Ce plan de licenciement est le plus important jamais entrepris par le 2e groupe de grande distribution en France. Lui qui avait déjà épuré son personnel en 2020, en supprimant 1 475 emplois. Désormais, Auchan prévoit d’en supprimer 784 au sein de ses sièges et 915 dans ses magasins. De même, il est prévu dans ce nouveau plan de mettre fin à la livraison directe à domicile, entraînant la perte de 224 autres emplois. Ainsi que la fermeture d’une dizaine de points de vente (466 postes), dont 3 hypermarchés (Woippy, Bar-le-Duc et Clermont-Ferrand) et un supermarché à Aurillac.
Un bilan économique en berne
Ces suppressions de postes s’expliquent par des résultats de plus en plus difficiles pour la propriété des Mulliez. En effet, la holding Elo qui comprend notamment Auchan a subi, pour les 6 premiers mois de 2024, une perte nette évaluée à près d’un milliard d’euros. La part de marché d’Auchan a quant à elle chuté de 12,1% en 2012 à 8% aujourd’hui. Dans le même temps, ses revenus ont connu une baisse de 2,26 milliards d’euros, et son excédent brut d’exploitation s’est divisé par 6.
Enfin, la direction de l’enseigne a affirmé vouloir réduire la surface commerciale de ses hypermarchés d’environ un tiers. Soit “une réduction moyenne de 25% des surfaces de vente” de ses magasins européens.
Ces mauvais résultats sont la conséquence terrible de “mauvais choix” de la direction d’après le délégué syndical de l’hypermarché d’Englos.
Ces licenciements annoncés font grincer des dents les divers syndicats, notamment la CGT qui rappelle les 500 millions d’euros alloués par l’Etat à Auchan au titre du CICE (Crédit d’impôt pour la collectivité et l’emploi) en 2020. Ainsi que le milliard d’euros de dividendes versé aux actionnaires en 2022-2023.
Le Ministre de l’économie Antoine Armand s’est saisi de la question en voulant “s’assurer” que “la priorité de cette transformation est bien l’emploi”. Le Premier ministre Michel Barnier a quant à lui demandé des comptes sur l’utilisation de ces aides publiques dont a bénéficié le groupe.
“Choc social” d’après la CGT
L’annonce de ce plan social a eu l’effet d’un coup de massue pour les salariés du groupe. Nicolas, représentant de la CGT au magasin de Clermont-Ferrand Nord, relate la réaction de ses collègues suite à cela “C’est un drame social, ce matin, les salariés ont pleuré, crié… C’était triste à voir”. Révolté, l’homme explique “mon magasin date de 1972, ils n’ont jamais fait aucun investissement afin d’exploiter le plus possible l’outil de travail et les salariés. Ils se sont gavés sur notre dos pendant le Covid puis avec l’inflation, ils ont touché des millions de l’État et maintenant, ils nous dégagent”.
Un sentiment d’iniquité se répand chez les salariés, effarés de subir de telles mesures, tandis que le groupe a réalisé 1,5 milliard de bénéfices en 2023 et 300 millions pour le seul premier trimestre de 2024 selon la CGT.
180 plans de licenciement sur tout le territoire depuis 2023
La CGT a publié en début d’année un rapport concernant les divers plans de licenciement qui parsèment le territoire depuis septembre 2023. Déjà au nombre de 132 au mois de mai 2024, le nombre atteint 180 pour le mois d’octobre dernier. Menaçant ainsi plus de 42 000 emplois, dont 21 000 dans le domaine de l’industrie.
De plus, la DARES (service statistique ministériel) relève une augmentation de 15% des licenciements économiques au premier semestre 2024.
Ces suppressions d’emplois concernent aujourd’hui tous les secteurs, de l’agroalimentaire au textile, en passant par la distribution publicitaire avec le licenciement de 10 000 salariés au sein de l’entreprise Milee. Le secteur du jeu vidéo traverse une crise intense également, tout comme Michelin qui a annoncé de nombreux licenciements (955 à Cholet et 299 à Vannes).