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Quelles positions des Démocrates et Républicains sur le conflit au Proche-Orient ?

La campagne des présidentielles américaines bat son plein. Parmi les sujets au coeur des débats : le conflit au Proche-Orient. Alors comment les candidats démocrates et républicains se positionnent-t-ils ?

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Carte de la région du conflit au Proche-Orient. Getty Images
Carte de la région du conflit au Proche-Orient. Getty Images

Alors que plus de 41 000 Palestiniens ont perdu la vie depuis le 7 octobre 2023 selon l’Unicef, que la bande de Gaza compte 100 000 blessés directs, que la colonisation juive se développe en Cisjordanie, Israël se lance désormais à l’assaut terrestre du Sud du Liban. 

Des suites de l’attentat aux bipeurs et aux talkie-walkies, entraînant la mort de 37 personnes et les blessures de 2 931 personnes, le conflit franchit désormais une nouvelle étape. En effet, Tsahal a entamé, dans la nuit de lundi à mardi 1er octobre, des “raids terrestres localisés” au Sud du Liban. Ces nouvelles attaques comprennent également l’envoie de missiles aériens et de bombes, dont le bilan est déjà de 1000 morts et la fuite d’1 million de libanais, dont 100 000 vers la Syrie, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR). 

Les craintes s’intensifient désormais de jour en jour à propos d’une escalade du conflit et d’une “nouvelle ère” concernant la guerre entre Israël et le Liban, pour reprendre les mots de Yoav Gallant, ministre israélien de la Défense. Les regards se portent alors sur les Etats-Unis, principal soutien d’Israël, dans leur conduite face à cette situation.

Rôle du gouvernement américain depuis un an

Dès le lendemain de l’attentat terroriste du 7 octobre, Joe Biden s’est empressé d’affirmer le soutien américain au “droit d’Israël à défendre son territoire et son peuple”. Ou plutôt de le ré-affirmer, puisque celui-ci n’est pas récent. L’US Agency for International Development soutient que les Etats-Unis ont alloué près de 318 milliards de dollars à Israël depuis sa création jusqu’en 2022. Ce qui en fait le pays ayant reçu le plus d’aides de la part des Etats-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. 

Les américains ne se contentent aujourd’hui pas simplement d’un soutien mais sont véritablement partie prenante du conflit. En accordant une nouvelle aide d’un montant de 8,7 milliards de dollars ce jeudi 26 septembre à l’Etat Hébreux, l’Oncle Sam renforce son rôle dans le conflit. A noter que cette aide s’ajoute à celle annuelle de 3,8 milliards de dollars décidée lors d’un accord entré en vigueur en 2018, et prenant fin en 2028. 

The Wall Street Journal rapporte également qu’entre le 7 octobre et fin novembre, les Etats-Unis ont livré à leur allié 57 000 obus d’artillerie et 15 000 bombes. Parmi ces bombes se retrouvent 5 400 BLUE-117, dont le poids d’une tonne est capable d’anéantir une tour de plusieurs étages. 

De plus, de nombreux navires et avions sont envoyés vers le Proche-Orient et la Méditerranée dès le début du conflit, au mois d’octobre 2023. Leur nombre grimpe rapidement et l’administration Biden prépare un programme d’aide des États-Unis d’un montant annoncé le 14 octobre à 14 milliards de dollars. Au lendemain du veto américain à une résolution du Conseil de l’ONU appelant à un cessez-le-feu, Joe Biden utilise l’autorité d’urgence pour contourner l’examen du Congrès afin de vendre environ 14 000 obus de char d’une valeur de 106,5 millions de dollars à Israël. Puis, le 29 décembre, 14 000 projectiles d’un montant de 147,5 millions de dollars lui ont été envoyés. 

Ensuite, au mois de février 2024, le Sénat approuve un plan d’aide de 14 milliards de dollars attribué à l’Etat hébreux. Toutefois, si le soutien américain à Israël “reste à toute épreuve” tel que l’affirme le porte-parole du Département américain, Matthew Miller à ce moment, Joe Biden commence à qualifier les actions menées par Israël à Gaza “d’exagérées”. Alors que la bande de Gaza comptait déjà 30 000 morts au mois de février selon le Hamas, et que l’OMS jugeait l’enclave comme une “zone de mort”. Tout en continuant à opposer son véto à une résolution de cessez-le-feu, le gouvernement américain reste circonspect en demandant à Israël une confirmation par écrit de leur usage des armes américaines, devant être conforme au droit international.

Au mois de mars 2024, les représentants américains affirment au Congrès avoir approuvé plus de 100 ventes d’armes à Israël depuis le début du conflit. Celles-ci se poursuivent le 30 lorsque la Maison Blanche autorise des transferts d’armes vers Israël d’un montant de 2,5 milliards de dollars. Également, après avoir affirmé l’arrêt de l’envoi d’armes à ce dernier en cas “d’invasion majeure” de Rafah, Joe Biden confirme au Congrès une vente d’armes d’1 milliards de dollars, bien que l’invasion ait eu lieu. 

Dans le même temps, les Etats-Unis ont construit un port artificiel à Gaza, permettant l’acheminement de près de 500 tonnes d’aides alimentaires selon l’armée américaine.  

Aujourd’hui, au vu de l’extension du conflit vers le Liban, le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin a déclaré être convaincu de la “nécessité de démanteler les infrastructures d’attaque” du Hezbollah “le long de la frontière”. Quant à lui, Anthony Blinken, secrétaire d’Etat américain, exhorte Israël et le Hezbollah à l’arrêt des conflits au plus vite. Tout en affirmant que “la voie de la diplomatie peut sembler difficile à voir en ce moment, mais elle existe et, à notre avis, elle est nécessaire. Nous continuerons à y travailler intensément”. Même si celui-ci s’est rendu 10 fois dans la région pour vainement tenter de convaincre le Hamas et Israël de conclure un accord de cessez-le-feu.  

La voix de la diplomatie, pourtant refusée par les américains à maintes reprises au Conseil de sécurité de l’ONU depuis le 7 octobre 2023, et brandie en ce moment, pèse peu face à la nouvelle aide de 8,7 milliards de dollars. Parmi laquelle 3,5 milliards, déjà reçus, concernent du matériel militaire. Et 5,2 milliards destinés au renforcement des systèmes de défense aérienne et au système laser avancé. Les américains ont aussi voté contre une résolution visant à autoriser l’adhésion de l’Etat Palestinien aux Nations Unies le 18 avril 2024, qui n’a que le statut inférieur d’Etat non-membre observateur. 

Les lobbies au coeur de la politique américaine

Ce soutien sans faille de la part de Biden vient confirmer le poids important des lobbies sionistes dans la politique américaine. En effet, ces organisations sanctionnent les élus américains qui tentent de s’écarter d’une ligne pro-sioniste. En 2009 par exemple, lorsque Barack Obama, encore très populaire du fait de sa récente accession au poste de président des Etats-Unis, demanda à Israël de geler son expansion coloniale en Cisjordanie, l’Aipac (American Israel Public Affairs Committee) lui répondit au travers d’une lettre signée par 329 membres de la Chambre des représentants, afin de lui demander de présenter cette requête en privé. Obama comprit rapidement que le moindre désaccord avec Israël “se payait d’un prix politique dans [son] pays sans équivalent”, en comparaison avec “le Royaume-Uni, l’Allemagne ou la France”. Ainsi, ce poids important des lobbies contraint les élus américains à opter pour un soutien majeur envers l’Etat Hébreux. 

Toutefois, il semble que Mr Biden ait une certaine appétence pour la défense indéfectible d’Israël. Puisque lors de la campagne présidentielle de 2020, alors que des personnalités de gauche telles que Bernie Sanders ou Elizabeth Warren refusèrent de se présenter devant l’Aipac et exigèrent une mise sous conditions des aides accordées à Israël, Joe Biden jugea cette prise de position comme “absolument scandaleuse”. 

Cette dernière conduit de nombreuses ONG telles que Médecins sans frontières ou encore Human Rights Watch à dénoncer cette complicité. De même, 2 membres de l’administration Biden, Josh Paul et Tariq Habash ont démissionné au mois de janvier en opposition à ce soutien américain.  

Quelle est la position de Kamala Harris ?

A la lumière de ce “bilan”, un an après le 7 octobre, la candidature de Kamala Harris ne rassure pas quant à un arrêt du conflit. Membre de l’administration Biden, cette dernière n’a pas présenté de réelle inflexion au sein de celle-ci, et a donc joué un rôle particulier dans ce soutien à Israël. 

Déclarant que les Palestiniens devaient “accéder à leur droit à la dignité, la sécurité, la liberté et l’autodétermination” lors d’un entretien avec CNN, la candidate démocrate semble ainsi s’éloigner des positions des Républicains. Malgré un fort soutien de la jeunesse américaine, celle-ci se retrouve toutefois parmi les abstentionnistes fréquents et n’impacte donc que peu les positions des démocrates. En effet, des études ont été réalisées aux Etats-Unis concernant les élections nationales de 2018 à 2022. Celles-ci démontrent l’abstentionnisme élevé de ces jeunes générations, notamment aux élections de mi-mandat : en 2018, les moins de 30 ans n’ont représenté que 11% des votants et 10% en 2022. De même pour les élections présidentielles, cette génération reste celle qui y participe le moins. Ainsi, Kamala Harris pourrait compter davantage sur le soutien des indépendants et de républicains modérés pour remporter les élections présidentielles.

Cependant, la vice-présidente s’est faite remarquer à plusieurs reprises pour ses paroles de soutien à l’égard des Palestiniens et appelé à plusieurs reprises à un cessez-le-feu en échange de la libération des otages. La candidate a même exhorté Israël à augmenter son aide humanitaire et critiqué l’insuffisance de ces livraisons en faveur des civils. De plus, Kamala Harris s’est prononcée en faveur d’une solution à 2 États lors de la Conférence de Munich sur la Sécurité au mois de février 2024. 

Mais la candidate n’a pas oublié de continuer à s’engager en faveur de l’Etat d’Israël. Rappelant à son président Isaac Herzog “l’engagement de l’administration envers la sécurité d’Israël”. Cette position ambigüe vise ainsi à maintenir le soutien historique des Etats-Unis envers Israël, comprenant la livraison d’armes, et à affirmer un souci simplement moral à l’égard des massacres et de la souffrance des Palestiniens. 

Ainsi, bien que Kamala Harris ait présenté une position nuancée par rapport au reste de l’administration Biden, le doute prospère quant aux actions véritables qu’elle pourrait entreprendre. Comprenant bien les limites de ce “en même temps”, l’électorat démocrate paraît aujourd’hui divisé sur la question.

Les propositions du camp républicain

Le candidat Républicain Donald Trump n’a pas encore dévoilé de véritables mesures concrètes vis-à-vis du conflit, bien qu’il ne cesse d’affirmer son soutien à Israël au moyen de louanges. Celles-ci ne sont pas illogiques au vu de son précédent mandat durant lequel il a reconnu que Jérusalem était la capitale d’Israël, en y déplaçant l’ambassade américaine. Et en ayant reconnu la souveraineté de l’Etat hébreu sur le plateau du Golan, territoire qu’il occupe illégalement, selon la communauté internationale, depuis la guerre des Six Jours de 1967. 

Dans une stratégie électorale en vue d’obtenir le soutien des juifs américains principalement démocrates, Donald Trump a affirmé lors de la conférence annuelle de la Coalition juive républicaine à Las Vegas au début du mois de septembre “qu’Israël n’existera plus” si Kamala Harris devient présidente des Etats-Unis. En effet selon lui, cela aurait pour conséquence une “guerre incessante” menée par “les armées terroristes pour chasser les juifs de la Terre sainte”. Cette rhétorique de la peur est largement employée par l’ancien pensionnaire de la Maison Blanche, mais ne se complète pas par de réelles propositions d’actions quant au conflit. 

Le candidat a tout de même déclaré lors de cette même conférence qu’il soutenait “le droit d’Israël à gagner [la guerre]”, et ce “rapidement”. De même, il a soutenu que l’Autorité palestinienne n’était “pas l’amie” des Etats-Unis, et compte réduire le financement américain à son égard. Selon lui, la responsabilité de ce conflit incombe à Joe Biden et son administration. En effet, si celui-ci avait “été bon avec Israël, ils n’auraient pas été attaqués”. Sans expliquer concrètement la véracité de ces assertions qu’il assène depuis un certain temps. 

En somme, les propositions de Donald Trump concernant la libération de la centaine d’otages encore retenue par le Hamas (dont 5 américains), le rétablissement de la paix à Gaza ou encore le celui de relations stables entre Israël et ses voisins arabes restent floues ou inexistantes. Le candidat s’est jusqu’ici contenté de jeter des anathèmes sur ses opposants démocrates. 

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