La Biélorussie : Un pays condamné ? 

Les élections ont eu lieu en Biélorussie ce 26 janvier. Victoire avec 87,6 % des voix d’ Alexandre Loukachenko, selon un sondage officiel réalisé à la sortie des urnes. Bis répétita. Les années se suivent et se ressemblent dans ce petit pays est-européen. 

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Alexandre Loukachenko, un dirigeant intransigeant... - Photo by Icon Sport

Les élections ont eu lieu en Biélorussie ce 26 janvier. Victoire avec 87,6 % des voix d’Alexandre Loukachenko, selon un sondage officiel réalisé à la sortie des urnes. Bis répétita. Les années se suivent et se ressemblent dans ce petit pays est-européen. 

La dernière dictature… Voici le surnom attribué à la Biélorussie. Peu mélioratif, il met en exergue un pays dirigé avec une main de maître par un homme depuis 1994, Alexandre Loukachenko. Néanmoins, il est important de nuancer le terme « dictature”-« . 

« Dictature, je n’utilise pas ce terme parce que ce terme pour la Biélorussie. La dictature, c’est un terme très précis en histoire. Il se réfère à l’époque romaine et ne correspond pas réellement à la situation actuelle en Biélorussie. On peut plutôt parler d’un autoritarisme. Un système se situant entre une démocratie illibérale comme la Hongrie et un régime plus dictatorial comme la Russie. Il s’agit d’un système hybride où il y a un pouvoir policier très fort, un pouvoir politique entre les mains de certaines personnes, dont le président Alexandre Loukachenko. Sans oublier, une opposition réduite à une peau de chagrin, des médias qui n’existent quasiment pas. Une régime autoritaire oui, une dictature non« , explique avec clarté Pauline Soulier, docteur en science politique, chercheur associé à l’IRM CMPRP (Institut de recherche Montesquieu au Centre Montesquieu de Recherche Politique) de l’université de Bordeaux.

Un petit peu d’histoire 

Pour comprendre la situation dans laquelle se trouve la Biélorussie, il faut retourner un peu en arrière. 1991, l’URSS se disloque, un État biélorusse naît. Les trois ans à venir sont synonymes d’espoir pour ce petit pays. Ces voisins hongrois, polonais, roumains… tendent vers la démocratie et le capitalisme suite à la thérapie de choc. En ligne de mire une possible adhésion à l’Union Européenne qui viendra pour la plupart dans les années 2000. Pour la Biélorussie, ce n’est pas la même histoire. Son agriculture et son économie ne sont pas assez solides pour réaliser les mêmes prouesses que leurs voisins. La catastrophe nucléaire de Tchernobyl, le 26 avril 1986, a laissé une empreinte trop importante sur le territoire. Malgré une tentative d’installation d’une démocratie, le peuple biélorusse n’arrive pas à trouver une réelle stabilité. Le tournant arrive en 1994, date à laquelle Alexandre Loukachenko arrive au pouvoir. 

« En 1994, Loukachenko est élu démocratiquement, parce qu’il ne faut pas oublier que l’élection de 1994 est la seule et unique élection démocratique en Biélorussie. Très vite, il installe son pouvoir autoritaire et personnel.”, met en avant Pauline Soulier. La Biélorussie est tombée dans le piège et n’en est toujours pas sortie.  

Et dans le futur alors ? 

Entre 1994 et aujourd’hui, pas grand chose à signaler. Le président se fait élire dans des élections truquées et impose sa vision au peuple biélorusse. La question qui se pose maintenant est : est-ce que le pays va un jour se sortir de cet engrenage ? Difficile à dire mais néanmoins, on a quelques pistes tout de même. Des signaux positifs minimes sont présents depuis quelques années. En 2020-2021, les citoyens biélorusses ont manifesté assez massivement contre le pouvoir en place. Au centre de la revendication, la mise en place d’une réelle démocratie suite à l’élection de 2020 que beaucoup ont jugée truquée. Avec un score de 80 % face à la candidate de l’opposition Svetlana Tikhanovskaïa, Alexandre Loukachenko est certes réélu assez largement mais doit faire face à une contestation populaire. Malgré son côté autoritaire, il a tout de même lâché un peu de lest. 

« Il a essayé un petit peu d’apaiser les choses en faisant un référendum pour modifier la Constitution en proposant de limiter le nombre de mandats présidentiels à deux, sans prendre en compte les mandats précédents« , dit la docteur en science politique.

Une petite ouverture qui peut peut-être redonner un peu d’espoir à l’opposition, actuellement à l’étranger car poursuivies en Biélorussie. Cela signifie que si rien ne change dans les années à venir, Alexandre Loukachenko ne pourra pas se représenter en 2035. Il faudra de la patience pour espérer un changement… 

Une opinion publique massivement contre le système ? 

Les 87,6 % des voix d’ Alexandre Loukachenko lors des élections du mois de janvier sont très loin de représenter l’avis du peuple biélorusse. Il est difficile de savoir quelle en est la part de déviance envers le gouvernement en place. Néanmoins on peut aisément émettre l’hypothèse que le chiffre est assez élevé. 

« Au vu des manifestations qu’il y a pu y avoir et du nombre de personnes qui sont emprisonnées pour des raisons dites politiques, on peut dire que le peuple n’est pas favorable. Après dans quelle proportion cela est plus complexe. Plus de 50% fort probablement, mais on ne peut pas avoir à l’heure actuelle de chiffres exacts. On n’a pas vraiment de visibilité de ce qui est en train de se passer puisque l’accès à internet est très limité depuis quelques jours« , conclut Pauline Soulier. 

Si on ajoute à tout cela sa proximité avec la Russie de Vladimir Poutine, il est difficile d’être optimiste pour le futur de la Biélorussie. À l’instar de ses voisins est-européens, la chute de l’URSS est un événement auquel le pays n’a jamais réussi à se relever. La mascarade démocratique est maintenant finie, rendez-vous dans 5 ans pour de nouvelles piètres élections…    

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