Un peu d’histoire…
Ougarit, également appelée Ugarit, était une ancienne cité du Proche-Orient, située dans l’actuelle Ras Shamra, en Syrie. Capitale d’un royaume florissant entre 1800 et 1185 avant J.-C., cette cité remonte à environ le 11e millénaire avant notre ère. Depuis le début des fouilles archéologiques en 1929, une vaste quantité de documents et d’informations ont été recueillis sur cette civilisation et son royaume.
Les fouilles d’Ougarit ont révélé un imposant palais royal, des temples, des résidences de tailles variées, ainsi qu’une tablette portant un hymne sémitique. Le terme « sémite » désigne ici les peuples du Proche-Orient ancien tels qu’ils sont répertoriés dans la Bible hébraïque.
L’hymne hourrite à Nikkal
Les Chants hourrites, écrits dans une langue morte d’Asie Mineure, forment une collection de trente-six morceaux de musique gravés sur des tablettes d’argile découvertes à Ougarit. L’un de ces hymnes, dédié à la déesse du Verger Nikkal, date d’environ 1400 avant J.-C. Cet hymne semble être une invocation pour accorder la fertilité aux femmes stériles.
L’hymne dédié à Nikkal a été étudié par la professeure d’assyriologie Anne Draffkorn Kilmer, assistée de la musicologue Marcelle Duchesne-Guillemin. Ensemble, elles ont tenté de déchiffrer cette tablette, révélant ainsi la plus ancienne notation musicale connue à ce jour. Cette découverte a bouleversé notre compréhension de l’histoire de la musique, prouvant l’existence d’une théorie musicale élaborée bien avant les Grecs, contrairement à ce que certains spécialistes avançaient. De cette recherche est né le disque « Sounds from Silence », réalisé avec le collègue de Kilmer, Richard Crocker, offrant un aperçu précieux sur la musique antique du Proche-Orient.
Selon un article publié en 1988 par le musicologue Robert Fink dans la revue « Archeologia Musicalis », ces compositions démontrent que la notion d’harmonie existait déjà il y a 3400 ans dans la musique sumérienne.