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Affaire Neymar : Darmanin, un accusé parmi d’autres

Le scandale mis au jour au mois de janvier 2024 concernant Gérald Darmanin se poursuit. En effet Médiapart a révélé ce dimanche 8 septembre des messages envoyés qui témoignent de l’implication personnelle de l’ancien ministre de l’Intérieur dans cette affaire.

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Getty Images

Alors qu’il était en charge des comptes publics au moment des faits (été 2017), le ministre démissionnaire est accusé d’avoir accordé un cadeau fiscal au club de la capitale qui ne souhaitait pas payer d’impôts ni de cotisations sociales sur ce transfert record de 222 millions d’euros. 

Mais Gérald Darmanin n’est pas la seule personne incriminée puisque son directeur de cabinet de l’époque, Jérôme Fournel, aujourd’hui directeur de cabinet du Premier ministre Michel Barnier, fait lui aussi l’objet d’accusations. Les 2 hommes n’ont pas encore souhaité répondre à celles-ci.

Toutefois, si cette affaire ne fait que commencer, il en existe une pléthore concernant des ex-membres et membres des gouvernements Macron depuis son arrivée au pouvoir en 2017. En effet, 26 membres du gouvernement et collaborateurs ont fait l’objet d’affaires politico-judiciaires. 

Voici d’abord celles n’ayant pas abouti à des poursuites. 

  • François Bayrou : Alors ministre de la justice au moment de sa mise en accusation, le maire de Pau a fait l’objet d’une enquête concernant des soupçons d’emplois fictifs d’assistants parlementaires au Parlement européen concernant son parti le Modem. 

Ces assistants auraient été rémunérés avec des fonds européens pour s’occuper d’affaires internes au parti. 

Durant son procès en automne 2023, le Haut-commissaire au plan encourait 30 mois d’emprisonnement avec sursis, 70 000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité avec sursis. Le tribunal correctionnel de Paris a décidé de le relaxer “au bénéfice du doute” ce 5 février dernier, condamnant toutefois 5 anciens eurodéputés du Modem à des peines de prison avec sursis. 

  • Jean-Michel Blanquer : L’ancien Ministre de l’Education nationale du premier quinquennat d’Emmanuel Macron fut accusé d’avoir accordé en 2019 une subvention de 65 000 euros au syndicat Avenir Lycéen. Ceci dans le but de soutenir sa réforme, alors contestée, du baccalauréat. Cette subvention, devant financer la tenue d’un congrès qui n’a pas eu lieu, a finalement été dilapidée en frais de bouche et hôtels de luxe. D’autant que la création de ce syndicat aurait été commandée par l’ancien ministre. 

Une plainte a donc été déposée par l’Union nationale lycéenne à son encontre pour “trafic d’influence”. Jugée irrecevable par la Cour de justice de la République en juin 2022. Toutefois, 3 des anciens dirigeants de ce syndicat ont reçu une condamnation pour “abus de confiance” à la fin de l’année 2023. 

  • François de Rugy : Ancien Ministre de la transition écologique et solidaire (septembre 2018 – juillet 2019), ses accusations portent sur sa période de présidence de l’Assemblée nationale (juin 2017 – septembre 2018). Durant celle-ci, l’homme au perchoir aurait organisé au moins “9 dîners informels” à l’hotel de Lassay, en compagnie de sa femme, de personnel et de mets particuliers. Les fonds publics utilisés pour l’occasion ont également servi à la rénovation d’appartements privés du couple, dans l’hôtel de Roquelaure (siège du ministère de la Transition écologique). Ces frais de rénovation sont portés à hauteur de 63 000 euros, dont 17 000 pour un dressing. 

Cependant, 2 rapports réalisés par le secrétariat général du gouvernement et le secrétaire général de l’Assemblée nationale ont démenti ces accusations. Le premier affirmant que les règles de la commande publique avaient été respectées. Et le second considérant que les dîners ne posaient “pas de difficulté particulière”. 

  • Eric Dupont-Moretti : L’actuel ministre de la justice et garde des sceaux aurait profité de cette nomination pour régler ses comptes avec 4 magistrats. Accusé en effet d’avoir essayé d’obtenir des sanctions disciplinaires concernant le juge Edouard Levrault et 3 autres magistrats. 

Le procès d’Eric Dupont-Moretti s’est ouvert le 6 novembre dernier devant la Cour de justice de la République. Cette juridiction est chargée de juger les crimes et délits des membres du gouvernement commis durant l’exercice de leurs fonctions. Il s’agissait néanmoins d’une première pour un ministre en activité. 

Si la CJR a fini par relaxer le garde des sceaux le 29 novembre, elle a toutefois déclaré que ce dernier était “en situation objective de conflits d’intérêts”, bien qu’il n’avait, selon elle, pas connaissance de ces faits. Enfin, la Cour de cassation a annoncé le 4 décembre 2023 ne pas former de pourvoi, rendant ainsi sa relaxe définitive. 

  • Olivier Dussopt : Ministre en charge du travail (2022-2024) durant la clivante réforme des retraites, Olivier Dussopt a été accusé de “favoritisme” dans le cadre d’un marché public de l’eau en Ardèche. L’ancien ministre fut alors maire de la commune d’Annonay au moment des faits en 2009. Il aurait ainsi tenté de manipuler un appel d’offres public sur la gestion de l’eau de la commune afin d’en faire bénéficier le prestataire sortant. Le patron la Société d’aménagement urbain et rural (SAUR), Olivier Brousse aurait lui aussi aidé à cette manœuvre. Mediapart a également révélé qu’ Olivier Dussopt aurait reçu de cette société 2 lithographies en 2017.

Ces révélations ont conduit à l’ouverture d’une enquête préliminaire du Parquet national financier en 2020. Si les lithographies n’ont pas été prises en compte par le PNF, Olivier Dussopt a tout de même été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris, qui a fini par le relaxer le 17 janvier 2024. 

  • Richard Ferrand : Ancien ministre de la cohésion des territoires (mai-juin 2017), l’ancien président de l’Assemblée nationale fut accusé dès 2017 de multiples conflits d’intérêts concernant la période où il était président des Mutuelles de Bretagne et vice-président du conseil général du Finistère, en 2011. Des informations rapportées par le Canard enchaîné révèlent qu’il a favorisé sa compagne au cours d’une opération immobilière concernant les Mutuelles de Bretagne. 

Une enquête préliminaire fut donc ouverte en juin 2017, classée sans suite par le parquet de Brest en octobre 2017 pour cause de prescription. Puis une seconde à Paris après la plainte avec constitution de partie civile pour “prise illégale d’intérêts” déposée par l’association luttant contre la corruption Anticor. Cette plainte à elle aussi conduit à une mise en examen de Richard Ferrand en septembre 2019, close également pour des raisons de prescription. 

  • Sylvie Goulard et Marielle de Sarnez : Ministre des armées et Ministre chargée des affaires européennes de mai à juin 2017, les 2 femmes ont été soupçonnées d’avoir organisé et participé durant plus d’une dizaine d’années au système d’emplois fictifs d’assistants parlementaires au Parlement européen du Modem. 

La première a finalement bénéficié d’un non-lieu en mars 2023. Concernant Marielle de Sarnez, son décès en 2021 a mis fin à sa mise en examen 

  • Nicolas Hulot : Premier ministre de la transition écologique et solidaire d’Emmanuel Macron (mai 2017-septembre 2018), l’homme fut accusé par plusieurs femmes de violences sexuelles. Le magazine Ebdo a affirmé en 2018 qu’une plainte pour viol a été déposée par Pascale Mitterrand, petite-fille de l’ancien président, en 2008. 

Une enquête a ainsi été ouverte par le parquet de Paris en 2021, finalement classée sans suite pour cause de prescription. 

  • Bruno Le Maire : Les accusations portées à l’encontre du ministre démissionnaire de l’Economie et des finances publiques concernent sa participation à la primaire de la droite en 2016. Le fait que son micro parti “Avec BLM” ait récolté 2 millions d’euros de dons a éveillé de nombreux soupçons quant à leurs origines. Un signalement a été porté par la Commission nationale des comptes de campagnes et des financements politiques (CNCCFP) en raison de factures non payées depuis 2016. 

Ainsi, en juin 2023, une enquête préliminaire a été ouverte afin de vérifier l’état de ces dons, et de déterminer si les factures des prestataires ont bien été réglées par le parti. 

C’est en décembre 2023 que l’affaire a été classée sans suite, pour “absence d’infraction”. Le parquet a donc exprimé qu’ “Il s’agissait en réalité de prestations dont la qualité, voire l’existence, avait été contestée, et pour lesquelles les créances d’abord déclarées, non réclamées, avaient fini par être prescrites”. 

  • Sébastien Lecornu : Précédemment à sa fonction de ministre des armées, Sébastien Lecornu fut président du conseil départemental de l’Eure et, dans le même temps,  administrateur rémunéré de la Société d’autoroutes Paris-Normandie (SAPN). Durant cette période (avril 2016-juin 2017), il a fait adopter pour son département, en prenant part au vote, quatre délibérations en rapport avec cette société. 

Le ministre démissionnaire a donc été visé par une enquête en 2019 du Parquet national financier pour “prise illégale d’intérêts” et “omission de déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique”. Le PNF a finalement reconnu en 2023 la culpabilité de Sébastien Lecornu pour “prise illégale d’intérêts”. Mais l’institution a néanmoins conclu qu’aucun élément de l’enquête ne permettait d’établir que M. Lecornu avait cherché à faire prévaloir les intérêts de la SAPN sur ceux du conseil départemental. Ni même à remettre en cause l’opportunité de ces opérations ou leur équilibre économique. Un classement sans suite de l’affaire a donc été annoncé par le PNF, après que Sébastien Lecornu ait remboursé ses 7 874 euros de jetons de présence. 

  • Chrysoula Zacharopoulou : 3 plaintes pour viol ont été déposées entre mai et juin 2022 à l’encontre de l’ancienne Secrétaire d’Etat chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux (mai 2022-janvier 2024). Gynécologue de formation, cette dernière aurait également commis des violences gynécologiques à l’encontre de ses patientes durant leur prise en charge. 

Le Parquet de Paris a donc ouvert une enquête, qu’elle a confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne. Celle-ci a été classée sans suite en mars 2023 pour motif d’infraction jugée insuffisamment caractérisée. 

Affaires en cours 

Si ces dernières affaires se sont terminées sans mise en cause, il en existe d’autres qui sont toujours en cours.

  • Damien Abad : L’ancien ministre des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées (mai-juillet 2022) a fait l’objet d’une enquête préliminaire pour tentative de viol par le Parquet de Paris le 29 juin 2022. Cette enquête fait suite au témoignage de Médiapart, dans lequel 2 femmes l’accusent de viol commit en 2010 et 2011. Une 3e accusation de viol fut également portée à son encontre de la part d’une élue centriste pour des faits remontant à la même période. 

Une information judiciaire a été ouverte contre lui le 21 juin 2023 pour “viol” et “tentative de viol”. Cette dernière est toujours en cours. 

L’ancien chef de file des députés LR a été écarté du gouvernement lors du remaniement du 4 juillet 2022. Il est resté député jusqu’à la dissolution du mois de juin 2024, alors battu lors des nouvelles élections par Marc Chavent. 

  • Agnès Buzyn : Ministre de la santé et des solidarités (mai 2017-février 2020), c’est pour sa gestion de l’épidémie Covid-19 que l’ancienne médecin a été mise en cause. 

En effet, c’est en 2021 que l’ex-ministre a été mise en examen pour “mise en danger de la vie d’autrui” à l’issue de son audition par des magistrats de la Cour de justice de la République. Les accusations portent sur le manque d’équipements de protection pour les soignants ou encore sur les erreurs concernant la nécessité ou non de porter des masques. 

La mise en examen d’Agnès Buzyn a été annulée par la Cour de cassation en janvier 2023. Mais l’enquête de la CJR se poursuit malgré tout et l’ex-ministre reste placée sous le statut de “témoin assisté”, pour “abstention volontaire de combattre un sinistre”.

Après son échec lors des élections municipales de Paris en 2020, Agnès Buzyn a été nommée conseillère maître à la Cour des Comptes par Emmanuel Macron en juin 2022. 

  • Caroline Cayeux : Ministre déléguée chargée des collectivités territoriales de juillet à novembre 2022, l’ancienne maire de Beauvais fait l’objet d’une enquête préliminaire depuis mars 2023 pour “déclaration de patrimoine incomplète ou mensongère” et “blanchiment de fraude fiscale”. En effet, alors qu’elle occupait cette dernière fonction, la Haute Autorité pour la vie publique et la transparence a relevé en 2021 une “forte sous-évaluation” dans sa déclaration de patrimoine concernant sa résidence principale parisienne. C’est au moment de son entrée au gouvernement que l’autorité administrative a relancé un “contrôle approfondi” de cette déclaration. Cette dernière a finalement saisi la justice en novembre 2022 en raison de ces sous-évaluations immobilières, de l’ordre d’ “environ la moitié de [leur] valeur globale”. 

Caroline Cayeux a reçu dans le même temps un redressement fiscal de l’ordre de 50 000 euros. Si au moment de sa démission du gouvernement cette dernière a manifesté son désaccord quant à l’évaluation de son patrimoine, elle l’a toutefois réévaluée à la hausse, la portant à 3,9 millions d’euros en janvier 2023. 

  • Rachida Dati : Actuelle ministre démissionnaire de la culture, Rachida Dati a été mise en cause par la justice dans le cadre de l’affaire Carlos Ghosn. En effet, des prestations ont été réalisées de sa part entre 2010 et 2012 pour le compte du patron de Renault-Nissan. Elle a ainsi touché pas moins de 900 000 euros d’honoraires afin de l’assister dans “la détermination de la conduite de la politique d’extension internationale” du groupe, “notamment dans les pays du Moyen-Orient et du Maghreb”. Les magistrats s’intéressent donc à la légalité de cette convention et si la somme correspond bien à des travaux qui ont eu lieu. Puisque, dans le même temps, l’ancienne Garde des sceaux exerçait les fonctions d’avocate et de députée européenne. 

De plus, Rachida Dati a également vu son nom être cité dans l’affaire des barbouzeries impliquant le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi. Le lobbyiste Tayeb Benabderrahmane, qui affirme avoir été emprisonné et torturé pendant 6 mois en raison de documents confidentiels concernant le président du PSG qu’il détiendrait, accuse l’avocate d’avoir joué les intermédiaires lors des négociations pour sa libération avec les autorités qataries. Selon ce dernier, elle aurait également fait preuve de duplicité” en “profitant” de son incarcération dans l’émirat pour leurs “intérêts” personnels. Le lobbyiste soutient aussi que la maire du VIIe arrondissement de Paris aurait reçu 600 000 euros de la part du Qatar lors de la campagne des élections municipales de Paris de 2020. 

Concernant l’affaire Carlos Ghosn, Rachida Dati a été mise en examen en juillet 2021 pour “corruption passive”, “trafic d’influence passif”, “recel d’abus de pouvoirs” et “recel d’abus de confiance”. Les investigations sont désormais closes et l’affaire reste en cours selon le PNF. 

Ensuite, Mme Dati a été blanchie par le conseil de l’ordre de Paris en décembre 2022 au terme d’une enquête déontologique concernant l’affaire qatarie. Mais les locaux de la mairie du VIIe arrondissement ont fait l’objet d’une perquisition en juin 2023 dans le cadre de l’information judiciaire ouverte. 

  • Nathalie Elimas : L’ancienne secrétaire d’Etat chargée de l’éducation prioritaire (juillet 2020-mars 2022) est accusée de harcèlement moral par des collaborateurs au sein de son cabinet. L’Inspection générale de l’enseignement supérieur et de la recherche a ainsi entamé une enquête administrative le 15 janvier 2022, débouchant sur un signalement à la justice. Puis, le Parquet de Paris s’est saisi de l’affaire en ouvrant une enquête préliminaire le 17 mars 2022, qui est toujours en cours. 

Après avoir le gouvernement le 5 mars 2022, Nathalie Elimas a repris son mandat de députée MoDem dans la 6e circonscription du Val-d’Oise jusqu’à la fin de la législature, en juin 2022, puisqu’elle a été battue par Estelle Folest aux élections législatives. Elle n’occupe donc plus que le mandat de conseillère régionale d’Ile-de-France. 

  • Agnès Firmin Le Bodo : Gros nom des gouvernements de Macron, elle a notamment occupé les postes de ministre déléguée auprès du ministre de la santé et de la prévention, chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé (juillet 2022-juillet 2023), ministre de la santé (décembre 2023-janvier 2024) et ministre chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé (juillet 2023-janvier 2024). Mais c’est au moment de sa nomination par intérim au ministère de la santé que Médiapart a révélé l’enquête préliminaire la concernant depuis juin 2023. En effet, la députée de Seine-Maritime aurait reçu des cadeaux non-déclarés de la part du laboratoire pharmaceutique Urgo au moment où elle était pharmacienne au Havre. Reçus entre 2015 et 2020, le montant de ces derniers avoisinerait les 20 000 euros. Pour se défendre de son infraction avec la loi “anticadeaux”, Agnès Firmin Le Bodo s’est défendue en affirmant qu’il “n’y a ni conflit d’intérêts, ni avantage en nature, ni cadeau, il y a des négociations commerciales”. 

Le laboratoire Urgo fit déjà l’objet d’une première enquête visant ses pratiques, qui proposait des cadeaux contre des renonciations à des remises commerciales. Cette pratique illégale aurait bénéficié à des milliers de praticiens. C’est pourquoi en janvier 2023, le laboratoire avait été condamné à une amende de 1,125 million d’euros, dont 625 000 avec sursis, par le tribunal correctionnel de Dijon. 

Ainsi, l’ex-ministre a été entendue en audition libre par les enquêteurs en janvier 2024, ainsi qu’une quarantaine d’autres pharmaciens mis en cause dans cette enquête. Elle est désormais sous la menace de sanctions disciplinaires de l’ordre des pharmaciens, de poursuites pénales passibles d’un an d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende, ainsi que d’un redressement fiscal sur les cadeaux non déclarés.

  • Laura Flessel : Ministre des sports de mai 2017 à septembre 2018, Laura Flessel aurait omis de déclarer des revenus liés à sa société de droits à l’image à la HATVP, selon Le Canard enchaîné et Médiapart. Plusieurs anomalies ont en effet surgi lors d’un contrôle fiscal effectué l’année précédente, en 2017.

Le dossier de Mme Flessel a été remis à la commission des infractions fiscales qui doit décider ou non d’un signalement à la justice pour “fraude fiscale”. On ignore depuis si cela a été fait et si une enquête pénale est en cours. 

  • Alexis Kohler : Secrétaire général de l’Elysée depuis le premier mandat de Macron, l’homme est rattrapé en 2018 par des soupçons de conflits d’intérêts. Selon Médiapart il aurait masqué ses liens familiaux avec les principaux actionnaires de l’armateur MSC. Le problème étant qu’il aurait influencé les décisions publiques concernant le groupe, lorsqu’il était à l’agence des participations de l’Etat (2010-2012) puis conseiller ministériel à Bercy (2012-2016). Le bras droit du président fut également le directeur financier de MSC durant la période 2016-2017. 

L’association Anticor a ainsi déposé plusieurs plaintes à son encontre pour “prise illégale d’intérêts”, “trafic d’influence”, “corruption passive”, “faux et usage de faux” et “omission substantielle de ses intérêts”. Une première enquête, préliminaire, a été ouverte par le PNF au début de cette affaire, mais classée sans suite à l’été 2019. Elle est relancée l’année suivante en raison d’une nouvelle plainte déposée par Anticor, cette fois-ci avec constitution de partie civile. Ce qui a abouti à la mise en examen d’Alexis Kohler pour “prise illégale d’intérêts” en septembre 2022. Le Parquet national financier doit désormais se prononcer sur un possible renvoi devant le tribunal correctionnel.

  • Muriel Pénicaud : Ministre du travail de mai 2017 à juillet 2020, c’est pour son rôle au sein de la structure Business France que Muriel Pénicaud est mise en cause. Le Canard enchaîné révélait déjà fin 2017 que cette dernière a fait l’objet de 671 infractions au code du travail sur une période de 12 mois, soit 2 par jour, au moment où elle dirigeait cet organisme. De plus, ce dernier a signé en 2015 un contrat avec l’entreprise de communication Havas pour organiser une soirée avec Emmanuel Macron. Ce contrat de 500 000 euros fut signé sans appel d’offres préalables, chose obligatoire pour l’attribution de marchés publics d’un tel montant. 

Un rapport fut réalisé par l’inspection générale des finances, relevant un possible “délit de favoritisme” et des “dysfonctionnements”. Puis, une information judiciaire a été ouverte en 2017 par le parquet de Paris. Muriel Pénicaud a finalement été mise en examen en décembre 2023 pour “complicité de favoritisme”. 

  • Marlène Schiappa : Secrétaire d’Etat chargée de l’économie sociale et solidaire et de la vie associative (juillet 2022-juillet 2023), ministre déléguée chargée de la citoyenneté (juillet 2020-mai 2022), secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes (mai 2017-juillet 2020), Marlène Schiappa fut mis en cause dans l’affaire du “Fonds Marianne”. Ce fonds, créé à la suite du meurtre de Samuel Paty, visait à subventionner les associations qui luttent contre les discours “haineux et séparatistes”. Doté de 2,5 millions d’euros, celui-ci aurait été détourné pour attribuer des subventions à des associations injustifiées. 

Une information judiciaire a ainsi été ouverte en mai 2023 par le PNF, pour “détournement de fonds publics par négligence”, “abus de confiance” et “prise illégale d’intérêts”. 

Condamnations 

Enfin, si il ne s’agit pour l’instant que d’affaires classées sans suite ou qui restent en cours, d’autres ont mené à des conclusions plus importantes. 

  • Jean-Paul Delevoye  : Lors de son entrée au gouvernement en tant que Haut-commissaire aux retraites (septembre 2017-décembre 2019), l’ancien sénateur a enfreint les règles concernant les conflits d’intérêts, en continuant à être rémunéré par le think-tank Parallaxe. De plus, sa déclaration d’intérêts déposée auprès de la HATVP s’est révélée très incomplète, omettant plusieurs mandats et sous-estimant certaines rémunérations. 

L’affaire révélée par Le Parisien en décembre 2019 a entraîné la démission de Jean-Paul Delevoye de sa fonction de Haut-Commissaire. Ce dernier a même proposé de rembourser les sommes perçues durant son passage au gouvernement et a corrigé ses manquements en remplissant une nouvelle déclaration d’intérêts. La HATVP a tout de même saisi la justice pour “abus de confiance” et “abus de biens sociaux”

Le tribunal correctionnel a ainsi décidé le 2 décembre 2021 de sa condamnation à 4 mois de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende. 

  • Alain Griset : Ministre délégué chargé des PME (juillet 2020-décembre 2021), il fut accusé d’avoir atténué la valeur de son patrimoine dans sa déclaration d’intérêts auprès de la HATVP en août 2020. Il aurait alors dissimulé un plan d’épargne en actions (PEA) d’une valeur de 170 000 euros, dont 130 000 qui appartiennent à une organisation professionnelle qu’il dirige depuis 1991. Mais aussi des “participations directes” dans plusieurs sociétés, notamment la Française des jeux et Natixis. 

Le chef d’entreprise a ainsi été condamné en 2021 à 6 mois de prison avec sursis et 3 ans d’inéligibilité avec sursis pour avoir déclaré « de manière incomplète ou mensongère » sa situation patrimoniale et ses intérêts à la HATVP. 

De plus, Alain Griset a été condamné en 2022 par le tribunal correctionnel de Lille à un an d’emprisonnement avec sursis et trois ans d’inéligibilité avec sursis pour “abus de confiance” et “faux et usage de faux”, en raison des 130 000 euros placés sur son PEA qui ne lui appartenaient pas. 

De nombreux membres des gouvernements Macron ont fait l’objet d’accusations durant ses mandats

Si il n’en existe pour l’instant que 2 qui ont connu des condamnations, il est possible que d’autres subissent le même sort. Ces cas de “délinquance en col blanc” n’arrangent rien au déficit de bonne opinion concernant les hommes politiques, et creusent le fossé qui les sépare toujours plus des citoyens. 

Enfin, toutes ces affaires viennent éroder la confiance des citoyens français envers leurs institutions. En effet, des sondages réalisés en février 2024 par Opinionway et le Cevipof pour Sciences Po se rapportant au niveau de confiance de ces derniers présentent des chiffres inquiétants.  

Parmi ceux-ci, celui concernant le niveau de confiance d’un échantillon de 3 514 individus français indique que seulement 30% des sondés ont, de manière générale, confiance dans la politique. Ainsi, 46% n’ont plutôt pas confiance et 24% pas du tout. De manière plus précise, la confiance semble s’étioler à mesure que le niveau de représentation devient national. Par exemple, 59% de cet échantillon a confiance envers son conseil municipal (9% “très confiance” et 50% “plutôt confiance”), ainsi que 51% (5% “très confiance” et 46% “plutôt confiance”) et 49% (5% “très confiance” et 44% “plutôt confiance”) pour les conseils départementaux et régionaux.

Toutefois, le Sénat présente un faible taux de confiance de 35% (4% “très confiance”, 31% “plutôt confiance”, 35% “plutôt pas confiance” et 27% “pas du tout confiance”, 3% de “nsp”). De même, l’Assemblée nationale présente un taux de confiance de 29% (4% “très confiance”, 25% “plutôt confiance”, 38% “plutôt pas confiance” et 31% “pas du tout confiance”, 2% “nsp”) et le gouvernement seulement 28% de confiance (4% “pas du tout confiance”, 24% “plutôt confiance”, 31% “plutôt pas confiance” et 39% “pas du tout confiance”, 2% “nsp”). 

Le nouveau Premier ministre Michel Barnier aura donc pour mission (parmi toutes les autres) de tenter de renforcer cette confiance affaiblie par de nombreux scandales.

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