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Une victoire historique pour l’extrême droite toujours isolée en Autriche

Le FPÖ obtient 28,8 % des voix aux élections législatives, mais se heurte à un blocage pour accéder au pouvoir

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Le Parlement à Vienne en Autriche - Getty Images
Le Parlement à Vienne en Autriche - Getty Images

Une percée électorale historique

Le Parti de la Liberté (FPÖ) a marqué l’histoire lors des élections législatives autrichiennes du 29 septembre en obtenant 28,8 % des suffrages. Ce résultat représente un bond impressionnant de près de 13 points par rapport au scrutin précédent en 2019, confirmant la montée en puissance de l’extrême droite en Autriche. Herbert Kickl, le leader du FPÖ, a célébré cette victoire avec enthousiasme lors d’un discours à Vienne, déclarant : “Ce que nous avons accompli dépasse mes rêves les plus fous.”

Cette performance électorale historique dépasse les prédictions des sondages, consolidant la place du FPÖ comme première force politique du pays. Le parti nationaliste, fondé par d’anciens nazis dans les années 1950, a su capitaliser sur un climat de méfiance envers les élites et l’immigration, dans un contexte de montée des mouvements populistes à travers l’Europe.

Un succès sans garantie de gouverner

Cependant, malgré cette victoire éclatante dans les urnes, Herbert Kickl et son parti ne sont pas assurés d’accéder au pouvoir. Le FPÖ se trouve en effet isolé politiquement, car aucun des principaux partis autrichiens ne semble prêt à former une coalition avec lui. Les conservateurs (ÖVP), dirigés par le chancelier Karl Nehammer, sont arrivés en deuxième position avec 26,3 % des voix. Face à la montée du FPÖ, Nehammer a exprimé la “déception” de son parti pour ne pas avoir réussi à contenir l’extrême droite.

Pour l’heure, les conservateurs rejettent l’idée de s’allier avec le FPÖ, tout comme les autres forces politiques majeures du pays. Une alliance avec le Parti social-démocrate (SPÖ), qui a obtenu 21,1 % des voix, et les libéraux de Neos (9,2 %) semble être l’option la plus envisageable. Un tel gouvernement de coalition à trois serait une première en Autriche, mais il pourrait être nécessaire pour barrer la route au FPÖ.

Le spectre du passé et le dilemme des alliances

Le FPÖ traîne une lourde histoire, étant marqué par ses origines liées au nazisme. Bien que le parti ait évolué au fil des décennies, cette ombre historique pèse encore sur sa capacité à s’imposer comme un acteur légitime au sein du paysage politique autrichien. Cette situation reflète également les tensions au sein de la politique européenne, où la montée de partis d’extrême droite dans plusieurs pays suscite des débats sur la nature de la démocratie et des valeurs européennes.

En Italie, par exemple, la victoire du FPÖ a divisé le gouvernement. Le ministre des Affaires étrangères italien, Antonio Tajani (Forza Italia), a exprimé des préoccupations sur la montée de l’extrême droite et rejeté toute résurgence néonazie, alors que Matteo Salvini (Lega), allié du FPÖ au Parlement européen, a salué avec enthousiasme ce résultat.

Quelle coalition pour l’Autriche ?

Avec le FPÖ en tête, la formation d’une coalition gouvernementale devient un casse-tête pour l’Autriche. Les conservateurs de l’ÖVP pourraient refuser de devenir un partenaire minoritaire dans un gouvernement dirigé par Kickl. En conséquence, ils pourraient opter pour une alliance avec le SPÖ et Neos, malgré les défis que poserait une telle coalition tripartite inédite.

La question de la direction politique de l’Autriche reste donc ouverte, mais une chose est certaine : la montée de l’extrême droite place le pays dans une situation délicate où l’avenir politique repose sur des choix d’alliances stratégiques. Pour le moment, Herbert Kickl et son parti doivent encore convaincre qu’ils sont capables de gouverner, alors que le reste de la classe politique cherche des solutions pour éviter un virage vers l’extrême droite.

L’Autriche se retrouve donc à un carrefour politique, avec des élections qui ont montré la force croissante du FPÖ, mais aussi les limites de sa capacité à gouverner dans un système où les alliances sont incontournables.

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