doivent plus seulement agir en réaction. Il faut qu’ils s’attaquent plus en profondeur à ce secteur important de l’économie française.