Ils sont au nombre de onze en France, et font la joie de beaucoup. Les jours fériés sont des jours symboliques aux origines diverses, ces dernières étant universellement connues des français. Considérés comme jours de congés pour certains ou au contraire vu comme des journées impliquant d’importants bénéfices pour d’autres, ces onze dates ont chacune leur signification bien précise, ce qui leur vaut leur statut de “férié”.
Des origines diverses
A l’origine, la plupart des jours fériés provenaient des fêtes religieuses chrétiennes : la naissance de Jésus qui correspond à Noël, la fête catholique de tous les Saints du 1er Novembre (la Toussaint), ou encore la célébration de la résurrection du Christ selon les catholiques, le lundi de Pâques, etc… Ces dernières représentent la moitié de nos jours féries, et perdent de plus en plus leur aspect religieux. En effet, le pont de mai, qui correspond à la fête de l’Ascension, est aujourd’hui bien plus considéré comme un long week-end de congés plutôt que comme la commémoration de la montée du Christ aux cieux (religion catholique). Cependant, la loi de 1905 sur la Laïcité de la République Française n’a pas remis en cause ces fêtes, qui étaient, déjà au début du 20ème siècle considérées comme une partie intégrante de la culture française.
Quant aux autres jours, ces derniers sont civils, et le plus souvent servent la Mémoire de la République. En effet, les deux armistices, du 11 novembre et du 8 mai, commémorent les défunts des deux guerres mondiales et servent le devoir de mémoire. La fête du travail du 1er mai est non seulement une fête nationale française héritée du 19ème siècle, mais est aussi une journée internationale. Dans 80 pays, cette journée met à l’honneur les travailleurs, et leur accorde une journée chômée, pour célébrer notamment l’avancée des droits sociaux liés au travail.
Le 14 juillet, souvent considéré comme une commémoration de la Prise de la Bastille, en 1789, est en fait une journée de célébration républicaine en souvenir de la Fête de la Fédération, du même jour en 1790. Et pour finir, le jour de l’An, qui ne tient pas véritablement de connotation républicaine, est déclaré jour férié sous le Premier Empire et est resté comme tel depuis.
Un impact ambivalent des jours fériés dans l’économie
Les bénéfices sur la consommation locale
Malgré le fait que ces journées ont une grande importance mémorielle ou religieuse, elles sont souvent associées à d’autres enjeux, comme l’économie. En effet, nul ne peut ignorer le fait que les ponts de mai (Pentecôte et Ascension) sont un gain majeur pour les secteurs des loisirs. Surtout depuis la période du Covid 19, les Français favorisent les week-ends courts, moins coûteux mais tout aussi dépaysants. En 2023, 43% des Français ont profité du week-end de quatre jours pour changer d’air.
Cette période représente un gain énorme pour le secteur du tourisme, mais aussi pour celui des transports. La plupart des gîtes et des campings français enregistrent un taux d’occupation de 80%, avec une hausse de 20% de fréquentation depuis ces dix dernières années, en moyenne. Certains lieux se préparent même à une affluence semblable à celle qu’ils peuvent connaître au mois d’août. Ce phénomène se constate sur les ponts de mai, mais on peut le retrouver pour des dates symboliques, comme le 1er novembre, qui est vital pour l’économie des fleuristes.
Les pertes à l’échelle nationale
Cependant il ne faut pas oublier que les jours fériés sont des journées chômées, et il est estimé que chaque jour coûte entre 2 et 3 milliards d’euros. Cette face cachée des jours fériés ressort actuellement, notamment parce que le Gouvernement cherche à réaliser 60 milliards d’euro d’économie pour renflouer les caisses de l’Etat et supporter le poids d’une dette astronomique. Certains hommes politiques comme le ministre de l’Économie et des Finances Louis Armand, ou l’ancien ministre du budget Jean François Copé ont donc évoqué une solution qui serait la suivante : transformer le 11 novembre en Journée de Solidarité. Ce processus a déjà été mis en place, en 2004, pour les mêmes raisons. Le lundi de Pentecôte a toujours le statut de férié, mais non de chômé. Les employeurs peuvent demander à leurs salariés de travailler durant cette journée, et ces heures ne seront pas considérées comme des heures supplémentaires.
Ainsi, la suppression du caractère “chômé” du 11 novembre pourrait permettre de faire aux alentours de 2 milliards d’euros d’économie, sans forcément toucher au pouvoir d’achat ou aux charges des entreprises. Ce point est un argument majeur du ministre de l’Economie et des Finances.
Des économies sur la mémoire ?
Cette proposition a néanmoins subi son lot de critiques, de la part de diverses parties. Pour les associations des Anciens Combattants, cela est une vraie atteinte à la mémoire de la Première Guerre mondiale.
« C’est une offense qui est faite à la mémoire des soldats qui sont morts et qui se sont sacrifiés pour nos libertés. C’est invraisemblable et inqualifiable. Il ne peut y avoir de débat avec le 11 novembre. Qu’il y en ait un avec d’autres journées, pourquoi pas, mais pas sur le dos et la mémoire de nos soldats.”
Cette déclaration provient de Samuel Hazard, maire de Verdun, qui s’est exprimé à ce sujet. Pour lui et pour la plupart des associations, cette suppression comporte des risques mémoriels. De moins en moins de Français se rendent aux commémorations près des monuments aux morts, et la disparition du congé sur cette journée risque de faire baisser encore plus les effectifs de cette journée.
Le premier ministre, Michel Barnier, s’est exprimé à ce sujet lors de son déplacement à Meaux, en Seine-et-Marne, pour la commémoration du 11 novembre. Il a affirmé que “ce 11 novembre est un jour férié auquel nous sommes attachés”, se plaçant ainsi en opposition à la mesure de suppression.
De nombreux débats seront à suivre à ce propos, et peut-être même que cette solution budgétaire sera examinée à l’Assemblée Nationale, pour le budget 2025.