Les Swing States bascule en rouge, synonyme d’une campagne républicaine réussie
Durant cette nuit du 5 novembre, 8 états étaient scrutés par tous: le Wisconsin, le Michigan, la Pennsylvanie, le Nevada, l’Arizona, la Géorgie, la Caroline du Nord et la Floride. Il semblerait que Donald Trump ait remporté tous ces états clés. Même si des recomptages pourraient avoir lieu, il ne fait plus aucun doute sur la victoire de Donald Trump. Le dernier président à avoir été élu, avoir perdu puis avoir été réélu était Grover Cleveland en 1892.
Lors de son discours à Palm Beach en Floride, Donald Trump a parlé d’un moment de politique “historique”, “une victoire politique jamais vue dans notre pays”. En effet, il est un des rares à avoir réussi cet exploit. En plus d’avoir remporté le vote dans les Etats clés, les Républicains ont aussi remporté le vote populaire. Donald Trump a ensuite félicité le nouveau Vice-Président des Etats-Unis: JD Vance, qui a ensuite pris la parole.
“Nous allons nous battre pour vous, pour vos rêves et celui de nos enfants […] Nous allons avoir le meilleur come-back de l’économie sous le leadership de Trump”
L’économie, la prospérité, un thème qui a décidément rythmé ces élections. Les sujets sociétaux avaient été très utilisés par la démocrates : avortement, contrôle des armes à feu. Mais, c’est finalement les questions économiques qui ont guidé les américain.e.s devant les urnes. Un programme économique qui avait pourtant été critiqué par 23 Prix Nobel de l’économie.
Donald Trump sera donc le 47ème Président des Etats-Unis. Il sera investi le 20 janvier prochain.
Kamala Harris, l’emballement culturel n’aura pas suffi
Malgré un soutien initial fort et l’espoir d’une nouvelle ère pour la politique américaine, Kamala Harris n’a pas séduit l’électorat américain sur la scène politique, et ce pour de nombreuses raisons. D’abord, son programme, bien qu’avancer et centré sur des réformes majeures en matière de justice sociale, d’écologie et de droits des femmes, n’a pas été suffisamment riche en propositions concrètes, et son discours, bien que progressiste, n’a pas réussi à convaincre au-delà de sa base militante. Cet engagement, jugé généraliste et manquant de spécificités sur les questions de fiscalité et d’emploi, n’a pas attiré les électeurs des classes moyennes et rurales, qui attendaient des solutions concrètes aux défis économiques quotidiens.
Harris a également été liée directement aux échecs de l’administration de Joe Biden. Pendant son mandat, en tant que vice-présidente, elle partageait les responsabilités de cette administration sur des questions telles que l’inflation, la crise migratoire et l’impasse en matière de législation. Elle n’a pas pu éviter d’être perçue comme la continuité d’une présidence en déclin, même si elle a essayé de se dissocier de certaines décisions impopulaires. Elle en a affaibli sa crédibilité en tant que figure de renouveau, et beaucoup l’ont perçue comme l’incarnation de la politique traditionnelle, plus proche de l’élite que des préoccupations des citoyens.
Enfin, la campagne de Kamala Harris fait référence à certaines erreurs d’Hillary Clinton lors de sa candidature en 2016. À l’instar de Clinton, Harris a parfois été considérée comme faisant partie d’une élite politique et économique, éloignée des réalités concrètes des Américains ordinaires. Cette image a été renforcée par sa proximité avec certaines personnalités de Wall Street. Malgré ses efforts pour se présenter comme une candidate accessible et empathique, les stigmates d’une certaine distance sociale ont persisté, notamment dans les États du Midwest, où les électeurs sont souvent sensibles aux discours populistes et aux approches directes.
Ainsi, entre un programme incapable de proposer des solutions concrètes, un héritage complexe lié aux échecs de l’administration Biden et des erreurs de communication et de positionnement semblables à celles de Clinton, Harris n’aura pas réussi à transformer l’élan culturel autour d’elle en un véritable soutien politique. Sa candidature a été affaiblie par ces éléments combinés, lui faisant perdre une opportunité unique de se positionner comme une figure capable de répondre aux attentes d’une population en quête de changement.
Macron – Trump je t’aime, …moi non plus ?
Donald Trump n’a fait qu’une bouchée de Kamala Harris. Une victoire nette et sans bavure qu’Emmanuel Macron a saluée… avant même les résultats finals.
Donald Trump et Emmanuel Macron ont déjà eu l’occasion de travailler ensemble pendant quatre ans, les résultats des élections américaines sont tombés. Bis repetita, les deux hommes vont encore une fois être amenés à faire la paire. Le président français n’a d’ailleurs pas perdu de temps en félicitant le candidat républicain sur X un peu avant neuf heures alors que les résultats officiels ne sont même pas tombés. Il est l’un des premiers dirigeants européens à le faire.
“Félicitations Président Donald Trump. Prêt à travailler ensemble comme nous avons su le faire durant quatre années. Avec vos convictions et avec les miennes. Avec respect et ambition. Pour plus de paix et de prospérité”, peut-on lire sur le compte X du Président de la République.
Même si ses félicitations peuvent nous faire croire que la relation entre les deux hommes est plutôt bonne, ce n’est pas vraiment le cas. Leur relation ambigu de vrais-fausse idylle amicale cache des tensions assez importantes. On se rappelle tous de ce moment solennel datant de 2018 durant lequel les deux chefs d’Etat plantent un arbre à la Maison Blanche. L’amitié franco-américaine dans toute sa splendeur. Très vite, l’arbre perdra ses fruits et laissera place aux tensions.
Les relations entre les USA et la France se délitent ces dernières années. Le premier passage de Trump à la Maison Blanche en a été un véritable symbole. Avec le retrait des États-Unis des accords sur le climat et l’accord nucléaire iranien malgré les tentatives vaines d’Emmanuel Macron de convaincre son homologue américain de ne pas faire cela, cela signe une véritable scission entre ces derniers.
Durant ses quatre ans de mandat, le nouveau président des USA n’a pas épargné son homologue français. Il va même jusqu’à l’humilier en public à plusieurs reprises. Il l’a notamment accusé de “lécher le cul” du président chinois et l’a même injurié de stupide sur les réseaux sociaux. Vous l’aurez compris derrière les poignées de mains chaleureuses que l’on voit à la télévision, l’entente entre les deux hommes est bien loin d’être cordiale. Un océan les sépare au sens propre et au sens figuré…
La volonté d’Emmanuel Macron semble tout de même assez claire au vu de ses choix politiques. L’Europe d’abord, les USA en second plan. Européiste convaincu, la nouvelle victoire de Donald Trump va sûrement conforter le président français dans ses positions. Après avoir tweeté en 2017 “Make our planet great again”, on attend tous avec impatience le remake en 2024, “Make Europe great again”.
Donald Trump, le président des hommes ?
Donald Trump incarne pour de nombreux électeurs, une figure de la masculinité traditionnelle, très empreinte à des valeurs virilistes. Parmi ses électeurs, 54% sont des hommes qui adhèrent à une vision du monde où la force, l’autorité et la dominance sont des qualités valorisées. Ces hommes sont profondément en désaccord avec les mouvements “woke” et les idées progressistes de la société actuelle. Dans ce contexte, la misogynie, souvent traduite par des commentaires insultants ou méprisants envers les femmes, est parfois excusée ou même valorisée comme une sorte de simple franchise.
Les voix influentes des médias et podcasts masculinistes tels que celles d’Andrew Tate et Joe Rogan, ont amplifié l’adhésion masculine en faveur de Trump, qui met en avant une idée de protection des femmes. Cette protection ne s’adresse donc qu’aux “vraies femmes” et exclurait donc toutes celles qui ne correspondent pas aux stéréotypes de genre traditionnels “qu’elles le veuillent ou non”. Loin d’une approche égalitaire, cette vision valorise un modèle de féminité qui reste subordonné aux hommes, renforçant les inégalités et rendant le soutien de Trump attractif pour ceux qui prônent ces valeurs. En diffusant des discours qui contestent les changements sociaux apportés par les mouvements féministes et anti-misogynie, les podcasts masculinistes ont construit un discours autour de la “menace” du “wokisme”, détournant l’attention des inégalités pour encourager une sorte de “fraternité” contre ces mouvements…