Morales vs Arce
L’ancien président Evo Morales, qui a dirigé le pays de 2006 à 2019, avec comme premier ministre Luis Arce, actuellement président du pays, se livrent à des rivalités pour le pouvoir. Malgré leur appartenance au même parti, les tensions entre les deux hommes révèlent un parti divisé. Le président Morales a pendant longtemps représenté une figure du socialisme bolivien et a été le premier président indigène du pays. Il ambitionne de revenir au pouvoir malgré son inéligibilité pour les prochaines élections présidentielles qui auront lieu en août 2025. Durant son mandat, le président pouvait renouveler son mandat de manière illimitée, mais à ce jour la Cour Constitutionnelle de Bolivie a interdit aux présidents d’exercer plus de 2 mandats.
De son côté, le président Arce peine à imposer son autorité face à Morales qui mobilise encore une partie de la base militante du MAS. Ces rivalités politiques ont accentué les divisions au sein du gouvernement et laissé la population avec un sentiment d’abandon. “Comme ils se battent entre eux, ils ne se soucient plus de nous” ou encore “Nos casseroles sont vides.”
Inflation galopante
Économiquement parlant, la situation est tout aussi critique. La forte inflation et le manque de dollars ont entraîné des pénuries de carburant, paralysant de nombreux secteurs de l’économie. Les routes principales se retrouvent bloquées par de nombreux groupes qui protestent. Ces manifestations aggravent la crise, et limitent l’approvisionnement en biens essentiels. Les habitants dénoncent donc un gouvernement incapable de répondre à leurs besoins essentiels.
Le pays est actuellement le dernier pays d’Amérique du Sud concernant le PIB par habitant avec 3 748,4$. Une grande partie de l’économie bolivienne repose sur des activités informelles. C’est-à-dire que ces activités ne sont ni contrôlées ni réglementées par l’État. Le pays reste également très dépendant à l’exportation de ressources comme le gaz naturel, le soja, le pétrole brut, le zinc et l’étain.
Le discrédit des institutions
La Bolivie organise des élections judiciaires, un processus inédit qui permet aux citoyens d’élire directement les juges des tribunaux. Cette mesure a été conçue pour renforcer l’impartialité de la justice. Malgré celà, cette initiative est vivement critiquée pour son instrumentalisation politique et obtient un grand nombre de votes nuls.
Morales et Arce s’accusent mutuellement d’utiliser le système judiciaire comme une arme pour se discréditer. Morales a par exemple été visé par des accusations de viols sur mineurs.
Un climat tendu
Les prochaines élections qui auront lieu en août 2025 font augmenter les tensions. Ces élections sont générales et permettent d’élire le président, le vice-président et les parlementaires. La tentative du coup d’état du 26 juin par des militaires a une fois de plus fragilisé la stabilité du pays. Bien qu’elle ait été déjouée, elle reflète un climat politique explosif où les luttes de pouvoir prennent le pas sur les besoins de la population.
Le pays fait face à une crise de confiance populaire vis-à-vis de la population. Les institutions et les autorités, dans lesquelles les boliviens n’ont pas confiance, ne parviennent pas à convaincre la population en qui cherche de solutions concrètes à ses difficultés du quotidien.
La Bolivie est aujourd’hui coincée entre les ambitions personnelles de ses dirigeants et une crise économique qui étouffe le pays. Le gouvernement parviendra-t-il à restaurer la confiance de la population et à répondre à ses attentes ou sombrera-t-il davantage dans l’instabilité?