Décret de l’état d’urgence à la frontière mexicaine, déploiement de l’armée, suppression du droit du sol. Tant de mesures faisant partie des tous premiers décrets signés par le président américain après avoir fait de l’immigration le thème central de sa campagne. Sans perdre une seule seconde, il a signé une série de mesures relatives à l’immigration, réduisant à néant le droit de demander l’asile et d’autres formes de protection humanitaire aux Etats-Unis.
Attaquer les lois immigrations
Donald Trump a lancé son offensive anti-immigration à coup de déclarations brutales et de décrets chocs, en témoigne l’annonce de l’ « état d’urgence à la frontière sud » avec le Mexique suivie par celle de la reprise de la construction du mur. “Toutes les entrées illégales seront immédiatement bloquées. Et nous allons commencer le processus de renvoi de millions et de millions de criminels étrangers d’où ils viennent”, a-t-il déclaré ce 20 janvier. Une décision qui reviendrait à mettre en danger la vie de ces demandeurs d’asile pour Manon Lefèvre, maîtresse de conférences en Civilisation des Etats-Unis, : “Il faut maintenant craindre des tensions dans les camps de fortune établis à la frontière, de possibles violences, ou encore des épidémies en raison des conditions de vie difficiles”.
Mais surtout, le président nouvellement élu a signé un décret remettant en cause le droit d’asile et le droit du sol, qu’il a qualifié de « ridicule », alors que ce dernier est pourtant protégé par le 14e amendement de la Constitution. Résultat quelques minutes plus tard, l’application CBP-One, que les demandeurs d’asile devaient utiliser pour prendre rendez-vous avec les autorités américaines est désactivée. Une décision qui n’est pas pour déplaire à ses électeurs, en témoigne Jessi Rudar, jeune américaine de 20 ans : “Sous le mandat de Biden, il y avait constamment des migrants illégaux qui venaient aux Etats-Unis et menaçaient la sécurité des habitants”. Etonnant pourtant, quand de nombreuses études prouvent que les immigrants impliqués dans des crimes sont une infime minorité et qu’ils sont en outre essentiels à la bonne santé économique du pays.
Des mesures inconstitutionnelles
Au-delà de porter atteinte aux droits humains, Donald Trump s’attaque à la Constitution de son propre pays en adoptant des mesures contraires aux amendements. Inquiétant selon la spécialiste des Etats-Unis : « historiquement, d’autres régimes autoritaires ont fait sauter des verrous censés protéger la démocratie, donc on est à l’abri de rien.« . Cette remise en cause du droit du sol a néanmoins immédiatement été contestée en justice par 22 États américains, dont la Californie et New York, qui pointent son inconstitutionnalité. « Il s’agit d’un ordre manifestement inconstitutionnel », a estimé le magistrat fédéral John Coughenour, cité par des médias locaux lors d’une audience à Seattle.
Ce 14e amendement, adopté en 1868 après la guerre civile pour clarifier le statut des bébés nés de parents autrefois esclaves, stipule que « toutes les personnes nées ou naturalisées aux Etats-Unis, et soumises à la juridiction de ces Etats, sont des citoyens des Etats-Unis ». Pour les opposants à ce décret, au moins 150.000 bébés nés aux Etats-Unis chaque année seraient concernés.
Restriction des droits humains en cascade
Dans le cadre de son offensive anti-immigration, Donald Trump tente également de restreindre la citoyenneté de naissance. Une juridiction permettant à toute personne née aux États-Unis d’en devenir automatiquement citoyenne. Et en plus de ça, d’autres décisions ont été prises pour tenter de justifier l’implication de l’armée américaine dans le maintien de l’ordre civil en matière d’immigration, notamment un recours accru à la détention des migrants et à l’expulsion accélérée sans procédure régulière. “Ces mesures que Trump va mettre en place vont protéger la sécurité des Américains et l’économie du pays”, se réjouit la jeune américaine, Jessi Rudar. Mais à quel prix ? Celui des droits humains.
Dans cette logique de restriction de ces derniers, de nombreux autres textes ont été signés par le président américain. Parmi eux, un texte compliquant les démarches administratives pour les personnes transgenres et/ou non-binaires, les empêchant d’accéder à la transition de genre hormonale. Un autre retirant, à nouveau, les Etats-Unis de l’accord de Paris, ou encore un troisième actant le retrait du pays de l’Organisation Mondiale de la Santé.