Des résultats convaincants ou illégitimes ?
Le référendum constitutionnel a reçu un large soutien à l’issue du scrutin. En effet, ce dernier a obtenu 91,80% de bulletins verts. Cela signifie que plus de 9 gabonais sur 10 sont favorables à l’instauration de la nouvelle Constitution. En effet, depuis la Loi Fondamentale en vigueur depuis 1991, le Gabon n’a pas connu d’évolution particulière sur le plan juridique. Les estimations du taux de participation aux élections deux jours après le vote s’est élevée à 71%. Néanmoins, seuls 868 115 électeurs étaient présents dans les bureaux de vote, soit 53,54% de la population gabonaise en âge de voter.
Malgré la large approbation du peuple gabonais quant au projet, le taux de participation reste relativement faible. Ce dernier ne met en lumière que l’opinion d’une seule moitié de la population gabonaise. La légitimité de ces résultats reste donc très critiquée, délaissant une partie de la population qui n’a pas souhaité s’exprimer.
Les nouvelles réformes constitutionnelles du régime militaire de Brice Oligui Nguema
Parmi les 173 Articles composant la nouvelle Constitution gabonaise, certains se démarquent plus que d’autres.
Tout d’abord, la limitation des mandats présidentiels vient marquer cette Constitution. Désormais, les citoyens pourront élire leur président pour 7 ans renouvelables une seule fois. Auparavant, la durée d’un mandat s’élevait à 5 ans, ce qui donne lieu à de vives critiques.
Par ailleurs, dans le désir d’organiser une transition complète avec la dynastie Bongo, le texte inscrit l’impossibilité de transmission dynastique du pouvoir. Une fête de la Libération se fêtera également tous les 30 août, à l’anniversaire du Coup d’État militaire d’Oligui.
Finalement, la dernière réforme venant marquer un tournant au Gabon est la réintégration du service militaire obligatoire tant pour les filles que pour les garçons. Cette dernière qui inquiète les générations en âge d’avoir des enfants.
Un texte laissant place à une avancée démocratique ?
Brice Oligui Nguema présente cette Constitution comme un “tournant majeur” pour le pays après la chute de la dynastie Bongo. En effet, elle contient des airs démocratiques, notamment avec l’organisation d’élections présidentielles en août 2025. Cela vient en effet mettre un terme définitif à la transition afin de pouvoir appliquer pleinement la Constitution.
D’autre part, le président Oligui présente son projet politique comme ayant une visée à rendre le pouvoir au peuple, ce qui s’apparente au désir de créer un pouvoir démocratique au Gabon.
En outre, la nouvelle Constitution met en avant certaines dispositions qui ne pourront pas être révisées. Parmi elles, la limite de deux mandats successifs, le mode d’élection au suffrage universel direct et le mariage réservé à deux personnes de sexe opposé. Les deux premières semblent promouvoir la démocratie, tandis que la dernière place le pays sous une culture arriérée. Mais le Gabon étant un pays africain, il faut savoir que leur culture et leurs coutumes sont différentes des nôtres. Ainsi, leurs avancées sociales n’évoluent pas de la même manière qu’en Occident.
Un déclin démocratique, voire un Coup d’État constitutionnel ?
Il ne faut pas oublier que c’est un Coup d’État qui a causé l’arrivée au pouvoir du nouveau président. Ainsi, la plupart du temps, ce genre d’action a un objectif contraire voire nuisible à la souveraineté du peuple.
En effet, les gabonais craignent l’arrivée d’un “président roi”, ce qui placerait le pays sous une nouvelle forme de patrimonialisation du pouvoir, tandis que Oligui a promis de créer une transition complète avec le pouvoir dynastique des Bongo. Il ne faut par ailleurs pas omettre le fait que ce texte supprime le poste de Premier ministre, venant concentrer les pouvoirs entre les mains d’un Président puissant, même si un poste de vice-président devrait venir remplacer ce dernier.
Par ailleurs, les coutumes forment une très grande partie du droit en Afrique. C’est pourquoi les africains ont plutôt tendance à ne pas respecter les textes écrits. De cette manière, de nombreuses inquiétudes se forment autour de l’application de la Constitution par le président Gabonais qui pourrait tenter de ne pas suivre ce texte “choisi par le peuple”.
Finalement, par l’adoption de cette Constitution, Oligui vient séparer deux types de Gabonais. Ceux étant éligibles, à savoir les personnes nées d’au moins un père ou une mère gabonais et marié à une gabonaise, et le reste du peuple n’ayant pas obtenu leur nationalité gabonaise par le lien du sang.
En définitive, on peut craindre que l’acceptation par référendum de cette Constitution légitime le Coup d’État mené par Brice Oligui Nguema. En effet, cela lui permettrait désormais d’accomplir un Coup d’État constitutionnel. Néanmoins, le général pourrait tout aussi bien mener le Gabon vers la voie de la démocratie et du développement mais seul l’avenir pourra venir confirmer l’une de ces hypothèses.