Le Somaliland est un État qui a pris son indépendance une première fois en 1960. La Corne de l’Afrique est sujet à de fortes tensions car ce pays que forme la Somalie est composé de 3 régions distinctes : le Somaliland, le Puntland et la Somalie.
Les conflits datent de la colonisation. La Somalie appartenait à l’Italie et le Somaliland à la Grande Bretagne. Après la 2nde guerre mondiale, la Somalie passe sous tutelle de l’ONU mais le pays reste administré par l’Italie pendant 10 ans.
Le 26 juin 1960, le Somaliland obtient son indépendance et est reconnu par 35 pays. Mais le lendemain, la Somalie vote l’unification de son pays, comme prévu par l’ONU. L’État du Somaliland et le Puntland sont donc raccrochés à la nouvelle République de Somalie.
Ces trois régions ont donc été rassemblées en une cohabitation forcée. Cela s’est très mal passé, en raison des ethnies différentes entre les 3 régions. En 1969, un coup d’État éclate et le président est assassiné. Le pays devient un État communiste allié à l’URSS. Le nouveau président dirigera le pays durant 22 ans avant d’être renversé par une coalition de l’opposition en 1991.
Même année que la chute de l’URSS, la Somalie est fragilisée. Le Somaliland déclare pour la 2e fois son indépendance en 1991 et le Puntland fera de même en 1998. Depuis, le Somaliland a son propre gouvernement et sa propre monnaie.
Des relations conflictuelles dans la corne de l’Afrique
Le Somaliland a beau être officiellement sous le chef de la Somalie, il agit comme un État indépendant. Le 1er janvier 2024, l’Éthiopie et le Somaliland ont signé un protocole d’accord qui met la Somalie hors d’elle.
Cet accord prévoit la location pour cinquante ans à l’Éthiopie de 20 kilomètres de côtes du Somaliland en échange de la reconnaissance de sa souveraineté. Par cela, le traité viole la souveraineté de la Somalie, qui est très hostile à l’Éthiopie pour des raisons historiques. Par cet accord, l’Éthiopie, qui est un pays enclavé, aura accès à la mer Rouge et à une importante route maritime mondiale. Le traité est en suspens depuis 11 mois.
Le Somaliland : un État géostratégique
Hors de la Corne de l’Afrique, le Somaliland intéresse aussi les grandes puissances comme les États-Unis et les Émirats Arabes Unis. Dès l’annonce de sa réélection, l’ancien président du Somaliland Muse Bihi Abdi a félicité Donald Trump. En effet la feuille de route du nouveau président américain préconise de reconnaitre le Somaliland pour en faire un allié américain et contrer l’influence chinoise au bord de la mer Rouge. Pour rappel, Pékin a installé sa seule base militaire à l’étranger à Djibouti, voisin du Somaliland.
De plus, l’État entretient des liens avec les Émirats Arabes Unis. Le port de Berbera, capitale économique du Somaliland est opéré par une entreprise émiratie. Les enjeux sont stratégiques et économiques dans ce détroit de Bab-el-Mandeb, un passage maritime d’envergure mondiale entre la mer Rouge et le Golfe d’Aden.
La présidentielle : une promesse d’apaisement
Le 13 novembre, les habitants du Somaliland ont été appelés aux urnes. Cette élection intervient deux ans après la date prévue, à cause d’un manque de moyens de l’État et d’affrontements importants survenus dans l’est du pays.
Trois candidats se sont présentés, car trois partis sont autorisés. Seuls deux étaient réellement en compétition : le président sortant depuis 2017, Muse Bihi Abdi, du parti Kulmiye de la paix de l’unité et du développement (centre-centre gauche) et son opposant Abdirahman Mohamed Abdullahi, du parti Waddani (droite).
Ce dernier a gagné les élections avec 63,95% des voix, contre 35,31% pour son opposant. Sa promesse de campagne ? « Apaiser et réunifier le Somaliland. »
Un score élevé qui s’explique par deux années de crise à travers le pays. Le président sortant est accusé d’avoir attisé les divisions, notamment dans la région de Sool dans le sud-est, qui est en proie à un conflit armé. Une partie de ce territoire est désormais aux mains d’une milice qui revendique son rattachement à la Somalie.
Ce conflit est né de l’annonce en janvier 2024 du protocole d’accord avec l’Éthiopie. C’est un deuxième enjeu important de cette campagne. Comment régir les relations politiques du Somaliland avec ses voisins tout en prenant en compte l’opinion publique, ce sera la mission du nouveau président du Somaliland.
Anaïs Binghinotto