« Je suis là depuis 2012, je suis prévu jusqu’en 2026, la prochaine Coupe du monde, mais ça s’arrêtera là car il faut que ça s’arrête à un moment », a annoncé mercredi 8 janvier Didier Deschamps lors d’une interview diffusée à 13 heures sur TF1. L’emblématique sélectionneur de l’équipe de France tirera donc sa révérence à l’issue du mondial Nord-Américain. Cette décision, que beaucoup attendaient, marque la fin d’une longévité exceptionnelle à la tête des Bleus. Douze ans (quatorze ans en 2026) marqués par un titre mondial, une finale d’Euro et de Coupe du monde mais aussi un trophée en Ligue des nations. Aujourd’hui « DD » sait avoir fait son temps et souhaite s’enlever les différentes pressions qui planent au-dessus de sa tête et de son poste.
Une fracture interne et populaire de plus en plus perceptible
Car oui, le sélectionneur de 56 ans peine désormais à fédérer un groupe autour de lui. Terminé l’âge d’or de 2016 et de 2018, la réalité est aujourd’hui beaucoup plus contrastée. « En interne, il y a une usure qui est nette depuis un moment. Il y avait déjà eu cette idée d’arrêter après la Coupe du monde 2022. Il y avait déjà eu une certaine lassitude, le message ne passait peut-être pas aussi facilement qu’avant », explique Romain Molina, journaliste et écrivain spécialisé dans le football. A tel point que certains joueurs ont organisé des réunions entre eux pour exprimer leur ras-le-bol. Et ils ne sont pas les seuls : les fans et les suiveurs avaient, depuis quelque temps, de plus en plus de mal avec l’Equipe de France version Deschamps, notamment face au jeu proposé, à l’image de l’Euro 2024 en Allemagne conclu, certes en demi-finale, mais avec des performances soporifiques. « Je ne suis pas satisfait de la manière dont joue l’équipe de France. Il y a un désintérêt autour de cette équipe car la plupart du temps, on s’ennuie », estime Hugo Guillemet, journaliste à L’Equipe.
« Ça va décrisper tout le débat autour de sa personne. »
Sous le feu des critiques, Didier Deschamps a donc préféré prendre les devants en annonçant la fin imminente de son mandat avec les Bleus. Un moyen pour lui de conserver à coup sûr sa place. « Il est malin. Il y avait le risque de ne pas faire la Coupe du monde, car ça ne se passe pas bien du tout. Depuis un moment, les joueurs ne sont pas réceptifs au message, donc quelque part, en disant ça, les mecs se disent : « OK, il nous en reste une et après, on passe à autre chose. Il légitime sa position pour 2026 », analyse Romain Molina. La pression populaire sera aussi moins forte sur ses épaules, alors que l’ombre de Zidane se faisait de plus en plus oppressante. « Le fait qu’il s’en aille, ça va décrisper tout le débat autour de sa personne. J’étais favorable au fait qu’il s’en aille, maintenant que je sais qu’il va s’en aller, je serai moins virulent et je vais attendre que la page se tourne », affirme Hugo Guillemet.
Un an et demi pour terminer en beauté
Toutefois, « DD » est encore en mission à la tête des Bleus pour un an et demi. Le sélectionneur, en grand compétiteur, n’est pas rassasié et cherchera à faire mûrir la nouvelle génération tricolore qui succède notamment à Antoine Griezmann, Olivier Giroud et Raphaël Varane. L’objectif rêvé de tous : une troisième étoile pour l’équipe de France en 2026. « Remporter deux fois la Coupe du monde en tant que sélectionneur et une fois en tant que joueur, personne ne l’a jamais fait. Ce serait évidemment la cerise sur le gâteau », observe Oscar Lippert, journaliste Opta passé par France Football. Sans oublier, dès mars prochain, la Ligue des nations que la France a déjà décrochée en 2021. Les hommes de Didier Deschamps affronteront la Croatie en quarts de finale. Une compétition à ne pas négliger qui pourrait garnir un peu plus l’armoire à trophée du plus grand sélectionneur de l’histoire de l’équipe de France…
