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« Les violences ne baissent pas ! Tous les ans on sait que les chiffres vont être les mêmes »

Dans un grand entretien réalisé à la suite des manifestations, pour la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, Marie-Charlotte, militante #Noustoutes, revient sur cet événement et sur les combats qu’il reste à mener pour faire avancer la cause.

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Les manifestantes sont toujours aussi nombreuses. crédits : #Noustoutes
Les manifestantes sont toujours aussi nombreuses. crédits : #Noustoutes

Dans un grand entretien réalisé à la suite des manifestations, pour la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, Marie-Charlotte, militante #Noustoutes, revient sur cet événement et sur les combats qu’il reste à mener pour faire avancer la cause.

RL : Vous aviez des objectifs pour cette mobilisation, ont-ils été comblés ?

Marie-Charlotte : « On est vraiment contentes de la mobilisation. La CGT a fait un décompte qui est de 110 000 personnes à travers la France. On constate qu’il y a une mobilisation constante par rapport aux précédentes années et ça, c’est plutôt positif. Après, avec toutes les affaires judiciaires qu’il y a eu cette année, comme l’affaire Pélicot, on s’attendait à un sursaut de la part du grand public. Néanmoins, on est contents que les gens continuent de se sentir concernés, parce qu’il y a tout un travail de communication et de fond qui est fait par les militantes féministes pour sensibiliser les gens. On pense que si les gens viennent aux manifestations, c’est parce que le message passe. »

« Après si la communication est un élément important, ça ne fait pas tout. Cette année, il y avait aussi un certain nombre d’associations qui étaient présentes. Ces organisations de terrains sont essentielles, car elles accompagnent les victimes et effectuent un travail remarquable, avec de moins en moins de moyens. Il y avait aussi tous les autres collectifs féministes comme la fédération des parapluies rouges, SOS homophobie, le planning familial, toutes des femmes, la marche féministe antiraciste, etc.. Ces collectifs sont importants, car ils sont présents dans la communication et dans les événements pour que la question des violences faites aux femmes et aux minorités de genre puisse se répandre dans le débat public. Cela nous permet aussi d’être accompagnées par des associations subventionnées parce qu’on ne reçoit aucune subvention, on est 100% bénévoles. ».

crédits : adri1_photography

RL: Certaines zones en France n’ont pas d’antenne locale #Noustoutes, est-ce qu’il y a une volonté de la part de votre collectif de s’implanter dans toute la France ?

« #Noustoutes, c’est à peu près une centaine de comités locaux en France. Pour autant, ce n’est pas nous qui décidons d’ouvrir des comités, ce sont les personnes sur leurs territoires qui décident d’ouvrir un comité #Noustoutes. On a mis en place des outils pour les accompagner dans l’installation de leur comité local. Il y a vraiment des échanges constants pour obtenir des informations et ne pas se sentir isolées sur son territoire, ça permet aux comités de communiquer entre eux à travers toute la France. Après, sur les territoires où il n’y a pas de comité, on est plutôt optimistes et on pense que ça va venir, du moins, on l’espère en tout cas.« .

« Les violences faites aux femmes ça concerne tout le monde et pour nous, être passif, c’est une forme de complicité » Marie-Charlotte, militante au sein du collectif #Noustoutes.

RL: On voit de plus en plus d’hommes dans les manifestations du 25 novembre, quel est selon vous le rôle que doivent jouer les hommes dans cette lutte contre les violences faites aux femmes ?

« On est contentes de voir qu’il y a des hommes alliés. Ce qu’on demande aux hommes, c’est de s’éduquer, de s’informer et de ne pas rester passif, comme beaucoup ont tendance à le faire. Ceux-là considèrent qu’ils n’ont pas eu de comportements problématiques et qu’ils peuvent continuer leur vie en ne se sentant pas concernés. D’abord, ça concerne tout le monde et pour nous, être passif, c’est une forme de complicité. On ne peut pas avoir ce comportement, avec les chiffres des violences qu’on connaît en France, qui sont 1 viol ou une tentative de viol toutes les 2 minutes 30, 3 féminicides, tentatives de féminicides par jour ou suicide forcés… C’est un océan de violences dans lequel les femmes doivent vivre chaque jour de leur naissance, jusqu’à l’EPHAD. Donc ce qu’on leur demande, c’est de faire comme font les femmes et de se déconstruire, de se renseigner, de s’éduquer parce que le féminisme, c’est un chemin qu’on emprunte et pas seulement pour le bien des femmes, mais pour le bien de tous. ».

Véronique Pingard (50)
Véronique Pingard

RL: Pareillement, comment éduque-t-on les enfants au combat des violences faites aux femmes, qu’est-ce qui est le plus adapté ?

« Une de nos revendications, c’est la prévention et la formation. C’est valable pour les adultes, mais aussi pour les enfants. Depuis 2001, il y a une loi qui a été voté pour que dans les établissements scolaires, les enfants reçoivent trois heures par an d’éducation à la vie affective et sexuelle. Dans la majorité des établissements, ce n’est pas fait, et ce pour tout un tas de raisons. Des raisons qui peuvent être compréhensibles, comme un manque cruel de moyens, mais c’est aussi parfois un manque de volonté. On est absolument convaincues que la culture du consentement est l’un des outils les plus efficace pour lutter contre la culture du viol. Et ça, c’est quelque chose que l’on doit apprendre dès l’enfance. La culture du consentement ce n’est pas seulement lié aux agressions sexuelles, c’est sur tout au quotidien et c’est complètement fondamental. ».

« Les enfants éduquent les parents, il ne faut pas négliger ça. Cependant, il faut aussi former les adultes. L’éducation et la formation devraient aussi être présentes dans toutes les couches de notre société, pour identifier les différentes formes de violences. Ce n’est pas compliqué, il suffit seulement de le mettre en place dans les entreprises et surtout qu’il y ait un suivi. En faisant exister ce problème d’éducation à tous les âges, on peut essayer de le faire exister parallèlement. Il n’y a pas d’âge pour se déconstruire ! ».

« Tous les ans, depuis 2017, on sait que les chiffres vont être les mêmes. Si chaque année, on savait qu’il y aurait un bataclan, des mesures seraient prises, or là, il n’y a rien de concret. » Marie-Charlotte, militante au sein du collectif #Noustoutes.

RL: Pensez-vous que les pouvoirs publics agissent en conséquence de la gravité de la situation des violences faites aux femmes ?

« Non. Depuis le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, on a compris que c’était de la communication. Une des premières choses qu’il a fait, c’était de réduire les subventions allouées au ministère de l’égalité alors qu’il avait déclaré que ce serait la grande cause du quinquennat. On a bien vu que les chiffres des violences ne baissent pas. En fait, rien n’est fait. Tous les ans, depuis 2017, on sait que les chiffres vont être les mêmes. Le président Macron, et tous ses gouvernements qui se sont succédés, connaissaient les chiffres. Si chaque année, on savait qu’il y aurait un bataclan, des mesures seraient prises, or là, il n’y a rien de concret. Pour cela, il faut qu’il y ait un ministère dédié, avec un budget global, qui puisse distribuer des fonds. Actuellement, on a plus qu’un secrétariat d’Etat sous la tutelle d’un autre ministère. On a besoin d’un gouvernement qui puisse être à l’écoute des associations féministes de terrain et des collectifs, qui ont des vraies revendications. Parce que concrètement personne ne vient nous consulter pour nous demander ce qu’il faut faire. Au contraire, les subventions des associations baissent. Aujourd’hui, on en est là. ».

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