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Girondins de Bordeaux : les supporters face à la crise

Les Girondins de Bordeaux se sont imposés 1 à 0 face à l'US Avranches samedi 19 octobre lors de la 8ème journée de National 2. Quelques 10 300 bordelais s’étaient rendus au stade malgré la situation cauchemardesque de leur équipe. Ce nombre, plus qu’honorable pour un match de cette division, représente tout de même des pertes économiques significatives tant pour le club que pour certains commerces bordelais. Des dommages que la ferveur des plus fidèles supporters peine à dissimuler.

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Le Virage Sud lors du match face à l'US Avranches Copyright © 2024 | Ultramarines Bordeaux 1987

Selon Cyrille, 51 ans et abonné aux Girondins depuis 1996, il n’y a que « L’amour des couleurs marines et blanches » qui le fait encore se déplacer au stade chaque fois que son équipe joue. Cette ferveur est peut-être tout ce qui reste au club mythique des Girondins de Bordeaux. Alors que 86 salariés ont été licenciés le 17 octobre, que le centre de formation s’est vu dans l’obligation de fermer et que l’entièreté des contrats professionnels ont été rompus, seul cet amour paraît inchangé. Les 10 300 personnes qui avaient fait le déplacement ce week-end ne semblaient pas tant venir pour le football que pour témoigner un soutien inconditionnel au club qui a su les faire rêver par le passé. Cyrille confie : « nous savons que nous n’allons pas voir de grands matchs de foot, c’est plus axé sur la motivation et la hargne. » 

Une victoire qui soulage 

Toutefois, c’est bien pour un match de football que le Virage Sud s’est égosillé pendant 90 minutes. La rencontre a été très disputée et les joueurs y ont déversé un impact physique considérable. Ce sont finalement les Bordelais qui ont su s’imposer sur le plus petit des scores grâce à un but d’Andy Carroll à la 22ème minute de jeu. S’il y a bien une satisfaction sportive en ce début de saison, c’est lui, le géant britannique, Andy Carroll. Fraîchement débarqué en terre girondine cet été, l’ancien joueur de Liverpool ne cesse de faire trembler les filets adverses. Il a inscrit face à Avranches son 5ème but en seulement 3 matchs sous les couleurs marines et blanches. L’ancien international anglais semble faire l’unanimité auprès du public bordelais : « outre sa notoriété, il apporte aussi beaucoup au niveau du football, que ce soit par sa fixation de ballon ou par sa finition ». Cette victoire permet aux Bordelais de revenir à la dixième place du championnat alors qu’ils ont toujours deux matchs de retard. 

« Malgré tout, nous restons toujours motivés » 

Le temps du match, Bordeaux ne semble même plus avoir été relégué en National 2. Si avant et après, on ne cesse d’entendre des supporters fustiger la direction et la gestion du président Gérard Lopez ; lorsque son équipe joue le Virage Sud n’est là que pour chanter à tue-tête les chants bordelais, historiques ou non. Le match face à Avranches était en effet le théâtre de la création d’un de ces chants. Au sein du Matmut Atlantique résonnait pour la toute première fois : « Les grands clubs ne meurent jamais et on va te le prouver. Même au fond des championnats, nous on chantera pour toi. Peu importe les divisions, seule compte notre passion. On ramènera tout en haut, les Girondins de Bordeaux. » Ce chant, faisant état de la situation du club, est amené à disparaître au plus vite car tous espèrent revoir les Girondins jouer au plus haut niveau le plus rapidement possible. Clément, 17 ans et abonné aux Girondins depuis deux ans, estime « qu’il ne faut pas croire que l’on va être promu chaque année mais une remontée en Ligue 1 d’ici six ou sept ans est envisageable ». 

Une économie toutefois fragilisée 

Les ultras bordelais n’ont, pour la plupart, pas arrêté de soutenir le club dans ce moment difficile. Il n’en est toutefois pas de même pour les supporters plus occasionnels dont un éloignement se fait ressentir. L’affluence moyenne des matchs de Bordeaux l’année dernière était de 21 632 personnes soit plus du double de ce que le club a pu enregistrer lors de la rencontre les opposant à Avranches. Cette perte significative de soutien provoque un impact économique conséquent. En effet, en plus des abonnements au stade et des places achetées, les supporters sont aussi une source de revenus grâce aux produits dérivés tels que les maillots. 

Aux abords du stade, peu de supporters arborent les tuniques de cette saison. Le prix de ces dernières (90 euros) avait déjà fait polémique à leur annonce. Les fidèles bordelais semblent se contenter pour la plupart des maillots des années passées. À la boutique officielle des Girondins de Bordeaux, les vendeurs affirment qu’ils ne peuvent pas communiquer les chiffres de ventes. Ils confieront tout de même « nous vendons beaucoup moins de maillots que l’année dernière ».  Le club dont le montant des dettes avait été estimé à 118 millions d’euros par le tribunal de commerce début août peut donc difficilement compter sur ses supporters pour renflouer les caisses.  

Des commerces impactés par cette situation 

De nombreux commerces aux alentours sont aussi touchés par cette perte d’intérêt de certains supporters. Yassine est un restaurateur indépendant dont la brasserie se trouve au sein même du stade des Girondins de Bordeaux. L’établissement déplore des pertes économiques liées à la relégation du club : “Depuis la fin de saison dernière, il y a une baisse d’affluence globale sur le stade, ma brasserie en pâtit donc largement.”  Cependant, ce phénomène ne semble pas si soudain pour le commerçant : “cela fait cinq ou six ans que ça ne va plus vraiment aux Girondins et que le grand public les délaisse peu à peu. Les quarante mille places dont dispose le stade étaient souvent occupées en Ligue 1, maintenant le club peine à en vendre dix mille. ” Tout change donc pour Yassine dont le restaurant accompagne les matchs des Girondins depuis l’inauguration du Matmut Atlantique en 2015. “J’avais un contrat avec les Girondins qui comprenait le versement de 15 % de mon chiffre d’affaires au club les jours de match. Celui-ci a été rompu avec le redressement judiciaire et la descente en National 2.” Un hôtel Campanile, proche du stade, déplore aussi une perte de clients de même nature bien que plus raisonnable : “les supporters ne viennent plus dans notre hôtel après les matchs. Nous avions un partenariat avec le club qui n’est plus à l’ordre du jour. Nous avons tout de même réussi à limiter les pertes économiques en remplaçant cette collaboration par d’autres”.  

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