Qui sont ces groupes rebelles ?
L’Armée de Libération Nationale aussi appelée ELN est un groupe rebelle placé sur la liste des organisations terroristes de l’Union Européenne, des Etats-Unis et du Canada. Dès sa création en 1964, l’ELN proclame sa volonté de prendre le pouvoir pour établir un nouveau gouvernement “démocratique et populaire”.
Les dissidents des FARC sont d’anciens membres des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie ayant refusé le traité de paix de 2016 avec le gouvernement. Ces dissidents, d’abord peu nombreux, ont été rejoints par d’anciens membres des FARC mais également par des personnes n’ayant pas appartenu à ce groupe. Désormais ils sont divisés en deux groupes rivaux : le “Bloc sud-oriental” et la “Segunda Marquetalia”.
Ces groupes se financent grâce à la participation à des activités criminelles diverses comme des kidnappings, des extorsions ou des prises d’otages mais principalement par le trafic de drogue.
Les raisons de cette escalade de violences
Des tensions existaient déjà entre les deux groupes, malgré leurs négociations de paix afin de permettre une trêve. La rupture de cette dernière serait due à l’augmentation de l’influence des dissidents des FARC dans la région du Catatumbo et cela aurait “attisé la rivalité”, selon Luis Fernando Trejos, spécialiste du conflit armé dans cette région. En effet, les deux groupes se disputent la culture de la coca très importante dans le Catatumbo: 44 000 hectares selon l’ONU. Sa localisation à la frontière du Venezuela en fait un carrefour stratégique pour le narcotrafic et le déplacement des groupes armés. De plus, cette région est marquée par la pauvreté et l’absence de l’État, cela permet donc aux groupes armés de gagner en légitimité auprès de la population.
De plus, selon les médias colombiens, tant que Richard Suarez ne se sera pas rendu a l’ELN “le sang continuerait à couler à Catatumbo”. Cet individu serait, d’après El Colombiano, un dissident des FARC jouant un rôle clef pour faire rentrer l’argent au sein de l’organisation.
Les conséquences de ces affrontements virulents
Le président actuel Gustavo Petro ayant comme objectif la “paz total” dans son pays avait réussi à négocier des accords et cessez-le feu avec des groupes armés comme le Clan del Golfo mais certains n’ont pas respecté ces accords. Cependant le président avait réussi à conclure un cessez-le-feu de six mois avec l’ELN, entré en vigueur le 3 août. En effet, son projet est d’instaurer un dialogue et des négociations avec des acteurs politiques, militaires mais aussi des criminels organisés.
Les civils sont encore une fois pris au piège de cette violence. En effet, plus d’une centaine de morts sont recensées, des dizaines de personnes sont blessées et d’autres ont été enlevées ou menacées. En réponse à cela, un déplacement massif de la population est observé et la majorité des déplacés se retrouvent dans des infrastructures de refuge temporaires.
Luis Fernando Trejos affirme que “l’ELN attaque tout le monde sans distinction entre civils et combattants” et cela n’était pas courant auparavant. On assiste aujourd’hui à de nombreuses violations des droits de la population civile justifiant cet exil massif.
La réponse du gouvernement
Face à la crise, Gustavo Petro a décrété l’état d’urgence interne et économique avant de limiter ces mesures à la région de Catatumbo et d’abandonner l’état d’urgence économique. Pour rétablir l’ordre, 5 000 soldats ont été envoyés dans le département de Norte de Santander, tandis que les mandats d’arrêt contre 31 dirigeants de l’ELN ont été réactivés. Le président a également sollicité l’appui du Venezuela pour combattre les groupes armés à la frontière. Malgré ces efforts, la situation reste hors de contrôle, fragilisant sa politique de « paix totale ». En suspendant les négociations avec l’ELN, il affirme une position plus ferme face au conflit.