La deuxième trêve internationale de la fin d’année bat son plein et les équipes engagées dans la Ligue des Nations continuent leur parcours. La France a joué ce lundi un match capital face à la Belgique (victoire 2-1) pour une place en quarts de finale. Toutefois, on sent un certain désintérêt de la part de l’opinion publique, et même des joueurs pour cette compétition. Mais qu’en est-il véritablement ?
Un projet pour réformer les trêves internationales
Le projet de la Ligue des Nations est proposé en 2011 par Michel Platini, ancien Président de l’UEFA, et Gianni Infantino, actuel Président de la FIFA. Elle ne voit le jour qu’en 2018, mais elle a pour projet de remplacer les matches amicaux lors des trêves internationales. Hors périodes de grandes compétitions internationales, l’intérêt pour les rencontres internationales est très faible pour les spectateurs comme pour les joueurs.
L’UEFA avait pour objectif de relancer la dynamique du football international qui est en chute libre depuis des années. Les matches amicaux n’existent donc plus et ont laissé place à des rencontres à enjeux tant en termes d’adversité que sportif. En effet là où la France pouvait enchaîner deux matches contre la Bulgarie et la Jamaïque. Elle se retrouve dorénavant à affronter la Belgique et l’Italie. Et ceci dans un but clair : celui de gagner un nouveau trophée international.
La Ligue des Nations se compose de quatre ligues rassemblant toutes les nations footballistiques reconnues par l’UEFA. Chaque ligue est composée de quatre groupes de trois ou quatre équipes. La Ligue A rassemble les seize meilleures nations européennes, la Ligue B les seize suivantes et ainsi de suite jusqu’à la Ligue D. Chaque ligue est divisée en quatre groupes et les équipes s’affrontent deux fois jusqu’à la dernière journée. L’intérêt de la compétition est donc de faire affronter des équipes nationales avec un niveau similaire. Cette édition de 2024 n’a pas échappé à la règle et on assiste volontiers à des rencontres comme France-Italie, Allemagne-Pays Bas ou Belgique-Italie.
Un calendrier toujours plus chargé
Le problème de la Ligue des Nations est avant tout que c’est une nouvelle compétition qui vient alourdir les calendriers très chargés des joueurs. Une nation victorieuse de la compétition doit jouer neuf matches pour aller au bout de la compétition. Un joueur de top niveau en dispute environ cinquante par saison entre son championnat, la Ligue des Champions (ou la Ligue Europa), la coupe nationale et la grande compétition internationale lors des années paires. Dans un football toujours plus physique et haut en intensité, la multiplication de ces derniers vient mettre en danger la santé des joueurs.
Raphaël Varane, ancien international tricolore, vainqueur de la Ligue des Nations, a décidé de mettre un terme à sa carrière à seulement 31 ans. Il déplorait déjà les cadences infernales des joueurs de football, dans une interview accordée à Ouest-France en 2021 : « On est aussi des êtres humains. Je crois qu’un rapport de la FIFPRO (syndicat mondial des joueurs) dit que le minimum pour la récupération, c’est de jouer tous les cinq jours. Nous, on enchaîne tous les trois jours, à 22 h parfois, puis à midi après. Sur le court terme, on peut faire le dos rond, mais à long terme, c’est juste impossible. »
Cette nouvelle compétition n’a donc pas sa place dans le cœur des joueurs qui n’hésitent pas à le faire savoir. À commencer par le milieu de terrain belge Kévin De Bruyne : « Pour moi, la Ligue des Nations n’est pas importante. Nous devons jouer ces matches, mais cela ressemble à une campagne de matches amicaux. Nous n’avons rien à dire à ce sujet. En 12 mois, nous avons 3 semaines de vacances. Les gens de l’extérieur ne comprennent pas ce que ressent un joueur après une saison », disait-il au micro de Foot Mercato en 2022.
L’intérêt du public pour cette compétition n’a fait que baisser d’année en année. Ou plutôt toutes les deux années puisque la Ligue des Nations est une compétition biennale. Ce qui ne joue pas en sa faveur pour être considérée comme une grande compétition. Enfin, c’est également le fait de son calendrier. Une compétition répartie sur trois trêves entre septembre et novembre manque cruellement de continuité et d’équité sportive.